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Anne VANDERLOVE - Silver (1999)
Par MARCO STIVELL le 7 Septembre 2019          Consultée 3378 fois

Certains disques se doivent d'être au moins beaux, une telle pensée nous vient en tête quand on les voit pour la première fois. Pour d'autres personnes, ce ne sont peut-être que des disques de routine au milieu d'autres et au sein d'une carrière qui leur paraît irréprochable, à plus forte raison s'il n'y a pas de tube(s) dessus.

En voyant la pochette de Silver (1999), huitième L.P. d'Anne VANDERLOVE et premier paru sur le label EPM, d'une poésie toute celtique, bretonne (rappelons qu'elle en tient des origines par sa mère), écossaise ou irlandaise. En ayant connaissance des intervenants qui en constituent le corps musical, au nombre de quatre à part elle-même dont un claviériste (Marc Ambrosia), un flûtiste (Erwan Le Gallic) et une violoniste (Marion Limosino), la première phrase qui vient à l'esprit est 'Ce disque va être beau'. En réalité, il n'est pas 'juste' beau : il est merveilleux !

La touche artisanale de la réalisation du précédent, Bleus en 1997, qui pouvait lui faire défaut, est ici complètement à l'avantage de l'oeuvre proposée. Silver est l'album celtique d'Anne VANDERLOVE, l'autre après plus de vingt ans si l'on pense à La Sirène (1976), mais en beaucoup plus marqué, fidèle à un univers qui lui est aussi cher qu'à nous, dès les premières paroles prononcées et jusqu'à la fin. Ce sont deux sensations différentes : La Sirène était le meilleur album de son époque et pour longtemps après ; son souvenir demeure vif, mais il est impossible de passer à côté de Silver, certainement pas moins empreint de magie.

Cette fois, il n'y a que peu de reprises pour un ensemble de chansons que l'artiste a écrites elle-même. Anne VANDERLOVE et sa voix ont gagné plus de vingt ans, mais d'abord on est toujours émus, et puis cette couleur grave-rauque fait aussi l'ambiance si particulière de Silver. On pense à MARIPOL, aux disques les plus calmes et planants de Dan AR BRAZ, dans la même configuration voix-guitare-claviers, mais il y a la part de féminité, quelque chose en plus qui nous passionne tout le long. Nombreux sont les moments où l'on frissonne, où l'on se laisse enlever et porter.

La réverbération posée sur les arpèges de guitare, les nappes de synthétiseur, le couple whistle/violon, dès les premières notes, tout cela nous happe, ne nous lâche plus. Et la chanteuse d'en rajouter : C'est un grand oiseau qui traverse mon ciel, et le temps entre pluie et soleil, et le vent... Pour que ma joie revienne... En Irlande, une maison-lumière sur la lande.

Irlande très présente dans "Ballade pour Eleanor", emprunté au barde Turlough O'CAROLAN ("Eleanor Plunkett") et dont Gilles SERVAT et TRISKELL ont proposé une version divine en 1990, celle qu'Anne VANDERLOVE reprend. Les mélodies sont aussi entêtantes que belles, les instruments folk dansent à la fin de "Silver". Une boîte à rythmes est ajoutée à "J'te vois partout" pour son rythme country, sans dénaturer ni alourdir le son.

On la retrouve sur la reprise de RENAUD, "La ballade nord-irlandaise", écrite sur un thème musical traditionnel ("The Water is Wide") et devenue un des airs folk les plus connus en France, parmi les plus chantés. Comme "Farewell Angelina" en 1976, on remarque une fois encore que VANDERLOVE préfère accélérer le morceau et en faire ressortir le versant country. Ce n'en est pas moins splendide, chanté avec grâce. Beau final, pointe rare de légèreté ici, à l'image du tempo latin-celte du "Parfum des roses", seul titre qui utilise une (fausse) harpe, tandis que la chanteuse nous conte des images simples, personnelles.

Loin des Bretagnes, ses souvenirs feutrés "Du côté de Saint-Jean-du-Gard", en pleine Cévennes, elle nous en parle avec douceur et fragilité comme elle le faisait de Paris, jusqu'à l'album précédent (la capitale est totalement absente de Silver), sur fond d'air nostalgique, avec le whistle pour ponctuer les fins de phrases. Anne VANDERLOVE nous mène par la main en plein rêve fantastique, nous abreuve de légendes celtiques ("Le prince de Brocéliande"). Elle-même a toujours été une grande romantique, mais Silver lui donne une beauté inouïe.

Les bruyères de Birdhill fleurissent toujours, comme une chanson d'amour, Solitude-laser des anges éphémères dont tout le monde se fout, ces deux vers extraits de deux chansons pourraient avoir été écrits par deux artistes différents. Eh bien non, il s'agit d'Anne, simplement Anne, qui chante avec force et joue toutes les parties de guitares comme en 76, aussi inspirée que bien entourée par un minimum de musiciens. La délicatesse de "Amour ou ami" fait naître les larmes, comme ce "Livre d'images" agité par le vent et magnifiquement enchaîné au "Parfum des roses".

Ce disque est un bijou. Un de ceux qu'on ne devrait jamais égarer ni oublier. Avec La Sirène, cela fait deux pour Anne VANDERLOVE parmi les essentiels de la chanson française au féminin, et de surcroît, personnel, libre de ses choix musicaux.

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Anne Vanderlove (chant, guitare)
- Marc Ambrosia (synthétiseurs, basse, programmations)
- Erwan Le Gallic (flûte)
- Marion Limosino (violon)


1. Silver
2. Les Bruyères De Birdhill
3. Amour Ou Ami
4. J'te Vois Partout
5. Du Côté De St-jean-du-gard
6. Ballade Pour Eleanor
7. Le Prince De Brocéliande
8. Comme Les Fous De Bassan
9. Restez Petites, Petites Filles
10. Le Parfum Des Roses
11. Le Livre D'images
12. La Ballade Nord-irlandaise



             



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