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1998 Heaven Forbid
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2020 The Symbol Remains
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BLUE ÖYSTER CULT - The Symbol Remains (2020)
Par LONG JOHN SILVER le 10 Décembre 2020          Consultée 2841 fois

Finalement ! Enfin ! Que sais-je encore, le voili, le voilou, le tout nouvel opus de BLUE ÖYSTER CULT, catapulté à l’automne 2020 alors qu’Eric Bloom (chant, guitare, claviers) l’avait annoncé pour 2018. Il a fallu prolonger de deux années le hiatus mais maintenant qu’il est là, la question qui se pose est : cela en valait-il la peine ? Plutôt que de répondre immédiatement à ladite question, surtout après un si long silence discographique alors que le groupe n’a jamais cessé de tourner (sauf ces derniers mois puisqu'il paraît qu’on va tous mourir), effectuons un rapide come-back sur l’état des lieux avant de délivrer un avis implacable.

B.Ö.C (pour les intimes) a connu une première décennie autant majestueuse que créative, même si inégale. Las, depuis le départ d’Albert Bouchard (batterie, chant) en 1981, à la fois partie intégrante du son si particulier du groupe et (co)compositeur de nombreuses pépites ("Cities On Flame", "The Red And The Black", "Astronomy" ou encore "Joan Crawford" lui doivent beaucoup), la troupe a nettement décliné tant en terme de popularité que de qualité de production. Le son s’est policé et ce n'est pas la fausse réunion produite sur l’album Imaginos en 1988 qui contredira le constat du déclin (quoi qu’on pense de ce disque sur lequel j’ai un sentiment très mitigé). Par ailleurs, il s'agissait surtout d'un projet mené par Sandy Pearlman (le producteur historique du groupe) et Albert Bouchard, bidé et resté sans lendemain, dans lequel les membres originels sont éparpillés en fonction des morceaux. Notons itou qu’un premier hiatus de dix ans interviendra suite à cette publication puisque Heaven Forbid ne verrait le jour qu’en 1998 !

Alors oui, tout n’est pas si mauvais sur chacun des disques estampillés BLUE ÖYSTER CULT à compter de The Revolution By Night, mais voilà, en comparaison de ce qui fut, ce qui adviendrait ne pouvait que décevoir. Eric Bloom et Donald 'Buck Dharma' Roeser (guitare, chant) sont devenus au fil du temps les deux seuls vocalistes du groupe, avec une légère prépondérance pour ce dernier, alors qu’originellement ce n’était pas le cas, signifiant ainsi l’accentuation du côté soft-rock de l’ensemble. Depuis que B.Ö.C n’enregistre plus, le line-up du groupe s’est stabilisé autour du tandem Bloom/Roeser avec l’inamovible Jules Radino à la batterie, Danny Miranda (déjà présent sur les deux précédents opus mais parfois remplacé en tournée par Richie Castellano, Rudy Sarzo ou Kasim Sulton) à la basse et davantage encore avec l’entrée dans le game de Richie Castellano aux claviers, à la guitare et au chant, ce dernier co-produisant même ce nouveau disque en compagnie de ses deux glorieux aînés. Pour la petite histoire, Castelano est un musicien de studio multi-instrumentiste virtuose, réputé depuis son association avec Ron 'Bumblefoot' Thal, possédant une chaine Y.T du nom de Band of Geeks sur laquelle il s’amuse à reprendre moult classiques allant du Prog au Soft Rock en passant par le Heavy Metal, le Funk et la Pop, en compagnie de force requins de studio ayant joué avec à peu près tout le monde. Afin de parachever son CV, ajoutons enfin que ses premières piges avec B.Ö.C se firent comme ingé-son Live pour des shows donnés en Allemagne en 2003, puis comme bassiste intérimaire en 2004. Il succède enfin à feu Allen Lanier (claviers, guitare) après son départ en 2006.

Alors oui, malgré le fait d’avoir assisté à deux concerts réjouissants donnés à l’Olympia de Paris puis à Montereau, concerts dominés par les morceaux de la première période du Cult, on ne savait s’il fallait se réjouir de la résurrection discographique du groupe. Coupons là le suspense, la réponse est un grand OUI. Dès "That Was Me", morceau hargneux entonné par Bloom, on est rassurés, on retrouve ce qui fit l’essence, la magie occulte, le son et les ambiances torves de ceux qui avaient su nous embarquer dans des voyages inquiétants à la lisière de mondes parallèles ayant plus à faire avec Lovecraft qu’avec l’Eden perdu puis retrouvé. Ici, le caméo d’Albert Bouchard à la Cowbell (et dans les chœurs) vient poser une pointe d’humour en clin d’œil au sketch hilarant diffusé à la télé américaine qui voyait un faux Eric Bloom contraint à l’hystérie par un producteur (joué par Christopher Walken) lui réclamant de jouer toujours plus fort de sa cloche de vache pendant qu’un faux B.Ö.C enregistrait "Don’t Fear The Reaper". Pas moins de quatorze morceaux émaillent la galette. On serait en droit de redouter le remplissage, mais dans le même temps on se dit qu’après une si longue absence les malles devaient être fourbies en trésors, que la frustration due à l’attente avait remonté les coucous.Finalement, si on omet le titre "Fight" (déjà publié en 2000 par Donald Roeser) qui clôt l’album, pas mauvais mais clairement au-dessous du lot, tout est bon, voire très bon.

