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TÊTES RAIDES - Not Dead But Bien Raides (1989)
Par RAMON PEREZ le 15 Avril 2019          Consultée 1975 fois

« … et puis y avait Ginette, qui valse en guinguette, qu’a toujours un verre d’avance, des fois qu’on ferme la dernière porte » Il est des mots qui normalement devraient s’oublier aussi vite qu’on les a entendus. Mais qui, parce qu’ils sont placés là où ils doivent l’être, avec les notes et les instruments qui vont bien, prennent une toute autre dimension. Evidente, marquante. Quand j’ai connu « Ginette », elle avait déjà une bonne quinzaine d’années. Une certaine maturité. Son maquillage changeait un peu d’un spectacle à l’autre. Mais, au fond, elle restait toujours la même. Rayonnante, illuminant les spectateurs des feux de sa lampe. Quel chemin elle avait fait, depuis la première fois où TETES RAIDES l’avait exposée en public, habillée d’étonnantes guitares hawaïennes, à l’occasion de son premier album! C’était au sortir des années 80. Une époque où le groupe baignait dans le rock alternatif mais rêvait déjà en chansons.

Ce premier album, je dois dire que je l’ai découvert assez tardivement. Je connaissais déjà très bien les albums suivants, des Oiseaux (1992) à Gratte Poil (2000). J’avais une idée du groupe basée sur ces disques qui, s’ils ont de vraies différences, possèdent une cohérence musicale évidente, sacrément mise à mal par NDBBR tant le son, l’écriture, le concept même n’ont rien à voir. Il y a un lien, on le devine rétrospectivement. Il y a surtout un fossé. On est loin du travail quasiment plastique autour de l’assemblage du son des instruments qui fera la beauté unique du groupe. Ici, il n’y a qu’un sax, un trombone et un accordéon pour mettre de la couleur. Le plus fou, c’est que ça suffit.

Ca suffit, car ces instruments créent un décalage unique avec le côté furieusement rock’n roll, limite punk, des morceaux fixés sur cette galette. Galette par ailleurs elle aussi unique, avec cette pochette spartiate en carton grossier, fixant pour de bon le style des Chats Pelés, ce collectif de plasticiens où évolue Christian Olivier (le chanteur de TETES RAIDES) mais aussi Benoit Morel (bientôt connu comme le chanteur de LA TORDUE, il signe ici quelques textes pour ses amis). S’ils étofferont sérieusement leurs ambitions esthétiques par la suite, ils garderont toujours ce goût pour les matières roturières. Punk disais-je, à l’image du deuxième titre tout à fait binaire et beuglard. Ou aussi des quelques piques disséminées ici ou là, distribuées avec le sourire potache propre aux sales gosses, par exemple sur l’éducation (« Educ mon luc ») ou le show-biz (« Les renards »). C’est le décalage entre ce côté punky et l’autre face, plus sombre, qui fait le sel particulier de cet album.

Car, côté pile, c’est plutôt la tradition de la chanson réaliste qui est convoquée, avec ses textes fangeux, voire carrément glauques et ses accompagnements plutôt joyeux, façon musette. L’exemple le plus frappant est « Rue d’la peste », au texte et à l’ambiance issus des bas-fonds, registre ou Christian excelle d’ailleurs, qui se transforme en un final totalement festif qui ne dépareillerait pas à la sortie du terrain de rugby (amateur). Le chanteur n’a pas encore arrêté son style si particulier mais use déjà de son incroyable voix pour faire passer ses humeurs. De ses envies de convivialité, menant une troupe de choristes qui n’ont pas beaucoup de mal à nous faire croire à leur consommation d’alcool récente, à ses accents flippants de trancheur de gorges, il fait varier les ambiances pour nous scotcher au long de la petite demi-heure (fort bien remplie) que dure l’album.

Je pourrai aussi vous dire qu’il y a quelques tentatives poétiques qui valent le coup d’oreille au fil de ces chansons enchaînées d’un bloc, sans pause. Tambour battant, parfois pour de vrai. Ou encore quelques passages plus drôles, jeux de mots en bandoulière. Mais ça commencerait à faire long. Alors je résume : un groupe qui joue du musette, du punk, de la fanfare ; qui chante la misère réaliste ou joue au contraire l’irrévérence potache ; qui est capable de faire dans le direct comme dans le recherché ; qui peut mettre son chanteur en avant comme le noyer dans la masse… tout cela c’est Not dead but bien raides, un pur OVNI au sein de cette discographie et plus largement du paysage musical français. Une curiosité autant qu’une vraie réussite. Et puis il y a Ginette, avec qui on chante et danse encore des années après. Le début d’une belle amitié.

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   RAMON PEREZ

 
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1. Creeple's Band
2. Moon Is A Pancake
3. Armance, Théo, Marcel Et Les Autres Aussi
4. Les Affamés
5. Educ Mon Luc
6. Rue De La Peste
7. L'une à L'autre
8. Ginette
9. Il Neige
10. Les Renards



             



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