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1977 (I'M) Stranded
 

1977 (i'm) Stranded

THE SAINTS - (i'm) Stranded (1977)
Par LE KINGBEE le 24 Février 2019          Consultée 1805 fois

Ce disque évoque chez moi quelques bons et vieux souvenirs, l’époque du Bac et des surboums qui battaient leur plein. Cette galette n’avait rien à voir avec ce qui passait sur nos radios, nos trois chaines de télé et donc dans nos boums préfigurant l’été. A cette époque, impossible d’échapper à Rose Royce et son lavage de bagnole, au « Sir Duke » de Wonder, aux cosmonautes de Space, au « Loir et Cher » de Delpech sans oublier le « Big Bisou » de Carlos, comble horrifique de cette période. Avec un peu de chance vous pouviez entendre le « Solsbury Hill » de Peter Gabriel, mais le summum c’était bien sur de « conclure » sur « Hotel California ». Oui ça, ça remettait les pendules à l’heure.
Parfois, avec un peu de chance il pouvait vous arriver de connaitre un petit moment de gloire en emballant à la surprise générale la fille de la soirée, fait d’arme bien plus valorisant que les cuites ou les bastons, bien que les trois ensembles ne soient pas à négliger.
La découverte de ce disque apporté à une soirée restera gravée comme l’un de mes moments de gloire. Alors que certains étaient sur le point de se pendre ou de se défenestrer à l’écoute du « Musique » de France Gall, je sortais, tel le Sauveur, cette galette des SAINTS, groupe alors inconnu au bataillon. Et curieusement ces saints australiens changeront la donne de nos soirées pendant quelques mois.

Revenons à nos moutons. Originaires de Brisbane, Ed Kueper, Chris Bailey et Ivory Hay frottent leurs fonds de culotte sur les mêmes bancs du lycée où ils s’emmerdent. On est en 1973 et les trois larrons montent leur premier combo Kid Galahad & the Eternals, un trio ancré entre R&B et Garage qui aime bien envoyer le pâté. L’année suivante le trio voit l’arrivée de Kym Bradshaw et change de nom pour devenir The SAINTS. Le groupe se produit dans la région de Brisbane, et leurs concerts sont souvent interrompus par les forces de l’ordre.
Durant l’été 76, nos quatre saints se décident à autoproduire leur premier disque « (I’m) Stranded », les quatre furieux se sont fait jeter par toutes les maisons de disques du Queensland. Le disque est un échec total.
Mais il arrive parfois que des miracles se produisent. La galette atterrie chez Power Exchange, un label londonien qui réédite le disque en décembre. Pour les Saints c’est Noël avant l’heure ! Les SEX PISTOLS commencent à rendre chèvre la bonne reine Elizabeth, devancés par les RAMONES. C’est le moment où la Perfide Albion voit l’éclosion des CLASH, des DICTATORS, The DAMNED ou autre BUZZCOCKS. Attiré par la bonne odeur de l’argent, EMI rachète le contrat des Saints à Power Exchange et va pouvoir se frotter les mains, le disque sort en février 77 dans les bacs des disquaires anglais, suite à une session de deux jours. Il faudra attendre quelques semaines pour que le disque débarque dans l’Hexagone via un pressage français, mais en Angleterre les Saints rencontrèrent un succès aussi immédiat que surprenant. Plusieurs encyclopédies classent ce disque comme l’un des premiers albums Punk Rock mais le placent aussi parmi les tous meilleurs. Ce qui explique probablement son succès auprès de nos boums d’antan, reléguant ainsi le « I Feel Love » de Donna Summer ou le « Belfast » de Boney M⃰ au rayon des grosses daubes de l’époque.

En dehors d’une sonorité bien particulière et d’un tempo de dingue, le groupe allait se faire connaitre via un clip vidéo tourné lors d’un passage dans une émission TV anglaise. On peut aujourd’hui encore rester subjugué par l’allure d’Ed Kuepper et de Kym Bradshaw, droit dans leurs bottes, sans la moindre esbroufe, sans geste superflu. Une séquence qui fait passer les Sex Pistols pour des clowns ou des punks de bacs à sable. Chez les Saints pas de coupe de cheveux à l’iroquoise, ni d’épingle à nourrice dans la joue ou l’oreille, ni de doc Martin, mais une tenue de Mr Tout le Monde et une rage virale capable d’une transmission foudroyante. Les quatre gars n’ont qu’une idée en tête en découdre.

Le disque s’ouvre avec « (I’m) Stranded », un titre hautement énergétique avec une basse et une gratte sous haute tension. Les influences des RAMONES sont palpables mais on ressent également que les hommes du bush ont aussi absorbé MC5 tout en diffusant une sonorité nouvelle échappant à l’Amérique et à la Perfide Albion. Niveau texte, on ne parle pas de grande littérature et encore moins de poésie mais de paroles parfois déconcertantes et socialement parfois dérangeantes : « Like a snake calling on the phone - I've got no time to be alone -There is someone coming at me all the time -Yeah babe I think I'll lose my mind… », sans oublier ce putain de refrain repris avec rage : « 'Cause I'm stranded on my own Stranded far from home, all right.
Si les paroles risquent de faire sourciller les jeunes auditeurs adeptes de nuisances sonores et intellectuelles à l’image de Doc Gyneco, de Kendji Girac ou de la récente Aya Nakamura♠, elles figurent néanmoins dans une orientation souvent désenchantée qu’on retrouvait dans l’album « Teenage Depression » d’Eddie & The Hot Rods, enregistré à la même période.

