Groupe de plage et de feux de camp, le KINGSTON TRIO incarne l'Amérique triomphante de cette période faste, toute proprette et alors porteuse de la seule bonne parole existante...Le changement est pour demain, la révolution gronde dans les universités ! Alors quoi de plus naturel et de challenging pour le TRIO de passer avec le nouveau venu John Stewart l'épreuve du feu ? Ce College Concert au titre tellement évident succède à un Close-up de belle allure ayant conforté le KINGSTON à la troisième place du billboard. Nous sommes à UCLA la bien nommée et l'heure est à la bonne humeur !

Seuls quelques morceaux sont des reprises d'eux même, et oui ! À l'époque, on reprenait très volontiers les chansons des autres ! "Coplas" est donc ici, introduite par Nick, on note que John remplace à merveille le grand Dave Guard, on ne constate pas la moindre différence, le Mexique est à l'honneur ! Leur supra classique "MTA" est de la partie : Nick la lance avec toujours la même dynamique, un standard pas moins, mais ça reste du réchauffé !

"The Ballad Of The Shape Of Things" est une véritable balade baroque écossaise ou le trio roule les "r" et s'amuse avec le public. On passe en Irlande avec la mignonne "Young Roddy McCorley", puis on retourne au classique Hawaïen avec la Maori "O Ken Karanga". Une longue introduction humoristique lance "Chillly Winds", qui comme son nom l'indique est toute douce et tendre. Un poil trop à mon goût, elle finit par en manquer de couilles !

"Oh Miss Mary" est un petit pas en direction du Rock'n'roll, mais manque un peu de conviction. Plus cowboy que certaines chansons tu meurs, c'est la courte "Laredo", vraiment sympa malgré sa durée, on en voudrait des versions plus longues mais c'est sa fonction d'intermède ! Le traditionnel "This Little Light" prend ici une très belle ampleur, l'efficacité et la complémentarité des voix jouent à leur plein, alors que "Goin away To Leave You" est une petite chevauchée western, dynamique et pleine de grands espaces, mais pas leur meilleure

Je garde le foie gras pour la fin. La supra classique de Hedy WEST "500 Miles" garde toute son authenticité avec cette version du TRIO., elle reste doucereuse et hypnotique. La merveilleuse chanson de Pete SEEGR "Where have All The Flowers Gone" est de la partie. Un instant de grâce céleste car je pense que le KINGSTON TRIO en a fait les meilleures versions qui soient. Cette chanson anti-guerre préfigure les mouvements flower power et peace and love à venir. Sans doute une des plus belles et importantes contribution de l'histoire de la musique populaire, et pour une fois, le crédit est donné à SEEGER ! Ne partez pas d'ici sans l'avoir écouté au moins une fois !

Le principal reproche à faire à ce live est qu'il manque – si on excepte MTA - la majorité des classiques du KINGSTON TRIO, il n'apporte donc pas grand chose à la discographie du gang des ex étudiants. Bien sur la présence de "Where Have All The Flowers Gone" illumine de toute sa classe ce disque au final plutôt terne. Mais si on considère les reprises, les nouveautés et l'aspect live, l'album atteint la 3eme place du billboard, on reste sur un trois sympa mais seulement moyen.