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La SOURIS DEGLINGUEE - Granadaamok (1997)
Par NESTOR le 8 Mai 2018          Consultée 1471 fois

Ses deux excellents albums précédents ayant été l’occasion pour LA SOURIS DEGLINGUEE de redéfinir les contours de ses horizons musicaux, ce Granadaamok était attendu de pied ferme. Il suscitait une interrogation légitime : le groupe allait-il nous proposer un nouveau contrepied en modifiant une nouvelle fois son style musical ?
La réponse est clairement « non ». En effet, derrière ce néologisme, né du mariage de "Ford Granada" et de "Amok" (fou à lier en malais, et peut-être une référence au livre Amok de Stephan Zweig), ou trouve un disque qui s’inscrit résolument dans la ligné de Tambour Et Soleil (1996) et qui, de ce fait, instaure une stabilité artistique qui n’était plus de mise depuis bien longtemps. Tout au plus pourrait-on lui trouver un caractère légèrement plus pêchu que ce dernier, sentiment relayé par un son plus rêche, bien que très puissant.
Mais la grande différence est que ce Ganadaamok est un tantinet plus inégal et moins charmeur que son devancier. La raison est probablement à rechercher dans le fait que le succès (relatif) de leur précédant opus a incité le groupe à lui donner une suite dans des délais très courts. Mais attention: par inégal, il faut comprendre qu’aux côtés d’une très faible minorité de titres sympathiques, on trouve surtout du très, très bon. Et par moins charmeur, il faut entendre, plus rythmé, et moins éthéré que ce que l’on pouvait trouver sur le précédent album.

Comme indiqué précédemment, il y a de très nombreuses petites perles dans ce neuvième album, à commencer par l’irrésistible "Sex Shop" et son refrain imparable dont le texte marie avec bonheur humour et fresque sociale. Au rayon des bonnes surprises, on peut également citer le très rock’n'Roll chaloupé "Drelon" qui évoque la découverte des musiques métissées du Londres au milieu des années 70. Deux morceaux dans lesquels les cuivres sont à l’honneur. Ou encore, "La Fin des Années 70", une sorte d’OVNI Dadaïste dont la structure s’apparente un peu au "Banzaï" de l’album du même nom, à savoir une chanson énumérative, portée par une voix dépouillée de toute émotion, qui déclame une suite sans fin de phrases aussi insolites et crues qu’ensorceleuses. Difficile de savoir si nous sommes ici dans un exercice de style prônant l’autonomie du beau ou dans l’improvisation. Mais passé une première écoute assez déstabilisante, la magie opère.
"Hong-Kong" et "Viêt-kieu" (terme désignant la diaspora vietnamienne) sont également à classer parmi les titres marquants des rongeurs.

Nous trouvons également deux titres ouvertement mainstream avec "Dans le Ciel de l'U.R.S.S." et "Si J’avais une Machine", qui évitent (de peu) de sombrer dans le gnangnan, du fait de refrains, et surtout de chœurs, à la limite du mielleux. "Nabou", et ses rythmes reggae, n’est pas loin de rentrer également dans cette catégorie de chansons qui auraient pu bénéficier d’un traitement un tantinet plus radical, plus rugueux.

Mais une fois de plus, le charme des paroles et la qualité des ambiances qui habillent et habitent ces onze titres sont tels que l’on se laisse assez rapidement conquérir par ce bon album qui avait incontestablement le potentiel pour devenir un très grand cru avec quelques mois de maturité supplémentaire. Une période de décantation plus longue aurait certainement permis à ce Granadaamok d’exhaler des parfums un peu plus corsés et d’atténuer le sentiment de facilité qui affleure parfois. Un très bon album mais qui, du fait de l’éclat de son prédécesseur, peine un peu à s’imposer.
Vraiment très bien, mais peut encore mieux faire.

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   NESTOR

 
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- Cambouis (batterie)
- Muzo (chant, saxophone)
- Pedro Gonzales (trompette)
- Rikko (guitares, basse)
- Taï Luc (chant, guitares)
- Thierry Mathieu (chant, saxophone)


1. Granadaamok !
2. Hong-kong
3. Viêt-kieu
4. Nabou
5. Drelon
6. Dans Le Ciel De L'urss
7. Gretel
8. Sex Shop
9. Si J'avais Une Machine...
10. Liza
11. We Lose To Win
12. La Fin Des Années 70’



             



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