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1962 Driving Wheel

LITTLE JUNIOR PARKER - Driving Wheel (1962)
Par LE KINGBEE le 7 Septembre 2019          Consultée 695 fois

Si vous vous demandez ce qui relie BB KING, Bobby « Blue » BLAND, Rufus Thomas ou Johnny Ace à Little Junior PARKER, ils ont tous participé aux amateurs shows se déroulant sur Beale Street, artère qui a longtemps fait vibrer le cœur et l’âme de la communauté noire de Memphis. C’est là que toutes ces pointures ont fait leurs gammes dès le début des fifties.

On ignore avec exactitude où est né Herman Parker, probablement à West Memphis (Arkansas) en 1927. Fils de pauvres métayers (excusez cette lapalissade), Herman, après avoir chanté sur les bancs de sa paroisse, se met à l’harmonica au contact de Sonny Boy Williamson (Rice Miller) puis enchaine brièvement auprès d’Howlin’ Wolf. Mais Herman, propriétaire d’une voix chaleureuse et profonde, a une nette préférence pour les ballades et le blues délicat de la Californie. Au début des fifties, il intègre The Beale Streeters en compagnie de BB KING, Bobby BLAND et Pat Hare (futur guitariste de Roscoe Gordon, James Cotton et Mady Waters).
En 1952, l’harmoniciste, repéré par Ike TURNER, met en boîte son premier 78 tours pour Modern Records, disque qui lui permet d’atterrir chez Sun Records, le célèbre label à rondelle jaune de Sam Phillips, une petite maison de disques qui n’allait pas tarder à révolutionner l’industrie phonographique.
En juillet et septembre 1953, sous le nom de Little Junior ‘s Blues Flames, Parker grave deux singles pour Sun dont le fameux « Mystery Train » (futur carton du King), accompagné entre autres par le guitariste Floyd Murphy et le sax James Wheeler.
Si « Feelin’ Good », une variante du « Boogie Chillen » de John Lee HOOKER, grimpe à la 5ème place des charts R&B, Sam Phillips à la recherche d’artistes blancs décide de ne pas poursuivre l’aventure avec Parker qu’il trouve beaucoup trop doux. Un an plus tard, Herman qui se produit maintenant sous le nom de Little Junior Parker est embauché par Don Robey, patron du label Duke Records où il retrouve son ami Bobby Bland. Parker va alors œuvrer au sein de la Blues Consolidated Revue qui lui permet de se produire sur de longues tournées grâce auxquelles il va pouvoir fidéliser un gros public principalement féminin par le biais d’un répertoire éclectique mêlant ballades, R&B mais aussi des Blues plus roots et même quelques Rock n Roll.

En 1962, Don Robey décide qu’il est temps pour son poulain de se lancer dans l’enregistrement d’un 33 tours. En huit ans, l’harmoniciste devenu presque exclusivement chanteur a mis en boîte 25 singles pour Duke. Il faut passer à la vitesse supérieure d’autant plus que Bobby Bland vient de faire un carton avec ses deux premiers albums. Et puis Vogue UK a racheté les droits de quatre titres et publié deux singles en Europe. Il faut battre le fer pendant qu’il est chaud !

« Driving Wheel » est constitué de 12 titres enregistrés principalement à Chicago et Nashville entre 1960 et 1962. La moitié des titres a fait l’objet d’une édition en singles, bon moyen de promotion, et dix autres verront le jour sur des parutions spéciales alors que trois d’entre eux paraissent sur un E.P quatre titres. Pour Duke Records, cette période est largement rentabilisée et on ne voit pas comment le producteur aurait pu tirer plus de lait de sa vache.
La pochette de ce disque n’est pas anodine: on y voit Junior Parker sortant d’une somptueuse Cadillac blanche, symbole de réussite s’il en est. Le bonhomme coiffé d’un chapeau et portant un sobre costume gris se gare devant une grande et belle maison. Rappelons qu’à cette époque, l’Amérique traverse une période de turbulence : Embargo contre Cuba – Krach de Wall Street – émeutes à l’Université du Mississippi – crise des missiles cubains sans oublier l’évasion de trois détenus d’Alcatraz, prison dont il était parait-il impossible de se faire la malle. Comme dirait l’autre, tout fout le camp. Mais pas pour Little Junior Parker qui va inaugurer avec ce premier disque une longue et profitable période de succès. N’oublions pas que le titre, traduisible par « Roue Motrice », parle de lui-même.

