Nombreux sont ceux qui connaissent les quatre faux frères Ramones, leur look délabré a fait leur image de marque pendant plus de vingt ans : longues tignasses noires, blousons en cuir, jeans déchirés aux genous. Le groupe fondé en 1974 par Dee Dee Ramone invente un nouveau style musical basé sur des accords simplistes et des paroles aux slogans provocateurs : le punk rock. Les quatre premiers albums du genre furent de véritables chefs-d'oeuvre, rarement égalés.

Aprés dix ans d'existence, les RAMONES signent avec Too Tough to Die leur huitième opus. En 1984, les tensions entre les faux frères Ramones s'aggravent, Richie Ramone remplace derrière les fûts Marky Ramone -parti faire une cure de désintoxication - et Dee Dee Ramone a coupé pour la premiére fois sa légendaire coupe au bol. Too Tough to Die est un album de transition ; les RAMONES essaient de retrouver le punk simple et sans concession de leurs débuts grâce au retour de Tommy Ramone (leur ancien batteur) comme producteur mais ils ne réussiront qu' à moitié.

En effet, on retiendra surtout les chansons de la première partie de la galette. Celle-ci commence en force avec des excellents morceaux punks, parfois proche du hardcore avec une rythmique trés compact comme "Mama's Boy", "Danger Zone" ou "Too Tough to Die" (titre éponyme qui évoque une bagarre où Johnny Ramone avait failli mourir). Le nihiliste et cultissime "Wart Hog", totalement déjanté, fait parti des titres les plus connus du groupe. L'excellente ballade "I'm Not Afraid to Life", ainsi que le court instrumental "Durango 95" permet de rendre le tout plus agréable à écouter.
A ce stade de l'album, on peut dire que les RAMONES sont bel et bien de retour. Mais c'est après que les choses dérapent. En effet, le titre moyen "Chasing the Night" annonce la couleur pop de l'excécrable "Howling At the Moon (sha-la-la)" avec son refrain insuportable. Les inintéressants "Daytime Dilemma (dangers of love)" et "Humankind", l'inaudible "Planet Earth 1988" et l'ennuyeux "Endless Vacation" font partie du répertoire du groupe à oublier. Seul le très bon "No Go" permet de nous rappeler ce qu'étaient les RAMONES autrefois.

Cet album est gâché par des musiques de remplissage sans grand interêt. Après Subterranean Jungle, les RAMONES ont évolué vers un punk plus radical et plus puissant, grâce à l'arrivée de Richie qui apprend à Johnny d'autres types d'accord. Mais ils nous prouvent une fois de plus que la pop à l'excès ne fait jamais bon ménage chez eux (on se rappelle notamment de "Baby, I Love you"). Ils conserveront cette tendance légérement hardcore jusqu'au départ de Dee Dee Ramone en 1989. Même si l'on est loin de la qualité des premiers albums, ce Too Tough to die reste à mes yeux un bon album de punk, grâce à des très bons premiers titres. Toutefois, l'album pris dans sa globalité demeure moyen.
On notera en dernier lieu que l'album réédité en 2002 contient des démos, des versions avec Dee Dee au chant et un trés bon titre "I'm Not Answer", ainsi qu'une reprise des ROLLING STONES ("Street Fighting Man").