Recherche avancée       Liste groupes



      
CHANSON à INSTRUMENTS  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style : TÊtes Raides, Pierre Perret , Renaud, Mano Negra, Les Vrp
- Membre : La Commune Refleurira

Les OGRES DE BARBACK - Comment Je Suis Devenu Voyageur (2011)
Par RAMON PEREZ le 19 Mars 2021          Consultée 1189 fois

La trentaine passée, les OGRES DE BARBACK prennent le temps d’examiner un paradoxe pour en tirer ce qui est sans doute leur meilleur album. Comment continuer à chanter honnêtement le voyage alors qu’ils sont en voie de sédentarisation avancée ? Chacun a fait son nid en s’installant aux quatre coins de France avec sa propre tribu. Professionnellement aussi, le groupe peut se satisfaire d’avoir atteint son ambition : vivre correctement de son art. Bien sûr, ils ne vendent pas leurs disques par camions à la suite de multiples passages en radio. Ils jouent rarement devant des dizaines de milliers de personnes. Mais ce n’est pas ce qu’ils ont cherché. Restant farouchement indépendants, ils se contentent de remplir des salles à leur dimension. Leur public les suit de près, le milieu les reconnait et cela leur suffit bien. Alors qu’ils jouaient près de 200 soirs par an à leurs débuts, les Ogres ont quinze ans plus tard sainement réduit la voilure à une centaine de concerts puisque leur modèle économique ne leur en demande pas plus. Ils se sont même installés un studio au poil chez Alice en Ardèche. Bref, ils sont établis et cela leur donne à réfléchir.

Fred resté dans sa banlieue natale observe, dans le parc où il amène jouer son gamin, des oies sauvages venues se reposer pour la nuit mais qui sont finalement restées là. Comme une allégorie de la situation du groupe, les volatiles se sont retrouvés dans une situation confortable : pas de prédateurs, des voisins qui les nourrissent. Elles ont fait le choix, tel un grand pied de nez à Richepin et BRASSENS, mais également aux Ogres donc, de renoncer à leur instinct séculaire pour devenir volaille. Cette histoire sert d’introduction au disque qui devient ensuite une sorte de tentative de réponse à cette question : pourquoi voyager si l’on n’en n’a pas besoin ?

Logiquement, une partie des morceaux a des parfums d’ailleurs. Mais le groupe n’oublie pas une dimension importante de la notion de voyage : celle qui permet de mieux se découvrir, de mieux se connaître. Ce disque n’est pas une simple collection d’airs folkloriques mondiaux, ce ne serait pas forcément intéressant. Si les morceaux ouverts sur le monde marquent au sein de cet opus, c’est bien parce qu’ils sont habilement insérés au milieu de chansons plus typiques du groupe. Leur musique acoustique, taillée avec une précision de joailler par les nombreux instruments employés, se retrouve à nouveau dans toute sa richesse harmonique. LES OGRES paraissent chercher et atteindre une vraie joliesse sur un certain nombre de chansons déposées au fil de l’album. Elles créent des moments suspendus, aériens, au milieu de séries de morceaux plus singuliers. Si ce disque est l’un des meilleurs du groupe, c’est entre autre parce que sa construction a été particulièrement soignée avec cette alternance de jolis morceaux et d’autres plus énergiques ou parfumés, mais aussi avec ce concept de voyage en chansons dont le premier et les deux derniers titres constituent respectivement l’introduction et la conclusion.

Les chansons parfumées (au sens où elles évoquent d’autres cultures) sont celles qui amènent ce disque un peu plus loin que les autres. Moins militant que précédemment, il se fait plus universel, ce qui n’empêche pas d’évoquer plusieurs sujets graves. Il traite finalement surtout des relations humaines tissant une vie, thème que l’on retrouve en particulier dans le triptyque qui constitue certainement le cœur de l’album : "Petite fleur" / "J’m’élance" / "Donc je fuis", une sorte de suite d’une dizaine de minutes qui explore de nombreuses ambiances musicales en compagnie de moult invités amenant chacun sa part de culture. Un passage ambitieux, novateur et artistiquement très réussi, qui se prolonge avec "Cœur arrangé", la première collaboration des OGRES avec BROTTO LOPEZ (voir leur disque de 2018).

De jolies chansons, des chansons d’ailleurs et des chansons plus énergiques, voilà le mélange gagnant de ce bel album de 2011. Cette dernière catégorie a de quoi le rendre enthousiasmant par moments, notamment quand Fred nous sort le traditionnel portrait de marginal, plus drôle et rock’n roll que d’habitude ("Le daron", sur lequel le cinquième et jeune frère Burguière tient la batterie). Il y a aussi deux morceaux imparables, drôles et amers, sur fond de cuivres pétillants, à propos de la misère quotidienne de "Marcelle de Sarcelle" puis du dialogue rompu entre la norme et la marge avec "Elle fait du zèle". Signe que l’on a à faire à un grand disque, tout paraît juste, à sa place. Et même mieux car les quelques faiblesses, comme les couplets de "Palestine confession" (sérieux Fred, c’est quoi ce texte ?), sont rattrapées par des moments étonnants et hypnotiques dans la foulée.

Fort bien travaillé dans les détails (sur les transitions par exemple), cet album n’est en revanche pas le plus accessible de la fratrie (pour démarrer leur discographie, probablement vaut-il mieux passer par les deux premiers disques, très réussis en leur genre). Il se révèle entièrement lorsqu’on est suffisamment familiarisé avec cet univers. Mais il est probablement leur plus ambitieux et inspiré. Une belle période pour les Burguière qui usent à merveille de l’expérience passée pour préparer celles à venir. Les spectacles proposés alors démontrent également un groupe au sommet de sa créativité, de même que l’album pour enfants sorti peu avant. Quant à ce Comment je suis devenu voyageur, s’il ne devait en rester qu’un ce serait sans doute lui. Un vrai grand disque de chansons, singulier et fort, parfait condensé de ce qui est déjà l’œuvre d’une vie.

A lire aussi en VARIÉTÉ FRANÇAISE par RAMON PEREZ :


Claude NOUGARO
Tu Verras (1978)
Tout recommence




Jacques HIGELIN
Follow The Live (1990)
Kitsch mais solide.


Marquez et partagez





 
   RAMON PEREZ

 
  N/A



Non disponible


1. Comment Je Suis Devenu Voyageur
2. Nos Vies En Couleurs
3. Entre Tes Saints
4. Marcelle De Sarcelles
5. Graine De Brigand
6. Je N'suis Pas Courageux
7. Elle Fait Du Zèle (pauvre France)
8. Ma Tête En Mendiant
9. Petite Fleur
10. J'm'élance
11. Donc Je Fuis
12. Cœur Arrangé
13. Palestine Confession
14. Le Daron
15. L'ennui Et Le Jour
16. Non Remontant



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod