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2021 Living In The Last Days

Elizabeth KING - Living In The Last Days (2021)
Par LE KINGBEE le 27 Mai 2021          Consultée 1213 fois

Elizabeth KING n’est pas une inconnue de notre site. Cette vétérane du circuit Gospel avait eu le droit à une chronique, le label Bible & Tire Recording ayant eu la judicieuse idée de rééditer dix faces parues en singles chez D-Vine, Designer et Messenger, trois petits labels dédiés au Gospel. Cette compilation regroupait des titres enregistrés dans les années 70, Madame King dirigeant alors The GOSPEL SOULS, une troupe exclusivement masculine.

On retrouve Elizabeth King 48 ans après ses derniers faits d’armes. Personnalité toujours très active à Memphis dans le domaine de la foi et dans celui du Gospel, elle avait laissé tomber les studios d’enregistrement afin de s’occuper de sa petite famille (15 enfants). A 77 ans, Elizabeth King nous revient en forme avec ce premier opus sous son nom. Bruce Watson a d’abord décidé d’éditer un single (pistes 4 et 6 du CD) avant de relancer la septuagénaire pour un album complet.
Enregistré au Delta-Sonic Sound, petit studio basé à Memphis, avec l’aide de son ancien producteur le fidèle Juan Shipp et Will Sexton (ex Joe Ely, Dale Watson) à la guitare et aux consoles, ce nouvel opus reprend onze inusités issus des micros labels Designer et D-Vine. Si Bruce Watson propose une production bien troussée dans laquelle King peut exprimer toute sa théâtralité, le producteur a concocté une liste d’accompagnateurs triés sur le volet. On y retrouve divers musiciens réputés de Memphis : le guitariste ingé-son Matt Ross-Spang, un ancien de l’écurie Sun déjà entendu auprès de John Prine, Zac Brown ou Jason Isbell, le batteur George Sluppick (ex Ruthie Foster, JJ Gray & Mofro), le bassiste Mark Stuart (ex Steve Earle, Bastard Sons of Johnny Cash). Ces deux derniers ayant collaboré avec Sexton sur le disque des DEDICATED MEN OF ZION, on entrevoit dès le départ une cohésion agrémentée d’une bonne complicité mettant en exergue le timbre de la chanteuse.

Si le disque s’ouvre sur une énorme ligne de basse, avec "No Ways Tired", compo du Révérend James Cleveland ayant servi d’hymne au Mouvement des Droits Civiques. La crainte rapidement prend le dessus, en effet Elizabeth chante faux pendant une vingtaine de secondes, le timbre part quelque peu en vrille sur cet exercice presque a capella. S’il peut paraitre étrange que Bruce Watson, ancien grand manitou de Fat Posum, n’ait pas jugé bon de corriger le rendu, ce bref écart permet de dévoiler une chanson sincère, authentique et non un bricolage servile, préfabriqué qu’on n’oubliera très vite. Les choses rentrent dans l’ordre (excusez le jeu de mot) avec "He Touched Me", un superbe Gospel Soul au tempo modéré dans lequel le refrain est repris par les chœurs, un procédé destiné à renforcer le pouvoir des mots. Si le contact tactile est prédominant chez l’homme sachant changer l’eau en vin et dans de nombreux passages bibliques, ici c’est bien une ode au pouvoir du Seigneur dont il est question. Un titre capable de transporter le premier impie vers le céleste. Une chanson piochée dans le répertoire des Shaw Singers, un duo fondé par les frères Johnny et Opal Shaw, pleine d’amour et de groove bien plus palpitante que son homonyme chanté par le Gaither Trio et popularisé plus tard par ELVIS et Johnny CASH. Sauf que là, personne n’a vraiment envie de toucher à quoi que ça soit ! Aujourd’hui encore le titre est perpétué dans les chorales et les messes du Tennessee.
Deux titres figurant sur son single Designer sont incorporés : "Testify" avec une guitare et des percussions qui diffusent un léger parfum Funky et "Walk With Me", spiritual avec un soupçon de cuivres tranchant avec l’ensemble de l’album. Elizabeth King adoucit le tempo avec "Mighty Good God" ⃰, un titre aussi Soul que religieux. Avec l’apport minimaliste d’une petite section cuivre "A Long Journey" marche sur les traces des STAPLE SINGERS, les deux saxophones renforcent ici l’appel de la chanteuse envers le Divin. Le pouvoir tactile du Seigneur figure encore comme trame centrale dans "Reach Out And Touch" °, titre où les chœurs risquent d’amener plus d’un auditeur croyant vers la transe.
A l’image de la pochette sur laquelle la chanteuse croise ses deux mains, "Call On Me" se situe à la frontière entre une sonorité Motown et un chant religieux; la chanson est plus proche du "If You Need Me" de Wilson PICKETT que du « We Call On Him », une ballade religieuse d’ELVIS. Les amateurs de chant à capella devraient être comblé avec « Blessed Be The Name Of The Lord » ⸋.
Le disque s’achève sur "You’ve Got To Move", célèbre Blues coécrit par le Révérend Gary Davis et le bluesman Fred McDowell, preuve que la musique du Diable et celle du Seigneur peuvent se retrouver à la croisée des chemins. Une version qui rappelle le registre de Como Mama. Le morceau popularisé par les STONES à l’orée des seventies figure dans l’album "Stincky Fingers". Terminons par l’entrainant "Living In The Last Days" qui donne son nom à l’album. Les jeux de guitares s’entrecroisent à merveille sur une coloration proche du Rock n Roll, une atmosphère que viennent adoucir les volutes d’orgue d’Al Gamble, tandis qu’Elizabeth nous fait part de ses joies et de ses peines. Ce titre devrait décrocher la Mention !

