Encore un joli disque que ce Retour à la Case Créole en 2002, même si le titre fait penser à quelque chose de davantage systématique que ponctuel ! Philippe LAVIL a bâti sa carrière à succès sur l'expression d'un homme qui semble toujours retrouver ses origines, le pays qu'il préfère, de plus belle à chaque album ou presque.

Avec l'âge, les grosses productions sont laissées derrière ; le chanteur à la voix veloutée préfère des arrangements fins, en comptant toujours sur des musiciens de renom, les frères Fanfant, Regis Ceccarelli, Dominique Fillon... Ce dernier participe également à l'écriture des chansons aux côtés des magiques soeurs Alie et Elisabet Anaïs pour majorité des paroles.

LAVIL se contente donc de poser sa voix, conductrice de bonnes ondes, de chaleur, d'évasion... Ce n'est pas ce disque qui révolutionne sa carrière, ce n'est pas son rôle. À peine "Sous les moustiquaires" débuté, il nous invite à délaisser nos grandes villes, à faire comme lui qui ne raisonne que par la simplicité de la vie antillaise et la beauté des paysages de sa Martinique natale. Il nous parle d'une maison à la Pointe Camphre ("Ti case"), nous dresse des portraits de ce qu'il observe ("Pêcheur d'éponges")...

Il nous conte ses rencontres féminines ("Un moment d'égarement"), mais sur ce disque, plus que par les mots, c'est en musique que cela nous touche. Sur le premier morceau et d'autres comme "Léger", "Pêcheur d'éponges", les choeurs de femmes sont à se damner tellement ils sont sont beaux. Et puis il y a les deux duos : "Asé Palé" avec Marijosé Alie ainsi que "Doux doux" en compagnie de KWIN, jeune choriste Guadeloupéenne. Cette dernière chanson propose un rythme enlevé et de belles ruptures, pour le moins inattendues et qui en font l'un des titres les plus aventureux de la carrière de Philippe LAVIL. Jean-Philippe Fanfant à la batterie s'illustre tout comme Marc Berthoumieux à l'accordéon. Dommage que l'artiste ne propose pas plus d'efforts dans le même style !

Parfois, les arrangements sont plus fournis, et quelques cordes ou cuivres s'ajoutent sans dénaturer l'esprit global. Le morceau-titre "Retour à la case créole", avec sa touche dandy à l'ancienne, reste le moins bon de tous, d'autant plus qu'il tire en longueur. À l'inverse, on trouve pas mal de sucreries au fort parfum latino-antillais et diversifié (bossa, rumba, zouk). "Un moment d'égarement" avec ses steel-drums, "Ti case", "Sous les moustiquaires" où planent le chant et le piano Fender Rhodes conjointement, la berceuse tendre "Elle n'aime que moi" constituent une bonne raison d'écouter ce disque, pour qui aime Philippe LAVIL.