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BIOSPHERE - The Senja Recordings (2019)
Par JOVIAL le 2 Août 2019          Consultée 1300 fois

The Senja Recordings sera certainement un disque un peu à part dans la riche discographie de BIOSPHERE. Ce n'est pas un album à proprement parler, mais plutôt une compilation regroupant une quinzaine de morceaux enregistrés entre 2015 et 2018. Fait inédit, celle-ci est au trois-quarts composée de field recordings. Entendons-nous, Geir JENSSEN est clairement loin d'être un débutant en la matière, la plupart de ses productions ont peu ou prou usé de field recordings depuis les années 90, souvent avec brio d'ailleurs. C'est toutefois bien la première fois qu'il nous propose des enregistrements "purs" (1). Le field recording n'est pas utilisé comme illustration, renfort ou support d'un morceau, il est véritablement le morceau. Aucune retouche, ou si peu, ni en amont, ni en aval, le son est restitué quasiment tel quel, directement du producteur au consommateur. Pour ce faire, BIOSPHERE s'est rendu dans la région de Senja, deuxième plus grande île de Norvège, où la plupart de ces fields recordings ont été réalisés, dont les titres étranges font donc référence aux localités visitées.

Mais n'allez pas croire que notre ami scandinave est du genre à poser son micro n'importe où dans la nature et se contenter du bruissement des sapins ou du rire des ruisseaux. Chaque lieu a été choisi avec soin, telle cette galerie pare-neige, dans laquelle le vent s'engouffre "comme dans une gigantesque flûte" ("Bergstone"). Plus tard, le brame des cerfs dans le lointain répond aux moteurs d'un avion militaire ("Alteret"). BIOSPHERE joue souvent sur ce contraste entre nature sauvage et édifices froids. Spectateur de cette confrontation, il ne le reste cependant pas systématiquement et en devient aussi l'un des acteurs. De retour à la galerie pare-neige ou dans les montagnes, le voici qui s'arme d'une flûte cambodgienne, de percussions vietnamiennes, d'un vuvuzela. L'écho fantastique est à glacer le sang. Ces courtes expériences pourront sans doute sembler risibles à certains au premier abord, c'est vrai, notamment lorsque notre Norvégien s'amuse à lancer des cailloux sur un lac gelé ("Skåbrekka") ou à taper sur une conduite forcée ("Lystbotn"). Néanmoins, en jouant vraiment le jeu, sans chercher à comprendre, en se laissant doucement emporter par ces sons simples et inhabituels, on découvre alors un album d'un onirisme déroutant, arctique, hostile mais sans violence.

Intercalées entre ces field recordings s'étirent plusieurs autres pistes d'ambient, voire de drone ("Stordjupta", "Straumen"), enregistrées cette fois-ci en studio. Encore une fois, la démarche reste assez expérimentale. À l'instar de Departed Glories (2016), The Senja Recordings se révèlent d'un minimalisme abyssal. On est désormais très loin de l'ambient complexe que pratiquait BIOSPHERE il y a une dizaine d'années. Le matériel lui-même s'est restreint. Un ou deux synthétiseurs pour chaque morceau, jamais plus, et quelques rares effets. En somme, la musique électronique entre ici en résonance avec les field recordings qui dominent le reste du disque. Geir JENSSEN distille un ambient brut qui parfois va lier, sans forcer le trait, deux paysages, deux lieux, deux enregistrements. De cette même façon formidablement assemblé, l'album fait ainsi preuve d'une grande cohérence et rarement les images de toundras polaires et de montagnes grises ne viennent à s'estomper.

À en croire l'intéressé lui-même, The Senja Recordings serait l’œuvre la plus "BIOSPHERE" de sa carrière. On comprend l'idée. Il s'agit en effet d'une remarquable immersion sonore et musicale, comme BIOSPHERE a toujours su en faire, mais on touche peut-être ici à quelque chose de plus dense, de plus minérale. Difficile de dire toutefois si l'on tient là le disque le plus abouti du Norvégien. Quelques longueurs sont à signaler ("Strandby", "Bergstone", "Berg") et pourront parfois lasser les novices du genre. En matière d'intensité, d'émotions, ceux-ci lui préféreront aussi certainement ses productions antérieures.

Un très bon album donc, néanmoins moins facile d'accès.

(1) Si l'on excepte Chu Oyu 8201m en 2006 - mais sorti sous le nom de Geir JENSSEN et non celui de BIOSPHERE.

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- Geir Jenssen (tout)


1. Skålbrekka
2. Strandby
3. Bergsbotn I
4. Bjorvika
5. Berg
6. Kyle
7. Fjølhøgget
8. Stordjupta
9. Bergsbotn Ii
10. Bergsbotn Iii
11. Lysbotn 5:28
12. Straumen
13. Steinfjord
14. Gilberg
15. Alteret
16. Geatkejávri
17. Hå



             



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