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BONEY M - Love For Sale (1977)
Par LE KINGBEE le 7 Décembre 2020          Consultée 2172 fois

Dans la foulée de "Take The Heat Off Me", BONEY M et leur mentor Frank Farian enchaînent aussitôt avec un second opus. En peu de temps, les singles du groupe accaparent les ondes radio de toute la planète (le groupe marchera nettement moins aux Etats-Unis). Ce second opus reprend les recette et ingrédients de la précédente galette : des compositions dont deux hits caracolant en tête des classements et des reprises qui ratissent large mais demeurent confinées dans une palette résolument Disco.

Aujourd’hui, la pochette avant du disque serait probablement la proie de nombreux mouvements féministes. Lors de sa sortie, certaines maisons de disques de pays moins open que les éditeurs européens hésiteront même à intervertir le visuel avant et le dorsal. En effet, on s’étonne de voir ces trois femmes nues sous le joug d’un Bobby Farrell juste affublé d’un mini slip argenté, une panoplie digne d’un extraterrestre à l’égo démesuré. Cette pochette ridicule inspire un fort sentiment de soumission de la part de la gente féminine. Mais on peut avoir aujourd’hui une autre vision quand on regarde la stature de Bobby Farrell, bâti comme une bouteille Saint Galmier. Heureusement, le ridicule ne tue pas, parait-il !

Remettons "Love For Sale" dans son contexte : l’année 1977 est marquée par l’inauguration de Centre Georges Pompidou, le Printemps de Bourges lance son premier festival et l’année se termine tristement avec le décès de René Goscinny, l’un des créateurs d’Astérix. Musicalement, si VOULZY avec "Rockollection", SARDOU avec "La java de Broadway", Michel DELPECH ("Le Loir et Cher") ou Marie Myriam qui vient de glaner l’Eurovision avec "L’oiseau et l’enfant" font de la résistance, le Disco s’implante durement souvent par le biais de groupes montés de toutes pièces. Le pire, c’est que dans notre contrée, si le groove ne fait pas partie de nos racines, on a plein d’idées. En quelques mois, plusieurs productions Disco françaises vont réussir à tenir le haut du pavé en matière de ventes et de passages radio. SHEILA & Black Devotion avec "Love Me Baby", JUVET qui de demande "Où sont les femmes?", CERRONE avec "Give Me Love" ou Jennifer avec "Do It For Me » parviennent à tirer leur épingle du jeu face à Gloria GAYNOR, Donna SUMMER, étant même à l’origine de ce qu’on va appeler le French Sound. C’est simple, même l’actrice italienne Claudia Cardinale essaie de rentrer dans la danse avec "Love Affair", titre affligeant. En 77, on baigne dans le Disco, genre qui embrase les pistes de danse et les soirées privées.

Ce n’est pas parce que BONEY M inonde les ondes radios en accumulant les cartons via la vente monstrueuse de quelques singles que ceci est gage de qualité, bien au contraire. Le titre de ce disque retranscrit à lui seul une époque, celle où tout ou presque était permis. Comme si l’amour pouvait se vendre ! Autre phénomène, on a ici entre les mains un disque où celui qu’on croit être le chanteur et le leader de la troupe ne chante pas. Farrell est juste bon à faire du playback, à se trémousser sur scène ou à la télé. Pour paraphraser Coluche au sujet d’un de nos chanteurs, Farrell c’est pas lui qui chante mais c’est lui qui danse.

Musicalement, le disque bénéficie d’une production forte et surtout de passages intensifs à la radio et sur les chaînes de télévisions européennes. Tout est fait pour attraper le chaland à travers des shows suggestifs. Le disque regroupe habilement cinq compositions de Frank Farian qui viennent se greffer à cinq reprises plus ou moins réussies donnant l’impression qu’on a ratissé large et au petit bonheur-la-chance.
Hormis "Ma Baker" (on n’y reviendra plus bas), aucun de ces nouveaux titres ne parvient à investir les classements. "Motherless Child" évoque les faces B de Baccara, duo féminin espagnol de la mouvance Disco. Au bout de vingt secondes de guitare funky, "Silent Lover" finit par lasser, lorgnant carrément sur les faces les moins réussies de Marc CERRONE. Avec un léger fumet d’influences hispaniques, "A Woman Can Change A Man" fait penser à du sous Santa Esmeralda. "Gloria Can You Waddle" se révèle plus dense et parviendrait presque à faire danser n’importe quel amateur de dancefloor, mais le morceau n’est en fait qu’une variante inférieure de "Do You Wanna Bump", Farian se contentant ici de reprendre les mêmes ingrédients. Parmi les originaux, seul "Ma Baker" réussit à retenir l’attention des disc-jockeys et des programmateurs radio, le titre accédant à à la seconde place de nombreux classements européens, coiffé sur le poteau par le "I Feel Love" de Donna SUMMER.
Si d’un côté "Ma Baker" lorgne sur "Daddy Cool" en reprenant des gimmick de percussions assez proches et le fameux jeu des questions/réponses, le titre n’est autre qu’un pompage manifeste de "Sidi Mansour", une chanson folklorique tunisienne transformée à la sauce Disco par Mohammed Hanesh deux ans plus tôt, le single étant alors édité par Ariola. Pour le texte, Fred Jay, un auteur tyrolien tournant dans le giron de Farian, s’inspire de l’histoire de Ma Barker, célèbre cheffe d’un gang familial et américain ayant marqué les années trente. Pour faciliter le tempo et la rime, Ma Barker se transforme en Ma Baker. Avec son intro vocale de petite fille genre Betty Boop, "Ma Baker" demeure l’un des gros succès du groupe. Le titre sera repris par Milli Vanilli, un groupe d’imposteurs créé par Farian. La version du L.P ne correspond pas, malgré une erreur typographique sur le durée, à la version du single. En 2020, il ne se passe pas une soirée dansante sans que des danseurs se trémoussent sur ce rythme obsédant : "Freeze I'm ma Baker -Put your hands in the air and give me all your money… ".

