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GOSPEL  |  COMPILATION

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The GOSPELAIRES OF DAYTON - Moving Up The Early Years 1956-1965 (2017)
Par LE KINGBEE le 8 Mars 2018          Consultée 1989 fois

Si nous devions réaliser un quiz ou un questionnaire du genre micro trottoir sur le Gospel, la plupart des gens risquerait de citer : Sister Rosetta Tharpe, Mahalia Jackson, le Golden Gate Quartet, les Blinds Boys of Alabama et leurs confrères du Mississippi, les Soul Stirrers ou bien encore les Staples Singers avec un peu de chance, les plus férus proposeraient Clara Ward, Edna Gallmon Cooke, les Dixie Humming Birds, les Pilgrim Travelers, les Swan Silvertones, le Révérend Gary Davis, le Professor Harold Boggs ou Brother Joe May.
Il est aussi probable que certains proposeraient des noms liés à la Country Gospel ou au Gospel Country : Carter Family, Carl Story, Molly O’Day, le Chuck Wagon Gang ou l’Oak Ridge Boys. Ne croyez pas que je me moque, le Gospel ne fait pas partie de notre culture ! D’autres groupes bien de chez nous devraient remporter, haut la main, les suffrages des interviewé : Les Petits Chanteurs à la Croix de Bois, Les Petits Chanteurs d’Asnières et leurs dérivés Poppys, Nicoletta, le regretté John Williams, Family One, une troupe issue de la Fondation d’Auteuil, sans oublier Mireille Mathieu (pour cette dernière, j’ironise).

Les GOSPELAIRES of DAYTON, OHIO ne font pas partie des groupes phares du Gospel. A première vue, le nom de cette troupe peut paraitre curieux. Mais durant l’Age d’Or du Gospel, un nombre incalculable de petites formations vont voir le jour. Chaque bourgade avait son groupe, souvent issu d’une paroisse locale, et on ne compte plus le nombre de singles enregistrés par les ensembles baptistes et méthodistes sur de petits labels indépendants. Très souvent, la notoriété de ces petits ensembles ne dépassait pas la frontière de leur conté respectif, raison pour laquelle on ajoutait à leurs noms leurs villes d’origine.

Nos Gospelaires sont issus de Dayton, une mégapole industrielle à mi-chemin entre Cincinnati et Columbus, patrie de l’athlète Edwin Moses, de John Scofield ou bien encore des Mills Brothers. La troupe se forme en 1954 sous la houlette de Melvin Pullen. Le sextet se produit dans le circuit des groupes évangélistes et participe en 1956 à une tournée célébrant le 15ème anniversaire de la carrière de Professor Harold Boggs, célèbre chanteur non voyant. C’est à cette période que la troupe met en boite son premier single publié par le label texan Avant Records. La troupe de Dayton devra attendre 1957 pour voir grimper sa notoriété, suite à son engagement chez Peacock Records, firme dirigée par Don Robey qui permet au groupe d’être distribué sur une grosse partie du territoire. De 1957 à 1968 les Gospelaires enregistreront 21 singles et 4 albums pour Peacock (En 1973 le groupe enregistrera un 5ème disque pour le label dans un registre Soul Funk).
La formation se produira en Europe en 1966, passant au Festival d’Antibes et à Paris où elle accompagne John Williams. En 1976, suite au rachat de Peacock par ABC Dunhill, le groupe atterrira chez Savoy Records et dans les années 80 chez le label de Floride Miami Gospel Sound.

Nous devons cette anthologie au label Gospel Friends, une petite maison d’édition spécialisée dans la réédition de Gospel. Le suédois Per Notini, ancien pianiste et chanteur de Blues durant les sixties et fondateur du label Route 66, nous propose ici un excellent éventail avec 29 faces enregistrées entre 1956 et 1965*, le CD est agrémenté d’un excellent livret intérieur de 9 pages. Chose assez rare pour être signalée, le compilateur respecte ici une chronologie claire et judicieuse.

Le recueil s’ouvre avec les deux titres mis en boite par Jimmie Avant, présentateur d’une émission radiophonique religieuse basée à Cincinnati et patron du label Avant. Ces deux titres s’inscrivent dans la tradition des quartets de l’époque avec voix de tête, chœurs, voix de basse et accompagnement minimaliste. « Some People Never Stop To Pray » se rapproche étrangement du « Another Soldier Gone » enregistré par les Violinaires de Detroit trois ans avant pour le label Drumond. Les 27 pistes suivantes sont consacrées à des faces gravées pour le Label Peacock, le compilateur reprenant 18 titres issus de singles. On retrouve ici de la balade : « Just Faith », « How Much Longer », « They Followed Jesus », ou « They Won’t Believe In Me » dans lequel Melvin Pullen et Robert Washington invitent l’auditeur à garder la foi sous prétextes de menaces prophétiques. Les appels à Dieu font bien sur partie intégrante du répertoire. « It’s A Pity » s’annonce comme une prière dans laquelle la voix de Paul Arnold demande aux gens de rester fidèles au Seigneur à une époque où le monde semble partir en couille. La troupe ne se cantonne pas dans une litanie ou un tempo répétitifs, on n’a le droit à quelques « lining out » ou « call and response », dans lesquelles le chanteur leader énonce une phrase que reprend la troupe, de manière à renforcer la transe : « I’ll Be So Glad » qui prend une teinte à mi-chemin entre le shuffle et le rustique est un bel exemple. « Trouble No More » s’annonce comme un chant de prêcheur, énoncé par Robert Washington et repris crescendo par le chœur.

Si le groupe reprend quelques sujets issus de la Bible, le thème de la « Mère » figure dans plusieurs titres : « Mother’s Journey », « Motherless Children » composition de Blind Willie Johnson et futures reprises réarrangées de Steve Miller band, Eric Clapton, Lucinda Williams ou Rosanne Cash. Autre titre dédié à « La Mère » et la vie éternelle avec « Rest For The Weary », titre encore chanté dans les écoles de Gospel. Si les Gospelaires demeurent les principaux pourvoyeurs de leur répertoire, le groupe arrange à sa sauce une poignée de classiques issus du Gospel : l’énergique « Moving Up » est une variante du « Walking Up The King’s Highway » du prolifique Thomas Dorsey, chanson reprise par Sister Rosetta Tharpe, Candi Staton ou Loretta Oliver. Terminons ce bref panorama avec « You Can’t Make Me Doubt Him », un boogie gospel avec piano batterie mettant en valeur la voix de Paul Arnold. Ce titre sera transformé en version Soul par le chanteur Bunker Hill (David Walker) sous l’intitulé « You Can’t Make Me Doubt My Baby », le chanteur remplaçant Jésus par une petite amie, choix peut être plus inspiré ? Autre bonne pioche avec « C’Mon » chanté par Charles McLean, un nouvel arrivant de 17 ans, pour un Gospel Rock n Roll en droite ligne avec certains titres des Isley Brothers. Autre titre vitaminé avec « Ride This Train », morceau servant de générique à l’émission « TV Gospel Time » et qui connaitra un succès fulgurant en... Australie via la reprise de Judy Jacques, une chanteuse de Gospel Dixieland qui avait apparemment su prendre le bon wagon.

Contrairement à ce qu’annoncent certains média, il ne s’agit pas à vraiment parler de la première compilation consacrée au groupe. Mobile Fidelity Sound Lab avait publié « Bones In The Valley / Can I Get a Witness » issu de deux albums Peacock avec 26 titres. Comme à l’accoutumée, Per Notini nous propose ici une anthologie soignée bénéficiant d’un excellent dépoussiérage sonore. Les Gospelaires se montrent efficaces avec des titres dans la pure tradition du Gospel Sixties, celui des quartets, quintets ou sextets mis sur le devant de la scène par des labels comme Specialty, Savoy, Nashboro, King, Federal, Gospel Corner et consorts. Tour à tour, le groupe nous plonge dans des mélodies douces souvent dédiées au Seigneur mais aussi sur des tempos dans lesquels les chants et incantations frôlent souvent l’hystérie et la transe. Un disque aux rythmes envoutants, il n’est pas nécessaire d’être grenouille de bénitier ou cul-bénit pour se trémousser au son de ces incantations évoquant le triste quotidien de la population noire avec des chants gorgés d’espoir. Signalons pour conclure que la chronologie des pistes permet de situer l’évolution du groupe tant au niveau des arrangements que des instruments nouveaux qui apparaissent au fil des années.

*Le titre « Motherless Children » paru sur le single Peacock 3091 a été enregistré en 1966, une petite erreur par rapport au sous titre de la pochette, avouons qu’il n’y a là pas mort d’homme. De la line-up d’origine, seul Melvin Boyd est encore de ce monde, les autres ont peut être rejoint Dieu et le Paradis, allez savoir.

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   LE KINGBEE

 
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- Robert Washington (chant 1-2-3-4-5-6-8-9-10-12-13-15-17-18-19-20-21-2)
- Melvin Boyd (chant 11-14-16-, choeurs)
- Paul Arnold (chant 7-10-27, choeurs)
- Charles Mclean (chant 28)
- Jimmy 'jay' Hawkins (choeurs 28)
- Melvin Pullen (choeurs)
- Frank Peoples (choeurs)
- Robert Lattimore (choeurs, guitare 25-28)


1. We Are Marching Together.
2. Some People Never Stop To Pray.
3. Just Faith.
4. Sit Down Children.
5. How Much Longer.
6. They Don't Understand Me.
7. It's A Pity.
8. Let's Pray.
9. Moving Up.
10. I'll Be So Glad.
11. When I Rise.
12. He Heard Me Cry.
13. I've Got It.
14. Mother's Journey.
15. Joy, Joy, Joy.
16. I Didn't Know.
17. On My Way To Glory.
18. My Work Was Not In Vain.
19. Wonderful Jesus.
20. Trouble No More.
21. They Followed Jesus.
22. They Won't Believe In Me.
23. Rest For The Weary.
24. You Can't Make Me Doubt Him.
25. C'mon.
26. Ride This Train.
27. The Last Days.
28. Motherless Children.
29. Search Me Lord.



             



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