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ZYDECO  |  LIVE

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2000 Give Him Cornbread, Live!

Beau JOCQUE - Give Him Cornbread, Live! (2000)
Par LE KINGBEE le 18 Juin 2020          Consultée 788 fois

De son vrai nom Andrus Espre, Beau JOCQUE naît en 1953 à Duralde (Louisiane) le fief d’Alphonse « Boisec » ARDOIN. Une bourgade entre Ville Platte et Eunice, pour mieux vous situez. Si son père Sandrus s’est taillé une solide réputation d’accordéoniste, Andrus ne s’intéresse ni au Zydeco ni au mélodéon. Adolescent, il se met à la guitare, intègre le groupe de son collège et se passionne pour ZZ TOP, SANTANA et James BROWN, plus en phase avec les tendances du moment.

Après avoir terminé ses études, il s’engage dans l’Air Force, devient garde du corps de l’ancien secrétaire d’état Henry Kissinger et voyage à travers la planète pendant neuf ans.
Lassé par une vie trop rigide, il regagne ses pénates à la fin de son contrat avec l’Oncle Sam. En 1987, il embrasse le métier d’électricien puis devient soudeur dans une raffinerie. Victime d’un grave accident qui le laisse à moitié paralysé, Andrus se refait une santé chez ses parents. L’homme broie du noir et son paternel désireux de le sortir de son quotidien le pousse au défi de se lancer dans l’apprentissage de l’accordéon.
L’ancien soldat étudie le répertoire des grands maîtres (Clifton CHENIER, Buckwheat ZYDECO, John DELAFOSSE, et Boozoo CHAVIS). Au bout de trois ans, l’accordéon n’ayant plus de secret pour lui, il commence à écumer les tavernes et les clubs de la région. Sous le nom de Beau JOCQUE, l’accordéoniste intègre de nouvelles influences comme le Hip Hop, le Rap et de la Néo Soul. Parallèlement, il sort des sentiers battus en incorporant des textes plus proches du quotidien : il n’hésite pas à aborder les problèmes environnementaux ou politiques, la vie sociale, le monde du travail. Ces divers apports lui valent d’attirer une nouvelle génération d’auditeurs.

A l’orée des nineties, ses prestations scéniques attirent l’attention de Scott Billington, patron du label Rounder, persuadé que l’accordéoniste peut redynamiser le registre Zydeco. En 1993, il enregistre son premier opus « Beau Jocque Boogie » épaulé par son orchestre The ZYDECO HI ROLLERS. La presse louisianaise et certaines revues spécialisées tentent de le mettre en concurrence avec Boozoo CHAVIS pour s’accaparer la couronne du Roi du Zydeco, un trophée hautement symbolique ayant notamment couvert les têtes de Clifton CHENIER et Rocking DOPSIE Sr. La réalité est tout autre, s’il leur arrive de se lancer quelques pics pour faire le buzz et entretenir la flamme et l’intérêt de certains amateurs, le vétéran et le nouveau venu s’apprécient. Beau JOCQUE reprendra du reste quelques titres de Boozoo CHAVIS.

L’accordéoniste continue à nourrir une discographie de qualité pour les labels Rounder et Mardi Gras. En 1994, il apparaît dans le documentaire réalisé par Robert Mugge « The Kingdom of Zydeco ». Beau Jocque multiplie les concerts, il sera programmé au New Orleans Jazz & Heritage Festival. En 1995, alors qu’il termine une tournée avec la pianiste Marcia BALL, Beau est victime d’un malaise cardiaque, la presse le tient pour mort pendant quelques jours. L’accordéoniste refait surface et enregistre encore trois albums.
Le 9 septembre, 1999, il offre devant une salle bourrée à craquer une solide prestation avec son orchestre au Rock n Bowl. Beau JOCQUE se voit terrassé le lendemain à son domicile, victime d’une crise cardiaque foudroyante.

Redoutable accordéoniste, pratiquant aussi bien l’accordéon à boutons que les doubles et triples rangs (accordéon piano), Beau JOCQUE, malgré une carrière assez courte, s’est imposé comme le chef de file du New Zydeco. Ce grand showman a su s’appuyer à la fois sur un répertoire traditionnel mais aussi sur des ingrédients plus novateurs lui valant la reconnaissance d’un public plus jeune.

« Give Him Cornbread, Live » est comme son titre l’annonce clairement un album enregistré en public au Habibi Temple de Lake Charles en septembre 93. Il s’agit donc d’un CD posthume édité par Scott Billington. Profondément marqué par le décès de l’accordéoniste, le producteur décidait de sortir un album Live, trois mois après le décès du principal intéressé, qui retranscrit pleinement tout le groove et la dynamique d’un groupe déjà au sommet de sa forme. Au sein des Zydeco Hi Rollers, on retrouve une solide équipe rompue aux crawfish circus et plus généralement à la scène louisianaise : le guitariste Ray Johnson (futur Clarence « Gatemouth » BROWN, Chris ARDOIN, Rosie LEDET), le bassiste Chuck BUSH (futur Sean ARDOIN, Andre THIERRY, Geno DELAFOSE, Rosie LEDET), le batteur Steve « Skeeta » CHARLOT (futur Roy CARRIER) et le frotteur Wilfred « Caveman » PIERRE (futur Geno DELAFOSE).

