À un certain point et suivant une période années 90/début 2000 créatives, SUROÎT espace ses productions studio de façon assez nette. Sept années éloignent Prends le temps du petit nouveau qui nous intéresse ici, Mi-Carême : entre les deux, il y a eu l'enregistrement du concert à l'Anglicane de Lévis (2005) et une compilation (Chouche, 2006), destinée au marché européen.

Au moins, le temps est vecteur de bonne influence, nous retrouvons nos chers Madelinots en grande forme. Mi-Carême est un disque réussi, rempli de bonnes chansons, même si on sent que le décès d'Alcide Painchaud et les différents départs ont marqué le groupe. Réal Longuépée est d'ailleurs parti à son tour en 2003, sans être remplacé et réduisant le noyau dur de SUROÎT à un quatuor.

Il revient cependant à davantage d'humour, de verve festive. Même si "Pee-Wee" et "Mi-Carême", taillés pour les danses de bar/villages ou les événements plus larges n'ont pas ma préférence, elles restent sympathiques. On remarque également que SUROÎT a laissé de côté les influences jazz pour se concentrer sur un beau son folk/country.

L'apport de Luc Bourgeois est remarquable en tous points : on note cette guitare-baryton en introduction de "Bonheur à l'envers", vraiment splendide, avant que la chanson n'évolue en un reel classique, pour chanter une partie de pêche pleine de surprise ! Au chant, le guitariste se réserve les deux morceaux les plus denses, amours épiques et tragiques contées en musique avec un ton ancien et précieux.

Il s'agit de "Jolie Madeleine" ainsi que "La belle et l'Anglais" où sa voix claire apporte un bel effet galant, augmentée de choeurs marins, de flûte irlandaise et d'un violon-roi, entre autres fins arrangements. Félix Leblanc offre sur cet opus certaines de ses plus belles partitions.

On est heureux, sur ces titres-là surtout, de retrouver la profondeur de l'album Prends le Temps avec la même force rock acadienne/celtique et la même qualité. Les polyphonies vocales et la couleur exotique du rythme de la complainte "Simone", les intentions latines ou gaéliques qui ressortent fortement sur "Rosalie" et "Charlélie" nous transmettent beaucoup de chaleur et d'émotion.

Tout aussi bien faits restent le trois temps des "3 capitaines", les chants optimistes de "Met d'la danse à tes s'melles", très belle ballade folk/country, les paroles plus "quotidiennes" de "Yes Sir" et "Chanson démodée". Si le groupe, perdant de sa folie juvénile, est devenu plus adulte, c'est définitivement pour le meilleur ! Il en est de même avec l'album suivant.