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MAGNUM - The Serpent Rings (2020)
Par BRADFLOYD le 7 Avril 2020          Consultée 2286 fois

21ème album studio du groupe sorti le 17 janvier 2020, The Serpent Rings permet d’introduire Dennis WARD (ex-PLACE VENDOME et PINK CREAM 69 entre autres) à la basse, après que son prédécesseur de longue date, Al BARROW, a quitté le groupe en juin 2019. Cela fait quarante-huit ans que le duo Catley / Clarkin produit des albums globalement réussis, même si du côté de notre belle France, la côte d’amour n’a jamais été particulièrement haute, plutôt étrange lorsqu’on apprécie la constante qualité de production et d’écriture de l’ensemble de leur discographie.

Alors, que donne cette nouvelle production ? Est-elle la suite logique des précédentes œuvres de MAGNUM, malgré les changements de personnels réguliers depuis plusieurs albums ? A priori oui, et la note attribuée n’ira pas à l’encontre de cette appréciation.

Dès le premier titre, on entre dans le vif du sujet. "Where Are You Eden" s'ouvre sur des cordes d'orchestre de chambre en staccato renforcées par les caisses claires de MORRIS avant que Rick BENTON n’entre avec ses accords d'orgue et de synthés et que CLARKIN ne délivre un riff mélodique bien gras. Et quand CATLEY commence à chanter, c'est comme si le temps n’avait pas de prise. Nous sommes en 1985, nous sommes en 2002. Et cela fait du bien. Nous sommes en terrain connu. Les claviers nous enveloppent, le piano se fait entendre, martelant ses notes, le titre jouant le grand 8 avec des moments lyriques interrompant la lourdeur des riffs de la guitare. Très belle entrée en matière.

Et comme si cela ne suffisait pas, les titres suivants nous maintiennent en tension avec cette science de la mélodie des deux compères. Dans "You Can't Run Faster Than Bulle", la guitare, sans en faire des tonnes, répond aux claviers qui sont les maîtres du jeu jusqu'au moment du solo. CLARKIN n’a jamais été un très grand technicien. Mais ses notes sont choisies et montrent, encore une fois, son extrême sensibilité, entre prog et blues, même si la fin du morceau n’est pas à la hauteur de ce qui précède. Pour "Madman Or Messiah", on a l’impression d’entrer dans un titre de SUPERTRAMP par le couplet avant que la guitare n’intervienne et ne change la couleur de la chanson. Les chœurs harmoniques du pont sont magnifiquement conçus et travaillés, d’autant plus qu’ils sont suivis d’un solo fort agréable de CLARKIN. Le seul problème est la difficulté du groupe à terminer certaines de ses chansons les plus lyriques. Là encore, les notes finales ne sont pas trop celles attendues. Dommage.

L’album ne contient pas de temps faibles. Même si certains titres emportent plus facilement l’adhésion, le niveau d'intensité reste très cohérent. "Not Forgiven" contient un riff très typé 70’, une basse qui ronronne, puis l’orchestration par l’introduction du piano sur le gras de la guitare transforme ce titre qui s’alourdit par un changement de rythme sur le refrain. La piste est conçue pour mettre les spectateurs en transe durant les futurs concerts (malheureusement, la France est encore une fois oubliée), et il faut bien reconnaître que ça marche. Et puis, le morceau éponyme, placé au milieu, nous en offre plein les oreilles. "The Serpent Rings" se construit tranquillement avant d’attaquer son premier refrain. C’est le moment épique de l’album, avec des changements de rythmes, des trouvailles sonores comme un koto japonais à partir de la cinquième minute, des cordes donnant à ce titre un caractère symphonique et une guitare qui joue sur les notes longues, privilégiant l’émotion à la cavalcade. De même, les accords inattendus du piano dans le couplet de "The Last One on Earth", le titre le plus court de l’album, contrastent avec un refrain mémorable. Ce titre surprend par son regard nostalgique sur la vie quand le soleil se couche pour toujours et que la terre périt. "House of Kings" marie un son rock lourd à un solo de piano de BENTON mâtiné de jazz. Ce mélange est fort étonnant, avant que le refrain très rock ne reprenne, soit suivi par un solo très aérien de CLARKIN et qu’un saxophone ne vienne clore les débats d’une dissonance autant inattendue que bienvenue.

"The Great Unknown" qui traite du Brexit surprend l'auditeur par ses contrastes mélodiques et rythmiques. Slow, rock lourd ? Nous naviguons entre ces deux eaux en permanence pour la grande interrogation des Britanniques sur leur avenir dans le concert international. Comme toujours, chez MAGNUM, les paroles alternent la Fantasy et le concret, à l'exemple du titre « Man », un morceau bien lourd contenant une progression d’accords étonnants et des changements de rythmes réguliers entre couplets, refrains et pont, ces alternances donnant à ce titre toute son originalité. Là encore, le solo de CLARKIN est lyrique à souhait. Comment fait-il pour avoir autant de feeling ?

Enfin, nous atteignons l’heure, sans ennui aucun, avec "Crimson On The White Sand", une ballade au refrain particulièrement puissant, dont la guitare se marie, là encore, avec l’espace sonore tissé par l'orchestre de cordes pour un moment fort en émotions. C’est le seul titre où CLARKIN tricote sur la fin, à sa manière (ce n’est pas un shredder, quand même).

Certains critiques musicaux reprochent à MAGNUM son manque d’originalité au point d’en devenir rébarbatif. Peut-être, n’apprécient-ils pas les productions de ce groupe. Soyons clair : oui, en écoutant cet album, l’auditeur est en terrain connu. Mais que demande-t-on à ce type de groupe, après 50 ans de carrière, sinon qu’il ne se renie pas ? Pas de temps faibles dans ce disque, des titres à tiroirs, peut-être une des meilleures productions depuis la reformation de 2002 (on pourrait mettre en parallèle "Princess Alice and the Broken Arrow" sorti en 2007). Et les changements de line-up ne transforment pas l’ADN de ce groupe qu’on écoute toujours avec autant de plaisir. Que demande le peuple ?

Note réelle : 4,5/5

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   BRADFLOYD

 
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- Bob Catley (chant)
- Dennis Ward (basse)
- Lee Morris (batterie)
- Rick Benton (claviers)
- Tony Clarkin (guitares)


1. Where Are You Eden?
2. You Can’t Run Faster Than Bullets
3. Madman Or Messiah
4. The Archway Of Tears
5. Not Forgiven
6. The Serpent Rings
7. House Of Kings
8. The Great Unknown
9. Man
10. The Last One On Earth
11. Crimson On The White Sand



             



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