En ouverture, si « Driving Wheel », un Piano Blues de Roosevelt Sykes donne son nom au disque et se classa 5ème dans les classements R&B, c’est la guitare de Clarence Hollimon qu’on remarque en premier lieu. Par rapport à l’original, Parker incorpore quelques passages cuivrés conférant au morceau un peu plus d’ampleur. Al GREEN, cousin éloigné de Parker, reprendra le morceau dix ans plus tard comme hommage. Parker nous en offre ici une version sucrée juste comme il faut. Peut-être la meilleure version avec celles de Mighty Joe Young ou Luther Allison.
Comme signalé plus haut, Junior Parker excellait également dans la ballade, registre dont on retrouve quelques traces ici : « I Need Love So Bad », un ancien titre Specialty de Percy Mayfield
Patron de Duke Records, Don Robey signe ou cosigne pas moins de cinq chansons : « Seven Days », future reprise de Jimmy Thackery, « Foxy Devil » à la coloration Pop, « Someone Broke This Heart Of Mine » un vrai slow blues, « Annie Get Your Yo-Yo » quelque peu inspiré par le « Ya Ya » de Lee Dorsey et « Sweet Talking Woman », un Blues humoristique dans lequel le chanteur nous offre un bon passage d’harmonica.
Parker nous offre aussi trois créations : « How Long Can This Go On ? » un blues que reprendront Billy Boy Arnold et le tandem Monster Mike Welsh et le regretté Mike Ledbetter. « Someone Somewhere » une superbe ballade bien dans le style de Bobby Bland et peut-être le meilleur moment du disque. Enfin, « The Tables Have Turned » qui prend une connotation beaucoup plus Teens Pop.
Terminons ce panorama avec deux grands classiques : « Yonder’s Wall » accrédité ici à Elmore JAMES, mais œuvre probable de James « Beale Street » Clark, un ancien pianiste ayant officié à Memphis. Junior Parker nous en délivre une version qui gomme l’intensité dramatique, le chanteur privilégiant une orchestration cuivrée pleine de légèreté. Enfin, Junior Parker s’attaque à « Tin Pan Alley », titre du Californien Bob Geddins inspiré par le « Fifth Avenue Blues » de Walter Davis. Parker y apporte une touche moins sombre que dans certaines versions antérieures ou postérieures.

Si ce premier disque s’avère plus léger et moins rustre que le somptueux « Mystery Train » ou « Barefoot Rock », une vraie pièce de Rock n Roll, il porte la patte de Don Robey et laisse présager le changement de tendance qui va bientôt s’opérer auprès des publics noir et blanc. Reste à savoir où ranger ce disque, dans le tiroir de la Soul ou celui du Blues ? Peu importe aujourd’hui cette querelle de clocher et d’étiquettes. Un bon 3,5.

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- Junior Parker (chant, harmonica)
- Wayne Bennett (guitare 2-3-4-6-7-9-10-11-12)
- Clarence Holliman (guitare 1-5-8)
- Verno, Heard (basse 2-3-4-6-7-9-10-11-12)
- Robert Odom (batterie 2-3-4-6-7-9-10-11-12)
- Jabo Starks (batterie 1-5-8)
- Theodore Arthur (saxophone 2-3-4-6-7-9-10-11-12)
- Charles Crawford (saxophone 2-3-4-6-7-9-10-11-12)
- John Browning (trompette 2-3-4-6-7-9-10-11-12)
- Tommy Nevue (trompette 2-3-4-6-7-9-10-11-12)


1. Driving Wheel
2. I Need Love So Bad
3. Foxy Devil
4. Someone Broke This Heart Of Mine
5. How Long Can This Go On
6. Yonders Wall
7. Annie Get Your Yo-yo
8. Tin Pan Alley
9. Someone Somewhere
10. Seven Days
11. The Tables Have Turned
12. Sweet Talking Woman



             



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