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1973 Tempest
1974 Living In Fear

TEMPEST [UK] - Tempest (1973)
Par LE KINGBEE le 8 Mai 2020          Consultée 1547 fois

On peut se demander ce qui se passe dans la tête de Jon HISEMAN♠, Dick HECKSTALL-SMITH (deux anciens équipiers du GRAHAM BOND ORGANISATION) et de Mark CLARKE lorsqu’ils décident de stopper l’aventure COLOSSEUM en octobre 1971. Cet arrêt brutal interpelle d’autant plus que ce groupe pionnier du Jazz Rock Prog a reçu des éloges favorables de la critique avec « Valentyne Suite », premier disque du label Vertigo qui allait se classer à une excellente 15ème place dans les charts anglais.

Après de nombreux concerts, quatre albums studio et un double Live, l’aventure s’arrête là. HECKSTALL-SMITH part rejoindre Alexis KORNER puis Pete BROWN ; le bassiste Mike CLARKE se produit brièvement au sein d’URIAH HEEP tandis qu’HISEMAN retourne pour un temps auprès de John MAYALL, participe au premier disque de Dave COUSINS tout en accompagnant le claviériste allemand Wolfgang DAUNER. Quand il a un peu de temps, le batteur épaule la saxophoniste Barbara THOMPSON (Madame Hiseman à la ville). Mais l’idée de reformer un nouveau groupe ne tarde pas à germer dans l’esprit de Mark CLARKE et HISEMAN. Les deux hommes s’apprécient et ont formé une section rythmique solide et novatrice.
Les deux musiciens font appel au chanteur Paul WILLIAMS∆ (ex Zoot MONEY, John MAYALL) qui vient d’arrêter avec JUICY LUCY. Le guitariste Allan HOLDSWORTH▪ (ex SUNSHIP, NUCLEUS) vient grossir le tableau. Le quatuor hésite à incorporer un organiste mais Paul WILLIAMS accepte cette tâche supplémentaire, tout en officiant à la guitare acoustique. Le groupe se rôde brièvement à Londres et dans le sud de l’Angleterre avant de décrocher un contrat avec Gerry Bron, propriétaire du label Bronze avec lequel COLOSSEUM a déjà collaboré. En novembre 1972, le groupe est envoyé dans les studios de l’Air London Recording, célèbre studio d’enregistrements fondé par George Martin. Si Jon HISEMAN tient à produire le disque, c’est une manière pour lui de garder la main sur la direction artistique. Martin et Bron décident de confier le groupe à John Punter, un jeune ingénieur du son qui vient de faire ses preuves auprès de SAVOY BROWN, CARAVAN et PROCOL HARUM. Punter et Denny Bridges, un débutant qui vient d’enregistrer Kiki DEE et le groupe THIRD EAR BAND décident d’expédier TEMPEST au studio one, lieu favorisant la dimension orchestrale et cosmique.

En dehors de « Upon Tomorrow », une ancienne création du tandem Clem Clemson/Jon Hiseman composée du temps de COLOSSEUM mais jamais enregistrée, le disque s’articule sur sept nouvelles chansons coécrites pour la plupart par les trois instrumentistes. Seuls « Up And Go » composé par le contrebassiste John Edwards et Holdsworth-Smith et « Grey And Black » issu de Mark Clarke et de sa femme Susan Bottomley échappent à la tendance.

