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1971 Catharsis

CATHARSIS - Catharsis (1971)
Par LE KINGBEE le 13 Octobre 2018          Consultée 1379 fois

Ce premier jet du groupe CATHARSIS voit le jour grâce à Saravah, une petite maison d’édition fondée par Pierre Barouth et Francis Lai. Outre Pierre Barouth conforté par l’improbable succès de la bande-son du film « Un Homme et une Femme », d’autres auteurs font les beaux jours du label : Nicole Croisille, Jean Roger Caussimon, Brigitte Fontaine, Jacques HIGELIN pour ne citer que les principaux. Pas de quoi révolutionner l’industrie du disque, rien en rapport avec les succès du moment, ceux que la terre entière nous envie : « Les Rois Mage » (Sheila), « Non, Non Rien a Changé » (Poppys) ou « Mamy Blue » de Nicoletta⃰.

Nous sommes en 1971 et la première galette de CATHARSIS connaît un étonnant succès par l’entremise de « Masq », titre servant brièvement d’indicatif à l’émission radio d’Europe 1 « C’est ma Planète » animée alors par Xavier Gélin, fils de Daniel. Enregistré à l’ETA Studio à Paris, propriété de Robert Gaffinel, un futur producteur de vin, ce disque voit l’entrée en liste d’un jeune ingénieur du son Dominique Blanc-Francard et d’un tout jeune producteur Hervé Bergerat. Ce dernier vient de faire ses gammes sur le label l’Escargot et aux éditions Sibecar, deux petites firmes qu’il quitte pour signer CATHARSIS. Jeune mais avec du nez, Bergerat a de qui tenir puisque son père n’est autre que Claude Dejacques, ancien directeur artistique de VIAN, BARBARA, NOUGARO, CROISILLE, LAPOINTE et Yves SIMON. Petit studio parisien, l’ETA enregistre quelques artistes à contre courant : GONG, Ann SYLVESTRE, de nombreuses formations de Jazz et des ensembles de musiques insolites flirtant entre découverte et expérimentations.

Cet album éponyme ♠ ne comporte que quatre pistes, deux par face. CATHARSIS n’est pas adepte de titres courts pouvant passer sur les ondes. Le groupe a des choses à raconter, mais le fait sans élever la voix, sans parole, un peu à la manière d’un chant religieux ou d’un psaume murmuré comme au bord de la transe. « Masq », titre d’ouverture, retient l’attention des programmateurs radio de l’époque avec une mélodie qui parvient à accrocher les oreilles. Le titre dépassant les 6 minutes, une version single de moins de 3 minutes est créé pour les besoins de la radio et aussi pour des raisons financières.
Des percussions métronomiques entre parade militaire et battements tribaux servent d’intro à « 4 Art 6 », la voix de Charlotte Boutillier apporte un cachet au titre, sonnant comme un long cantique. Les claviers hégémoniques associés à des instruments aussi excentriques qu’improbables (crécelle, glockenspiel parfois appelé harmonica de verre, scie, charango, cloches) marquent les esprits. Les sons d’une guitare, de diverses clochettes, d’un piano à la sonorité baroque, se mélangeant dans un désordre le plus total, laissent place à une mélodie léthargique dans laquelle la scie musicale nous caresse le visage, tel le vent, pour nous plonger dans une sorte d’étonnante léthargie où s'engouffrent des chœurs ambigus pour finir sur une sorte d’extase sexuelle. Ce titre avoisinant les 9 minutes voit lui aussi apparaître sa version single qui ne connaît guère de succès à la radio.

La face B s’ouvre sur « Cantique », une longue mélopée de 7 minutes dans laquelle on croirait entendre les psalmodies d’une bande de druides. Si le titre oscille longtemps entre bonheur et désespoir, joie et tristesse et même douleur, il se termine sur une impression de grande quiétude. Changement de cap avec « Tunnel Extatique » où l’intro d’orgue et de guitare laisse place à une guimbarde bientôt remplacée par un déluge d’orgues, de guitares et de tambourins débouchant sur une ambiance voguant entre médiéval et danse paysanne pour se conclure par une transe psyché sur laquelle planent tous les sentiments de l’âme humaine.

Lors de sa sortie, certains critiques font le parallèle avec « Ummagumma », œuvre de PINK FLOYD probablement parmi les moins abordables du groupe, certainement dans un soucis de toujours tout cataloguer. Si CATHARSIS, de par son nom, ne peut qu’évoquer des propriétés purgatives, le groupe demeure, hormis des chœurs et des psalmodies s’apparentant bien souvent à des vocalises gorgées d’ésotérisme et d’onirisme, un groupe quasiment instrumental. Cette formation étonnante déverse ici des fragrances inhabituelles qui peuvent s’avérer déroutantes. Pour résumer, on a là un cocktail extravagant constitué de 10 % de MAGMA, un zeste de Rock Prog. tendance « Ummagumma », une pointe du futur DEAD CAN DANCE pour 80% d’une musique avant-gardiste flirtant avec la catalepsie et la transe instrumentale engourdissante. CATHARSIS se révèle ici un excellent thérapeute capable de libérer des émotions refoulées, un expert en extériorisation de sentiments. Reste à savoir dans quel domaine ranger ce disque devenu culte : Pop Synthé, Avant-garde, Purgatoire Psyché ? Peu importe mais le nom du groupe oriente le répertoire vers le New Age. Si certains passages peuvent paraître datés, ce disque culte s'écoute aujourd'hui avec plaisir et curiosité.

Après l’épopée CATHARSIS, la plupart des membres disparaissent des écrans radars. Charlotte Boutillier fonde avec son mari Jean-Pierre, le dessinateur de la pochette, une maison d’édition. Yves De Roubaix enregistre une poignée de singles sans grand intérêt avec en point d’orgue l’hymne officiel de l’Euro de Football 1984. Roland Bocquet enregistre lui aussi quelques singles dont « Le Flipper amoureux », un titre humoristique dans la mouvance de SPACE, avant de se lancer dans la musique de film et de série télé. Niles Brown a ressurgi en 2018 avec Barst, tandis que Charles Eddi embrasse une riche carrière d’ingénieur du son. Dernièrement, une célèbre entreprise de commerce électronique proposait la version CD entre 200 et 425 €, alors que le vinyle d’origine se négocie entre 20 et 30. L’hégémonie de certaines plateformes vendeuses est financièrement et artistiquement préoccupante, mais c’est là un autre débat.

⃰ Il ne s’agit que d’exemples, il doit y avoir bien pire. Concernant « Mamy Blue », on conseillera la version de Joël Daydé.

♠ Le label français Festival, longtemps patronné par RTL, a édité en 1975 une seconde publication sous le titre « Volume I Masq ».

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   LE KINGBEE

 
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- Roland Bocquet (orgue, piano, glockenspiel, chœurs)
- Charlotte Boutillier (chant, violon, crécelle, clochettes)
- Patrick Moulia (guitare, guimbarde, tambourin, scie, harmonica)
- Yves De Roubaix (guitare, crécelle, chœurs)
- Alain Geoffroy (piano, ukulélé, charango,chœurs)
- Niles Brown (guitare, violon, clochettes)
- Charles Eddie (percussions, tambour à cadre)


1. Masq
2. 4 Art 6
3. Cantique
4. Tunnel Extatique



             



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