En dehors de ces cinq titres ayant germé dans le cerveau du producteur teuton, un autre titre coécrit cette fois par le trident Drafi Deutscher/ Joe Menke/Jimmy Bilsbury (ancien membre des Humphries Singers) accède aux plus hautes marches des hit-parades européens avec "Belfast". Initialement intitulée "Londonderry", la chanson avait été composée pour Marcia Barrett. Comme le titre semblait plaire au public lors des concerts donnés par le groupe, Farian décide d’enregistrer la chanson en single. Craignant que les paroles divisent la clientèle britannique, le producteur rebaptise la chanson en "Belfast" et prend soin de la faire enregistrer par Gilla, une chanteuse autrichienne du label Hansa, en langue allemande. Le morceau connaissant un petit succès en Allemagne, Farian en producteur avisé la fera enregistrer par Boney M. La construction de ce titre l’apparenter à certains tubes d’ABBA.

Les reprises proposent un visage des plus éclectiques, Vieux titre de Cole Porter, "Love For Sale" non content de donner son titre à l’album a été repris à toutes les sauces. Si cette bluette sentimentale à l’eau de rose a fait le bonheur de multiples ensembles dans les années trente, elle tombe plus tard dans le sac à main de nombreuses chanteuses de Jazz (Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Dinah Washington) avant d’atterrir dans diverses productions Soul (Aretha FRANKLIN, Marvin GAYE, Eartha Kitt). Si Jane Birkin l'avait reprise en 1975 avec des arrangements novateurs, là c’est une version bien évidemment Disco remplie de violonades et d’effets qu’on nous propose. Une version certainement plus dansante que certaines interprétations issues du Jazz mais qui ne fait pas avancer le Schmilblick.
Si vous êtes fan de CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL, la reprise de "Have You Ever Seen The Rain" risque d’influer sur votre bonne humeur. Sous prétexte de faire danser, Farian et sa bande de branquignoles massacrent allègrement cette belle chanson. A la décharge du groupe, avouons qu’il ne sera pas le premier à s'y casser les dents. On conseille les covers d’Allison Moorer, chanteuse de Country Alternative et petite sœur de Shelby Lynne, ou celle plus récente de Janiva MAGNESS. Autre reprise avec l’obscur "Plantation Boy", seconde création de Fred Jay. A l’instar de "Belfast", la chanson avait été préalablement enregistrée par Gilla, excellente dans son rôle de cobaye. Si la guitare et la ligne de basse introduisent de bonne manière le morceau, celui-ci tombe en friche au bout de 25 secondes pour laisser place à un mid-tempo dans lequel Reggae, Folk et Disco viennent s’emboîter sans réussite notable. Donna SUMMER avec son "Love To Love You Baby" et ses gémissements plus que suggestifs avait indubitablement permis la formation de nombreux couples. Si le registre Disco invite à la danse, il n’interdit aucunement les chansons douces, les ballades ou les slows, c’est ainsi que l’album s’achève sur un morceau aussi doux qu’incongru. On peut en effet se demander par quelle opération du Saint Esprit, "Still I’m Sad", une ballade des YARDBIRDS vient figurer dans le disque ? Le titre avait fait l’objet d’une bonne reprise Jazzy et instrumentale de MANFRED MANN avant d’être revisité par RAINBOW dans une coloration plus dynamique. Paradoxalement, si on ne s’attend pas à retrouver un tel morceau ici, avouons que Boney M nous délivre une reprise somme toute potable. On regrette juste les chœurs parfois intempestifs, les cordes qui telles les étoiles de la chanson finissent par nous tomber sur le râble alors que la guitare de l’anglais Nick Woodland (déjà entendu auprès de Sahara, Silver Convention, Herbie Mann et Donna Summer) ne parvient pas à rivaliser avec celle de Jeff BECK, mais on s’y attendait un peu.

En conclusion, hormis le tube "Ma Baker", le quelconque "Belfast" qui a la préférence des midinettes et des programmateurs et, dans une moindre mesure, "Gloria Can You Waddle", il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent ici. Mais Boney M, groupe fabriqué de toute pièce par Frank Farian producteur mégalo, a vendu ce disque par wagons.

Note entre 1,5 et 2.

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   LE KINGBEE

 
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- Liz Mitchell (chant 2-4-6-7-9-10, chœurs 1-3-5-8)
- Marcia Barrett (chant 3-8, chœurs 1-2-4-5-6-7-9-10)
- Frank Farian (chant 5, chœurs)
- Linda Black (chant 1)
- Bill Swicher (chant 1)
- Nick Woodland (guitare)
- Johan Daansen (guitare)
- Gary Unwiin (basse)
- Thor Baldursson (claviers)
- Keith Forsey (batterie 1-3-4-8-9)
- Todd Canedy (batterie 2-5-6-7-10)
- The Black Beautiful Circus (choeurs 5-10)
- Lascelle James (saxophone 5-10)
- Papa Curvin (percussions 5-10)


1. Ma Baker
2. Love For Sale
3. Belfast
4. Have You Ever Seen The Rain
5. Gloria, Can You Waddle
6. Plantation Boy
7. Motherless Child
8. Silent Lover
9. A Woman Can Change A Man
10. Still I'm Sad



             



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