Les chiffres sont impitoyables ! Les ventes du KINGSTON TRIO déclinent à chaque album et nous voici à quelques mois du renouvellement de leur mirifique contrat avec Capitol. Evidemment pas la moindre proposition n'émane de la maison d édition. Le KINGSTON se résout alors à livrer un album live pour clore ce contrat, comme c'est souvent le cas... C'est donc l'album de la sortie du paradis. Un live donc, pas la peine d'user ses mocassins dans un studio alors qu'on sait qu'on va se faire lourder ! Le Hungry I est choisit, l'antre du KINGSTON et des groupes de Folk en général.

Pour votre serviteur en revanche, il s'agit d'un album d'enfance symbolique des années cinquante et soixante, et de la jeunesse de mes parents. L'image de ces trois mecs en costard, déambulant super classe tels Cary Grant, Gary Cooper et Monty Clift dans les rues de la grande ville californienne de San Francisco, voilà qui m'a marqué pour l'éternité quand j'tais tout petiot, mais je n'avais alors aucune idée de la situation du groupe !

Et ça démarre fort avec un titre pied au plancher il s'agit de "Georgia Stockade", on est dans la joie et la bonne humeur qui sied tant au TRIO, une chanson de cowboy pour les saloons et les réunions autour du feu de camp le soir après avoir parqué le bétail. Dans le même genre super dynamique, nous avons "So Hi", toutes guitares et banjo dehors, avec un public qui clappe tant qu'il peut ! John assène une nouvelle charge avec "Farewell Captain", et globalement tous les titres sont d'un niveau conséquent et font passer un bon moment.

Mais ce sont les chansons de Rod McKuen qui tirent le mieux les marrons du feu, le compositeur qui leur avait donné "Allly Ally Oxen Free". Nous avons cette fois "The World I Used To Know", plus de la variété que de la folk music même si les guitares résonnent fort bien, on se croirait dans une BO d'un film de Peckimpah ou de Zinneman : la mélodie est superbe et le rythme velouté. "An Isle In The Water" est à peine moins réussie, et toujours dans la même veine. Toutes deux sont chantées par Nick avec beaucoup de talent.

Hélas la reprise de "Tom Dooley" n'apporte pas grand chose, et il y a même un moment presque inutile avec le "Them  Poets medley". C'est toute la difficulté d'un live avec le KINGSTON TRIO, une ambiance de feu de camp ne sera jamais celle d'un concert de rock... N'oublions pas que la face de la pop music change et que les BEATLES commencent à sérieusement remplir des stades de toutes tailles, Bob DYLAN lui même est à la veille d'électriser sa musique. A part pour les vieux fans, il semble évident que la musique du TRIO est vouée aux oubliettes...

Et ça ne rate pas, cet album, le dernier chez Capitol, atteint la 22eme place du billboard... Le plus mauvais score du groupe, de loin. Sur la base de son statut de $uperstar aux ventes mirifiques, Decca va signer un contrat juteux avec le TRIO, mais vous allez voir que la chute ne sera pas enrayée, loin s'en faut, on est pour le moment toujours dans le top 25 ! Ce live vaut un 2.5 arrondi à 3 pour le souvenir de cette fabuleuse photo.