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1969 Ad Gloriam
1971 Collage
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LE ORME - Collage (1971)
Par MARCO STIVELL le 11 Septembre 2019          Consultée 1204 fois

Le nouveau LE ORME met du temps à éclore. Après le premier album très flower-power et rock psychédélique en 1969, il faut du temps au trio Dei Rossi/Pagliuca/Tagliapietra pour opérer sa mutation.

Trio, effectivement, après avoir été un quintette. Le bassiste Claudio Galieti est appelé au service militaire et Aldo Tagliapietra choisit de le remplacer, tout en continuant de tenir la guitare. Quant au guitariste Nino Smeraldi, il s'éloigne du reste de l'équipe, sur base de divergences musicales. C'est le batteur Dave Baker (remplaçant temporaire de Dei Rossi en 1969) qui pousse Tony Pagliuca, entre-temps parti vivre à Londres, d'adopter une formule à la THE NICE. Chose amusante, un membre dudit groupe anglais, appelé Keith Emerson, est en train de fonder un trio, future emblème du rock progressif alors montant, EMERSON LAKE & PALMER. Sous l'impulsion de Pagliuca, convaincu du succès que pourrait avoir cette musique dans leur propre pays, LE ORME en devient une sorte d'équivalent en Italie, par la force des choses et avec le même effectif.

À sa sortie en 1971, Collage est extrêmement bien reçu par la critique et le public ; c'est le disque fondateur du genre rock progressif dans la langue de Verdi et un groupe venu de Sardaigne en reprend vite le nom. LE ORME, qui l'enregistre à Milan, bénéficie d'une belle mise en avant, pour avoir été signé par la maison de disques Philips.

Le disque mélange avec bonheur les quelques restes des années hippie, dont "Sguardo verso il cielo" par exemple demeure fortement imprégné, avec de l'improvisation typique à la PINK FLOYD période A Saucerful of Secrets ("Evasione totale"), et ce patchwork ballade folk/jazz-rock/thèmes grandioses hérités du classique qui fait la force du genre. La partie de clavecin solo sur le morceau "Collage" est d'ailleurs empruntée à SCARLATTI, compositeur baroque napolitain, et une de ses sonates les plus célèbres (la K380 en mi mineur, "vivo non molto").

Elle se fond dans une introduction instrumentale évocatrice d'un album aussi passionnant et créatif que ses morceaux sont courts. La batterie très dynamique de Michi Dei Rossi y contribue dès le départ. Les effets ajoutés sont rares, comme ces cuivres orchestraux venus renforcer la reprise du thème royal à la fin de "Collage". Le groupe se contente de modifier le son de la voix, de la basse (fuzz placé sur "Morte di un fiore"), des claviers. Pagliuca n'utilise pas encore le synthétiseur, mais les couleurs données à l'orgue et au piano électrique participent au climat du disque, y compris sur les ballades (ELP aussi, a vite trouvé le moyen d'user de tons décalés).

C'est surtout Aldo Tagliapietra, avec son chant plaintif et son envie de défendre sa langue natale, qui font l'identité LE ORME, à raison. L'italien, doux amer, fait d'élégance ferme et rocailleuse, séduit bon nombre de gens de façon naturelle et pas moins ici, alors que les textes restent sombres pour la plupart. "Era inverno" ("c'était l'hiver") est un des plus marquants, car un homme y dialogue avec une prostituée : la carte sensuelle et sexuelle, prêtée régulièrement comme un atout de la langue, est bien présente. L'orgue roi côtoie des arpèges de guitare 12 cordes, une partie cavalière fusion où la batterie s'affole ainsi qu'une marche baroque finale.

Si tout n'est pas miraculeux dans ce disque, il se distingue constamment par une ambiance forte, la capacité pour LE ORME à développer un propos qui tient l'auditeur en haleine, au point que celui-ci ne regrette même pas l'absence de longues fresques. Parmi les titres les plus longs (sept minutes), "Evasione totale" gagne en concision et le funèbre "Cemento armato", morceau chanté avec force et drame, nous mène joliment grâce à de savants crescendos, un orgue qui attend son heure... La fin de "Sguardo verso il cielo", où il file comme des avions, est remarquable, tout comme la solaire "Immagini", composée de strates de claviers, perle cachée de Collage. Toujours bon à réécouter !

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   MARCO STIVELL

 
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- Michi Dei Rossi (batterie, percussions)
- Aldo Tagliapietra (chant, basse, guitares acoustiques)
- Antonio Pagliuca (orgue hammond, piano électrique)


1. Collage
2. Era Inverno
3. Cemento Armato
4. Sguardo Verso Il Cielo
5. Evasione Totale
6. Immagini
7. Morte Di Un Fiore



             



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