Sacré Florent. Toujours le mot pour rire. Bon, il n'a toujours pas sorti la version "Original London Cast Recording" de l'adaptation du Code des Impôts (orchestrations de John CAMERON), mais il a quand même réussi à nous faire sourire pour cet album de 2017 : "ouais man, j'ai voulu me réinventer, sortir de ma zone de confort, alors j'ai travaillé avec Maitre GIM'S".

Ca y est ? C'est bon, SOS Médecins est passé, il vous a fait une manoeuvre de Heimlich, vous avez réussi à cracher l'os de poulet bêtement ingurgité pendant votre fou rire ? Bon, si vous n'êtes pas mort, n'allez pas au 14 et continuons ensemble. Donc, PAGNY meets Maitre GIM'S pour sonner djeunz et in zeu wind. Le résultat ? Le premier single, "Le Présent d'Abord". C'est mignon. C'est gentounet. C'est écoutable, franchement. Mais les paroles sont niaises et la scansion complètement aux fraises (on ne va tout de même pas demander à Lionel FLORENCE de faire des efforts !), la vocalise d'opéra sur le refrain un peu forcée, les choeurs bolchéviques borderline kitsch, et surtout, mais surtout, elle attend que le monde change, elle attend que changent les temps !!! C'est CA, "sortir de sa zone de confort", "rajeunir son style", "travailler avec les talents de demain" ? Eh ben ça donne envie...

Passé ce premier choc, on découvre un album assez inégal, qui n'est pas foncièrement mauvais mais souffre de trop ou de trop peu. PAGNY est toujours tiraillé entre ses envies de voyage et son ancrage dans la chanson française post-80s, et le mélange des deux tombe parfois à plat. Les chansons s'enquillent sans réelle saveur, très voire trop vite - et, ceci dit, sans déplaisir non plus. Des chansons comme "Entre Mes Lignes" ou "Immense" sont par exemple pas mal faites, tout est réuni pour plaire, mais la sauce ne prend pas (bien qu'"Immense" aurait pu fonctionner : il aurait suffit de rajouter une vraie caisse claire sur la reprise). "Gandhi" se perd un peu entre une intro inutile et une chanson qui possède une identité mais n'ose pas l'affirmer (avec des arrangements qui ne la servent pas). Pire, de vrais ratages sont à déplorer : "Je Veux En Voir Encore" est typique des chansons néo-réalistes contemporaines ("oh là là la vie c'est dur mais heureusement je tiens le coup grâce à mes amis, ma famille et la comptable de ma maison de disques", du CLAUDIO DELAVEGA GIRAC dans le texte). Si "l'Age de Raison", second méfait du tandem Maître GIM'S / Dany SYNTHE, est plutôt mignonne avec son hispanisme facile mais efficace (et au léger parfum Cubain), "C'est Peut-Être" est crucifiée juste derrière : c'est roboratif, le style espagnol deux chansons de suite lasse, et la guitare du refrain est fausse : à la benne.

On rajoute que la chanson de fin, "Dessine", joue la carte piano/voix sans réelle raison et sans sembler appartenir à l'album, malgré ses qualités, et on dirait que voici un ratage, mais Florent n'est pas homme à se laisse abattre (NDLR : Si c'est un jeu de mot sur la fiscalité, il est honteux). "Je Connais Personne" fonctionne très bien, et surtout le second single, "La Beauté du Doute", est enfin un vrai tube certifié, beau refrain, arrangements nickels, du pur PAGNY de la meilleure heure. De quoi remonter dans notre estime. Se posent après écoute deux questions : la première, c'est quelle trace cet album mineur laissera dans sa carrière et dans notre discothèque ; à mon avis elle ne sera pas profonde. La seconde, plus délicate, surtout quand on écoute la réussie intro de "l'Age de Raison", c'est la place du tandem GIM'S / SYNTHE dans la carrière des chanteurs de variété française pop-rock : les p'tits gars semblent plus doués et plus efficaces ici que sur leurs propres euh..... on va dire "disques" pour rester poli. Et l'identité dans tout ça ? Et l'intégrité ? Hein ? Qu'est-ce que vous dites, Doc ? "On s'en balance" ? Ouais, t'as raison.

Note finale : 2,5/5.