Il n'y a pas à dire, THE SOUNDTRACK OF OUR LIVES est un groupe bien généreux. Généreux de par leurs albums toujours bien remplis, pour leurs concerts qui sont autant de fêtes, et généreux en cette moitié de décennie où ils sortent entre deux albums une compilation.

Ah oui, mais attention: je ne vous parle pas d'un quelconque best-of mal réchauffé par une maison de disques impatientes de se faire quelques biftons en plus sur le dos d'un nom qui rapporte, absolument pas. Là je vous parle d'un double-album de B-Sides, d'EPs introuvables et d'inédits ! Comment ça, on s'en fout et on veut du tout frais ? Eh oh, on peut faire du très bon en fouillant les fonds de tiroirs ! Demandez aux copains d'OASIS, ils s'y connaissent. Et puis de toute façon autant le dire tout de suite, les futurs albums du groupe ne seront pas aussi bons que cette compilation.

Il faut bien dire que nos suédois ont mis les Prutas dans les Flottigs en rassemblant tout ce qu'ils avaient laissés de côté depuis le tout début de leur carrière. Bon, sur le papier il y a de quoi avoir un peu peur puisque la dernière fois qu'ils ont fait ça c'était pour leur deuxième album et le résultat n'avait pas été très probant...Mais leur sélection ici est plus judicieuse. Le simple choix d'avoir classé les morceaux par ordre esthétique plutôt que chronologiquement témoigne d'une volonté de faire de ce disque un album à pat entière plutôt qu'une compilation bête et méchante, et cela permet de retrouver Björn OLSON, ancien guitariste du groupe et surtout l'un de ses membres fondateurs après qu'ils partirent de leur groupe punk d'origine UNION CARBIDE PRODUCTION pour aller vers d'autres horizons. Olson ne restera toutefois pas longtemps avec ses camarades puisqu'il s'en ira après leur second album, laissant le groupe évoluer pour leur troisième sortie vers le son rock revival qui fit leur succès. C'est lui qui tient la gratte sur des réjouissances telles que “Galaxy Gramophone”, “When Lightning Bug Arrives” ou “Retired Teenage Angst”...

Deux CDs, c'est bien beau, mais c'est surtout pour tout faire tenir. Ne cherchez pas un quelconque sens à l'ordre des morceaux, ne cherchez pas une thématique propre à chacun des disques, le tout est conçu pour s'écouter d'une traite, alors respirez un grand coup et plongez ! Si vous aimez The Soundtrack of Our Lives vous serez gâtés puisque vous aurez le droit à presque deux heures de ce que le groupe a pu faire de meilleur. J'avoue d'ailleurs avoir eu des réticences à aborder cet album au premier abord, considérant qu'Origins, Vol.1 avait parié sur le bon cheval en raccourcissant sa durée et qu'un nouveau double album serait de trop, mais les quelques doutes que j'ai pu avoir se sont vite dissipés alors que s'enchaînaient les morceaux sans que retombe mon enthousiasme.

Bon, d'accord, le deuxième disque est un peu plus faible, notamment sa dernière partie qui contient des morceaux moins intéressants, mais le premier disque fait un quasi sans-faute. Quasi à cause du morceau final “Cleaning Session Raga” qui n'apporte rien à l'ensemble même si il a le mérite d'être court. Sinon, de l'intro annonciatrice de la tempête à venir “Dog Days”, les suédois alternent acoustique et électrique sans perdre l'inspiration. Ils y brassent encore les mêmes influences mais toujours avec cette inventivité et ce petit plus, ce petit grain de folie douce qui les séparent du reste. La production reste toujours claire et concise: pas la peine de tomber dans le côté “cra-cra authentique” des autres groupe de revival, leur musique sonne audible sans chichi malgré les couches d'instruments qui se retrouvent parfois en mille-feuilles les unes sur les autres. A l'écoute de “We'll Get By”, “Playstation Bordello”, “Greatest Hits Provider” ou “Dow Jones Syndrome” on se demande comment ils font pour sélectionner quels morceaux vont sur les albums et lesquels vont au coffre puisque de tels moments n'ont rien à envier aux succès “Sister Surround” ou “Bigtime”.

La triste vérité de “A Present from the Past” est qu'il s'agit du dernier album vraiment bon de TSOOL. Par la suite le groupe semblera perdre son mojo et ne refera jamais aussi bien. Même si ma préférence finale va à Origins, Vol. 1, j'ai envie de dire qu'il s'agit de leur meilleur album rapport quantité/qualité. 32 chansons au compteur (16 par disque) et pas tellement à retirer. Il y a amplement de quoi faire mais tout le monde devrait y trouver son compte dans cette anthologie qui sonne finalement comme une dernière cène avant un au revoir qui se prolongera encore douloureusement.