Si la guitare acoustique de Paul WILLIAMS ouvre les hostilités avec « Gorgon », le chanteur guitariste délivre une plainte presque liturgique avant que le chant ne se durcisse nettement sous couvert d’une guitare tranchante et d’une batterie qui n’a de cesse de relayer la guitare. « Foyers Of Fun » nous oriente maintenant vers la tonalité générale de l’album : un assemblage de Fusion, de Jazz et de Rock Prog très légèrement teinté d’Heavy Blues, mais contrairement à la majorité de la scène de Canterbury, le répertoire s’annonce clairement plus nerveux et se rapproche parfois du Hard. La guitare d’HOLDSWORTH se montre souvent tranchante alors que Paul WILLIAMS parvient à rivaliser avec James LITHERLAND et Dave GREENSLADE, ses prédécesseurs chez COLOSSEUM, avec un timbre plus agressif.
A contrario des nombreux groupes britanniques issus de l’Ecole de Canterbury, TEMPEST s’écarte du répertoire classique du Rock Prog anglais de l’époque en boostant le son de la guitare et la rythmique. Le rôle du clavier se trouve placé en arrière garde. Autre distinguo important : si les lignes mélodiques sont toujours privilégiées, le groupe tisse une trame s’apparentant quelque peu au scénario d’un opéra prog à l’instar de ce que ne tarderont pas à produire STYX ou KANSAS, deux groupes issus de l’école américaine. Sur « Brother », si les claviers sont toujours présents, ils ne distillent qu’un doux nappage, c’est encore une fois la batterie et la guitare qui portent le titre. Schéma quasi identique sur « Up And On » avec un chant qui insufle une intensité dramatique allant crescendo au fil des secondes.
Le groupe opère un virage à 90 degrés avec « Grey And Black », Mark CLARKE prend le relai au micro tandis que les claviers pourraient cette fois ci s’insérer dans les futurs « Point Of No Return » de KANSAS ou le « Going For The One » de YES. Chassez le naturel, il revient au galop comme en atteste « Strangeher », le chant se fait toujours volontaire et la guitare est parfois sur le point de s’enflammer pour un canevas bien plus proche de DEEP PURPLE que des groupes de Rock Prog qui inondaient alors le marché. Le disque s’achève sur « Upon Tomorrow », morceau le plus long du disque avoisinant presque 7 minutes. Là, Allan HOLDSWORTH délivre une véritable prouesse tant au violon électrique qu’à la guitare, tandis que le batteur, fidèle à son habitude, n’a de cesse de marteler la chanson comme le forgeron chauffe le fer. Si le début du morceau nous confinerait presque dans une atmosphère à la PONTY, le tempo s’accélère peu à peu pour s’enfoncer dans un Jazz Rock digne du MAHAVISHNU ORCHESTRA de John McLaughlin.

Afin de promouvoir le disque, TEMPEST se produit en première partie des concerts de l’Irlandais Rory GALLAGHER, ce dernier appréciant le jeu de guitare d’Allan HOLDSWORTH et les énergiques baguettes d’HISEMAN. Terminons ce panorama par la pochette. Fabio Nicoli, designer connu pour ses futures pochettes de SUPERTRAMP et Joan ARMATRADING, réussit à convaincre l’illustrateur Mati Klarwein⃰ de participer à l’ouvrage. Parfois présenté sous le titre de « Jon Hiseman’s Tempest », le disque propose une pochette avant marquée par les influences surréalistes, Psyché et Culture Pop du peintre allemand. Le parfait contrepoint au visuel dorsal de Fin Costello, photographe attitré du label Bronze et auteur de la pochette de « Made In Japan » de DEEP PURPLE.

Ce premier disque se situe à la croisée des chemins entre Jazz Rock, Rock Prog et un Hard parfois novateur. Pour schématiser, mettez dans un cocktail une pincée de KANSAS, de STYX et de YES, quelque goutes de KHAN et de GONG, un zest de THIN LIZZY et de DEEP PURPLE, quelques filaments d’ATOMIC ROOSTER et une grosse rasade de COLOSSEUM, secouez bien fort, laissez reposer et vous n’avez plus qu’à déguster cette douce fusion qui vous brule par moment le gosier.

Note réelle 3,5.

♠ Jon Hiseman est décédé en 2018, juste une semaine avant ses 74 ans d’une tumeur au cerveau.
∆ Paul Williams est décédé en mars 2019 à 78 ans perdant son combat contre le cancer. Son aversion pour l’avion ne lui aura jamais permis de rencontrer un grand succès.
▪ Allan Holdsworth est décédé à 71 ans en avril 2017. On le retrouve comme accompagnateur dans de nombreux groupes : SOFT MACHINE, Jean-Luc PONTY, KROKUS, Jack BRUCE et LEVEL 42.
⃰ Mati Klarwein s’est éteint en 2002 à 69 ans sur l’ile de Majorque. Il reste le dépositaire de pochettes mémorables : « Last Days and Time » (Earth Wind & Fire), « Laid Back » (Gregg Allman), « Beck » (Joe Beck), « Head » (Osibisa), « Bitches Brew » et « Live Evil » (Miles Davis), « New Generation » (The Chambers Brothers) et la plus connue « Abraxas » de Santana.

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   LE KINGBEE

 
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- Jon Hiseman (batterie, percussions)
- Allan Holdsworth (guitare, violon, chœurs)
- Mark Clarke (basse, chant 6)
- Paul Williams (chant, guitare, claviers)


1. Gorgon
2. Foyers Of Fun
3. Dark House
4. Brothers
5. Up And On
6. Grey And Black
7. Strangeher
8. Upon Tomorrow



             



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