En introduction, Beau JOCQUE et les ZYDECO HI ROLLERS sont présentés par Lawrence « Black » ARDOIN, le rejeton de « Boisec » ARDOIN. Bien sûr, malgré une excellente prise de son, on ne parvient pas à se rendre véritablement compte de la présence de l’accordéoniste, un vrai colosse de presque 2 mètres pour 130 kilos. Le concert débute avec « Give Him Cornbread », l’un de ses premiers succès, un two step endiablé dans lequel les Hi Rollers répondent à la supplique de leur leader qui ne demande qu’une chose, pouvoir déguster son Cornbread (un pain de viande). Basse hyper ronde, washboard qui ne lâche pas la cadence une seule seconde, un phrasé de guitare groovy, une voix grondante et quelques paroles en old french ne cessant de relancer la machine avec des « Juste comme ça ! ». Le rythme s’intensifie (comme si cela était possible) avec « Bad Bad Woman », un two step de Boozoo CHAVIS. Le colosse ralentit quelque peu la cadence, probablement pour que l’assistance puisse laisser reposer ses soupapes, avec « Beau Jocque Boogie », une compo qui allie two step et Boogie Zydeco. Quand on tend bien l’oreille, on découvre quelques double kicks de grosse caisse venant relancer le chant.
Mais si le groupe demeure adepte d’un répertoire au tempo souvent virevoltant et plein de peps, il ne renie jamais les traditions La preuve avec « Grand Marais », un vieux trad' cajun joué dès les années 20 par le violoniste Narcisse CORMIER et repris avec succès par Dennis McGEE.
Le rythme ne faiblit pas et si « Damballah » s’annonce plus bluesy, tous les ingrédients du Zydeco sont là avec encore une fois des chœurs qui répondent sous forme de refrain au chanteur principal, un procédé destiné à maintenir la tension et à prolonger une cadence sous forme de transe, principe utilisé dans certains spirituals.
Si Clifton CHENIER est considéré à juste raison comme le Maître du Zydeco Blues, les HI ROLLERS nous offrent une petite pépite avec « Brownskin Woman », un slow blues mélodieux dans lequel accordéon et guitare s’entrelacent pour notre plus grand plaisir. Avec « Boogie Chillen », le combo tempère quelque peu ses ardeurs sur ce Boogie Zydeco hommage à John Lee HOOKER. Autre titre issu du Blues avec « Baby Please Don’t Go », standard de Big Joe WILLIAMS que Clifton CHENIER revisitait dès le milieu des sixties à la sauce créole. Le son devient plus roots avec « Nonc Adam », autre titre du répertoire cajun repris dans les années 2000 par Jamie BERGERON, Sean VIDRINE ou les MAGNOLIA SISTERS. Le groupe nous délivre sa première valse avec « I Went To The Dance Last Night ». C’est tout de même plus rythmé que la Dernière Valse de Mireille MATHIEU. Le concert s’achève avec « Do It All Night », un two step de Boozoo CHAVIS influencé par le « All Night Long » de Clifton CHENIER. Là, l’accordéoniste laisse la part belle à son orchestre, chaque membre ayant droit a son petit solo, formule très appréciée dans les concerts de Zydeco.

Si certains lecteurs sont amateurs du réalisateur Walter Hill, ils pourront se remémorer la scène finale de « Southern Confort » (Sans Retour) dans laquelle Powers Boothe et Keith Carradine tentent de sauver leur peau alors qu’ils sont les acteurs involontaires d’une kermesse cadienne. Cette séquence retranscrit parfaitement l’ambiance de ce live plein de peps, de rythmes et de joie de vivre. A déguster avec une fricassée d’écrevisses et une bière bien fraîche, à défaut d’un gros pain de viande !

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   LE KINGBEE

 
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- Beau Jocque (accordéon, chant)
- Ray Johnson (guitare)
- Chuck Bush (basse, chœurs)
- Steve 'skeeta' Charlot (batterie, chœurs)
- Wilfred 'caveman' Pierre (frottoir, chœurs)


1. Introduction By Lawrence Ardoin
2. Give Him Cornbread
3. Bad Bad Woman
4. Beau Jocques Boogie
5. Baby Please Don't Go
6. Grand Marais
7. Damballah
8. Gardez Donc!
9. Brownskin Woman
10. Nonc Adam
11. Boogie Chillen
12. I Went To The Dance Last Night
13. Do It All Night



             



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