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TÊTES RAIDES - Banco (2007)
Par RAMON PEREZ le 28 Décembre 2019          Consultée 1192 fois

Après avoir craché un bon coup sur Fragile, TETES RAIDES s’est dégagé les bronches. Retour apaisé et apaisant, de prime abord, avec Banco qui arrive deux ans après l’album rouge et noir, dans les tons chauds (en visuel et en auditif) auxquels le groupe nous a le plus souvent habitués. Absent à l’enregistrement précédent, l’accordéon ouvre cette fois-ci les débats avec un « Tam-tam » magnifique et subtil, admirablement bien construit. Au côté direct de son prédécesseur, répond cette fois-ci une recherche musicale bien plus fouillée, ce qui se fait parfois au détriment des paroles ainsi que des lignes de chant. Christian a peut-être voulu se faire plus discret. On retrouve ici le collectif musical à la richesse unique, inventive, à qui le fait de s’être précédemment astreint à un cadre plus limité a visiblement fait le plus grand bien.

Têtes Raides fait du Têtes Raides, il se trouve des gens pour le leur reprocher. Personnellement, cette idée ne me viendrait pas à l’esprit. D’abord parce qu’il le fait bien. Toujours avec beaucoup de subtilité, de relief, de souffle. Cet album est très joli. Mais aussi parce qu’il fait un peu plus que ça. Il y a d’abord un son très réussi, très clair, qui colle parfaitement avec le ton du disque. Le départ de leur batteur a peut-être entraîné ce petit changement dans la construction et l’enregistrement des morceaux. Pas encore officiellement remplacé, trois personnes officient derrière les fûts pour apporter chacun son toucher, souvent assez léger, permettant aux autres musiciens (ainsi qu’aux quelques invités) d’évoluer de façon aérienne, libérée.

Oui, c’est probablement l’album le plus léger de Têtes Raides. Mais au sens de la grâce, pas de l’inconsistance. Cette grâce, on la retrouve sans-cesse dans la subtilité des lignes mélodiques que les différents instruments suivent. Et aussi dans l’aspect résolument plus interculturel de Banco, qui propose de nombreux parfums d’ailleurs. Sans qualifier ce disque de world, il y a bien là une dimension qui n’était apparue que de façon très épisodique jusqu’ici dans leur musique mais bien plus présente ici. Dans « Expulsez-moi », chanson évidente à l’odeur d’orient, dont le texte défend lui aussi l’interculturalité en se moquant du penchant pour l’expulsion de notre pays en ce début de siècle. Mais aussi dans des morceaux plus inattendus, comme « Les autres » où surgit un superbe trait de guitare andalous plein d’inspiration.

L’orchestre n’oublie toutefois pas d’alourdir de temps à autre le propos pour diversifier encore davantage son effort. Il y a le très inconfortable « Les pleins », morceau peu aimable où le groupe se fait d’un coup oppressant. Il y a aussi quelques chansons dans la ligne de leurs années récentes, c’est-à-dire électrique. Si l’album se fait le plus souvent acoustique avec des titres à l’évidence joués sans micros, Têtes Raides n’en rejette pas pour autant son côté électrique, à l’inverse de ce qu’il avait pu faire une dizaine d’années auparavant. Le morceau-titre garde ainsi cette couleur. Ou encore « Plus haut », avec son refrain binaire appuyé par OLIVIA RUIZ qui a donc l’honneur de figurer sur un album du groupe dont elle affichait fièrement le tee-shirt durant ses aventures télévisées (après avoir invité plusieurs fois Christian OLIVIER dans ses propres enregistrements).

J’aime beaucoup Banco, tu l’as compris. Mais il ne serait qu’un bon album de plus s’il n’y avait ce moment immense qui surgit de façon impromptue vers la fin pour le faire basculer dans une autre dimension. Têtes Raides va chercher un de ses morceaux les plus ahurissants dans la Suède des années 50. Quelques notes de flûte amorcent une lecture d’une vingtaine de minutes de l’écrit intégral de Stig Dagerman : « Notre besoin de consolation est impossible à rassasier ». Un texte incroyable qui réussit le tour de force d'aborder tous les sujets en quelques minutes. La condition humaine, la nature, la société, la liberté, l’oppression, le bonheur, le désespoir… Christian a dit que ce texte lui avait mis des baffes à chaque page. Baffes qu’il se fait un plaisir de porter à son tour à l’auditeur. Sa lecture est maitrisée, prenante. Pleine de tension, habilement soutenue par le groupe qui monte un accompagnement paraissant facile au premier regard (deux accords) mais qui se révèle un terrain de jeu incroyable. Dans ce morceau, Têtes Raides fait une éclatante démonstration de son talent, de son savoir-faire et de sa force, dans une sorte de transe trouvant son exutoire avec un final libérateur nous laissant plus forts, plus vivants qu’au début.

Le dernier morceau, plein de souffle, se donne la peine de nous faire un peu redescendre avant la fin. Cette conclusion se veut plus optimiste, volontariste, ce qui est finalement un propos qui colle bien à l’album. Quand j’arrive à la dernière note, je me sens toujours mieux qu’au lancement du disque. Plus léger, motivé. J’ai un peu grandi en une heure. Je suis prêt à retourner dans le combat de la vie. Il y a peu d’albums de cette trempe quand même. Je dis banco.

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   RAMON PEREZ

 
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1. Tam-tam
2. La Bougie
3. Expulsez-moi
4. Banco
5. J'ai Menti
6. Les Autres
7. Ici
8. Les Pleins
9. Plus Haut
10. Notre Besoin De Consolation Est Impossible à Rassa
11. On S'amarre



             



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