Parmi les titres majeurs, certains ont effectivement déjà quelques années : ainsi, Richie Castellano a-t-il pondu – seul- "The Alchemist", chanté par Bloom, au riff très Heavy et aux claviers ésotériques dont la consonance n’est pas sans nous rappeler le travail d’Allen Lanier sur le "Nosferatu" de 1977 ou encore "Joan Crawford" en 1981. Ici, un pote de Castellano, à savoir Andy Ascolese, est en charge d’émuler le son du regretté défunt. "Train True (Lennie's Song)" joué pied au plancher et créée par Donald Roeser nous rappelle le groupe des débuts sur un tempo rock’n’roll endiablé du meilleur effet. Donald/Buck nous transporte dans une autre gigue rock’n’roll/surf avec "Nightmare Epiphany", aux chœurs et soli ad’hoc, titre qu’il a déjà publié en 2000 sous son nom mais que le groupe transcende. Autre titre du même auteur datant également de l’an 2000, "Secret Road" : tellement Buck, tellement B.Ö.C, celui de Spectres, de Fire Of Unknown Origin, inspiré, doucereux, mélancolique et mélodique, qu’on s’y love langoureusement alors que le danger est partout.

Eric Bloom n’en ressort pas moins comme la tête de proue de cet album, hormis les deux morceaux cités plus haut et en dépit du fait qu’il n’assure les vocaux lead que sur cinq passages (contre six pour son compère Buck). Il envoie – comme toujours - les instants les plus ravageurs. "Edge Of The World", écrite par Castellano, possède comme un petit parfum de Cultösaurus Erectus. "Stand And Fight" est encore plus Heavy pour notre bon plaisir. Enfin, "There’s A Crime" au tempo plus soutenu parachève ses interventions en souvenir du bon vieux temps du Heavy Rock sans pour autant se vautrer dans le revival 70’s. Donald Buck, quant à lui, propose des titres plus soft sur lesquels il dépose des mélodies soignées mais, hormis les passages signalés plus haut, ni "Box In My Head", ni "Florida Road", en dépit de leurs qualités intrinsèques indéniables, ne se hissent à la hauteur des sommets de l’album. C’est bon, c’est sympa, mais ça n’équivaut pas non plus les chansons suscitées interprétées par Bloom. Et c’est déjà pas si mal si on prend en compte la déception engendrée par les albums précédents. Entre les deux tauliers, Richie Castellano s’arroge trois titres comme chanteur principal. "Tainted Blood" pourrait irriter de prime abord, finalement le talent du bonhomme la fait bien passer avec une mélodie qu’on aurait pu trouver sur un disque d’AYREON. Dire qu’à la base, cette chanson devait être interprétée par Eric Bloom ! "The Machine" ne sonne pas tellement B.Ö.C non plus. Déjà plus rock, elle occupe néanmoins agréablement l’espace (de transition) qui lui est dévolu. En revanche, "The Return Of St. Cecilia" sonne totalement B.Ö.C, celui de "Mistress Of The Salmon Salt" sur l’inestimable Tyrany And Mutation. Or bon sang ne saurait mentir !

Oui, je sais, cette chronique est longue, peut-être même trop. Mais voilà, tout à la joie de retrouver ce groupe en si belle forme créatrice, on ne peut qu’être bavard. C’est un petit miracle qui vient de se produire ici, un peu comme celui qui avait fait accoucher DEEP PURPLE d’un inespéré Now What ?! Après huit ans de silence, alors imaginez ce que cela fait après dix-neuf ! Le record des GUNS N’ ROSES est battu question languissement et si The Symbol Remains n’est pas un chef-d’œuvre comme l’est Chinese Democracy, il peut bien tutoyer les sorties mythiques de B.Ö.C sans avoir à baisser les yeux. Verdict : meilleur disque depuis Fire Of Unknown Origin (et de loin) où les guitares de Roeser et Castellano rivalisent en lead (sacrée nouveauté quand on y songe), avec un message clair affiché en couv'. Plus que jamais, le symbole demeure. Et restera.

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   LONG JOHN SILVER

 
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- Eric Bloom (chant, guitare, claviers)
- Donald 'buck Dharma' Roeser (guitare, chant, claviers)
- Richie Castellano (guitare, claviers, chant)
- Danny Miranda (basse, choeurs)
- Jules Radino (batterie, percussions, choeurs)
- +
- Albert Bouchard (choeurs, cloche sur 1)
- Andy Ascolese (claviers sur 4,10 et 11)
- David Lucas (choeurs sur 5,6,10,14)
- Phil Castellano (harmonica sur 7,choeurs 9,10)
- Kasim Sulton (choeurs sur 8,13)
- Steve La Cerra (choeurs sur 9,10)
- Kevin Young (choeurs sur 9,claps sur 10)
- John Castellano (choeurs sur 10)
- Jeff Nolan (theremin sur 10)


1. That Was Me
2. Box In My Head
3. Tainted Blood
4. Nightmare Epiphany
5. Edge Of The World
6. The Machine
7. Train True (lennie's Song)
8. The Return Of St. Cecilia
9. Stand And Fight
10. Florida Man
11. The Alchemist
12. Secret Road
13. There's A Crime
14. Fight



             



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