Secondée par une équipe chevronnée, Elizabeth King nous délivre ici un disque poignant dont le répertoire plonge vers le Gospel de la vieille école. Il n’est pas nécessaire d’assister à la messe du dimanche, de lâcher quelques biftons pour la rénovation de Notre Dame pour être touché par la résonance et la sagesse de la chanteuse. Malgré tous les malheurs dont a souffert notre terre et tous ceux à venir, Elizabeth King nous glisse ici un beau message d’espoir, en parallèle on peut penser que la musique sera toujours là pour nous réconforter et améliorer notre quotidien. Signalons en dehors d’une production bien léchée et sans surenchère, que les choristes Courtney et Chris Barnes ne sont autre que les Sensational Barnes Brothers, groupe œuvrant entre Soul et Gospel. Terminons par deux anecdotes: Mariée à quinze ans, Elizabeth King déclarait récemment que l’un de ses fils avait été bassiste pour Isaac Hayes pendant six ans et qu’elle comptait 58 petits-enfants, 36 arrières petits-enfants et même un arrière arrière petit-enfant, de quoi monter une sacrée chorale! Un disque qui sort des sentiers battus, bien plus authentique que la plupart des productions contemporaines que de vulgaires boites de prod. tentent de nous refourguer à travers d'incessants passages radio.

⃰ Variante d’un titre du Révérend James Cleveland et homonyme de Gene Martin et du Mass Choir Chicago.
° Aucun lien avec son presque homonyme chanté par Diana ROSS.
⸋ Titre homonyme à celui de Don Moen.

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   LE KINGBEE

 
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- Elizabeth King (chant)
- Will Sexton (guitare)
- Matt Ross-spang (guitare)
- Mark Stuart (basse)
- George Sluppick (batterie, percussions)
- Al Gamble (orgue)
- Rick Steff (orgue)
- Art Edmaiston (saxophone 6-8-9)
- Jim Spake (saxophone 6-8-9)
- William Graves (chœurs, orgue)
- Chris Barnes (chœurs)
- Courtney Barnes (chœurs)
- Pastor Carolyn Brown (chœurs)
- Deborah Ballard (chœurs)
- Mae Hicks (chœurs)
- Angela White (chœurs)
- Gora White (chœurs)
- Audrey Fuller (chœurs)
- Michelle Carter (chœurs)


1. No Ways Tired
2. He Touched Me
3. Living In The Last Days
4. Testify
5. Mighty Good God
6. A Long Journey
7. Reach Out And Touch
8. Walk With Me
9. Call On Him
10. Blessed Be The Name Of The Lord
11. You've Got To Move



             



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