John a changé de maison de disque ! Passé chez la Columbia, le mauvais coucheur n'a pas dû simplifier le boulot de ses nouveaux associés. Mercury ne doit guère le regretter ! D'ailleurs, ça commence bien puisque Columbia demande à John de signer l'album de son nom comme pour signifier qu'"on recommence à zéro". D'un autre côté, rien n'a changé, MELLENCAMP avec son groupe habituel, comme Wanchic et Sturm, avec les p'tits djeuns Myers et Moe pour la modernisation du son au départ un peu cru de l'artiste. Et c'est déjà son seizième album !

Le beau refrain et le bridge très consistant de l'introductive "Fruit Trader" aux intonations proches du hard-rock et l'atmosphère enfiévrée du morceau en font un nouvel ovni dans la carrière du natif de l'Indiana. Guitare légère et beau riff sur "Eden Is Burning", refrain un brin simple mais orchestration fabuleuse sur ce titre digne de The Lonesome Jubilee. Le sommet de cette livraison, assurément. Une belle gratte introduit "Where The World Began" et nous drive sur des chemins pas si éloignés que ça des ROLLING STONES dans l'idée, c'est bien fichu. Voici les titres remarquables ! Car "Positively Crazy" me semble bien mollassonne et trop mainstream pour être "true". Pourtant, John n'a guère besoin de vendre et il faut admettre que le refrain est bien achalandée, sa voix fait mouche, comme le plus souvent.

John fait son Mellencamp sur "Your Life Is Now" et raconte au travers d'une vidéo assez originale, mais finalement comme toujours à l'image du chanteur, une nouvelle tranche de vie. Sympa sans être transcendant. Nouvelle petite histoire tristounette avec "It All Comes True", dans la plus pure tradition Mellencampienne. John est fidèle en amitié, on retrouve Moe Z et ses arrangements percussifs sur "Break Me Off Some", avec quelques consonances rap du coup ! Et voyez plutôt, comme sur le précédent opus, le bassiste Toby Myers a aussi mis sa patte sur un titre, il s'agit de "Days Of Farewell" aux intonations carrément soul. Ah ce Johnny ! Passer ainsi par tous les genres, ça lui ressemble tellement.

Quelques accents orientalisants sur "Chance Meeting At The Tarentula" ? Puis un rocksteady... quasi ska ? Mais oui, John sait faire, et ça donne "I'm Not Running Anymore", sympa avec une vidéo bien dans l'esprit. Le bridge est carrément Caribéen. Et oui, Johnny on vieillit tous ! Les aspects sixties laid back de "Summer Of Love" vont surprendre alors que le petit rock'n'roll plein de bonne humeur avec Harmonica de "Miss Missy" est un petit moment de relaxation comme le Cougar aime à en mettre dans tous ses albums. Agréable mais pas vraiment mémorable, même si les percussions sont amusantes et qu'Izzy Stradlin est de la partie.

Difficile de se remettre en question après chaque album, mais John a l'intelligence de bien s'entourer et de ne pas limiter ses champs d'investigation. La peinture, la photo, tous les arts lui permettent de garder la « fraîcheur » de ses compositions, avec toujours une part de réussite bien sûr. Cet album est incontestablement moins brillant que le précédent, mais il n'a rien de décevant. Ses fans vont aimer, c'est l'évidence. Nous sommes donc bien équilibrés pour ce nouveau départ autour d'un trois solide.