Après une telle débauche d’énergie, on pourrait croire que les Saints vont souffler un peu, mais non, les australiens récidivent avec « One Way Street » avec une guitare pleine de rage et de réverb. On se dit que les mecs vont se calmer, ne serait-ce que pour laisser les auditeurs reprendre leur souffle, mais non ces quatre gus ne témoignent d’aucune pitié.
Il faut attendre le splendide « Messin’ With The Kid », une ballade Garage Punky faisant office de slow, pour retrouver un second souffle. Mais la douceur n’est pas la qualité première de nos Aussies, certaines séquences de « Erotic Neurotic » ne peuvent que renvoyer vers le « I Wanna Be Your Man » des BEATLES, avec des passages plus proches de la future version des STOOGES. Leger changement avec les premières mesures de « No Time », on dirait que les QUO se sont invités aux réjouissances avec un Boogie Garage. Chassez le naturel, il revient au galop, les Saints reprennent leur rythme dévastateur au bout de vingt seconde. Faut pas déconner !
Les amateurs d’Elvis PRESLEY reconnaitront peut être « Kissin’ Cousins », titre figurant au générique du nanar du même nom ⸋, mais il leur faudra bien tendre l’oreille, car le tempo se retrouve ici accéléré plein pot avec une sauce Garage pas dégueulasse. « Story Of Love » malgré une orientation vocale punky et un bon passage de guitare plus mélodique peine à retenir l’attention mais ce mid tempo permet de laisser reposer les accus. Amateurs de Punk Garage, ne vous inquiétez pas, le groupe reprend son rythme habituel avec « Demolition Girl » un titre sur vitaminé. Pas le temps de souffler, à peine une demi-seconde entre les deux dernières pistes, comme si le temps était compté. Le disque s’achève avec « Nights In Venice », titre plein de fureur et d’énergie et un Chris Bailey que rien ne semble pouvoir démonter et un Ed Kuepper assurément inspiré par les parfums du riff de « Communication Breakdown » de Led Zep.
Alors ce disque sera le principal fait d’arme des Saints, groupe toujours en activité, et fait office de précurseur dans le domaine du Punk Rock. Le répertoire et certains riffs de guitares inspireront quelques mois plus tard GEN X et les délires de Billy IDOL avec son flot d’effets et de clinquant idéal pour les tabloïds anglo-saxons. Du Punk Rock pur jus tendance Garage, authentique et sincère comportant des zestes de STOOGES, RAMONES, MC5 et de leurs compatriotes de Radio Birdman.

Ah pour l’anecdote, en 2001 alors qu’aucune maison de disque n’avait cru bon de donner sa chance à ce jeune groupe, Australasian Performing Right Association (APRA) n’hésitera pas à l’occasion de la célébration de son 75ème anniversaire à classer « (I’m) Stranded » parmi les 30 meilleures chansons jamais enregistrées dans l’Hémisphère Sud.

⃰ Il s’agit là des exemples qui me sont venus à l’esprit. Je n’ai rien contre ces artistes en particulier et je ne doute pas qu’on doit trouver bien pire.
♠Idem à la réflexion précédente mais qui témoigne que le mauvais goût et la médiocrité n’ont pas de limite. Comment peut-on produire de telles daubes et les faire ingurgiter aux auditeurs ?
⸋ Ce film du réalisateur Gene Nelson avec Elvis et Arthur O’Connell, grand spécialiste des seconds rôles, paraitra en France en 1970 sous le nom de « Salut Les Cousins » ? Chez nous, comme on n’a peur de rien, Pascal Regent (futur Pascal Sevran) a adapté le titre en 65 sous l’intitulé « Puisque Nous Sommes Cousins ». Le pays n’en ressortira pas grandi. Bon moi ce n’est pas le tout mais je retourne écouter « (I’m) Stranded » !

A noter que le disque a été réédité en 2007 en format CD avec 8 titres bonus issus d’alternates, d’un singles et du EP « One Two Three Four » proposant une version ébouriffante de « River Deep Mountain High » dans une version qui ferait passer Ike Turner pour un enfant de chœur.

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   LE KINGBEE

 
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- Chris Bailey (chant)
- Ed Kuepper (guitare)
- Kym Bradshaw (basse)
- Ivor Hay (batterie)
- The Flat Top Four (choeurs 7)


1. (i'm) Stranded
2. One Way Street
3. Wild About You
4. Messin' With The Kid
5. Erotic Neurotic
6. No Time
7. Kissin' Cousins
8. Story Of Love
9. Demolition Girl
10. Nights In Venice



             



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