Recherche avancée       Liste groupes



      
VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

Commentaires (4)
L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Membre : Bande Originale De Film
- Style + Membre : John Barry , Michael Kamen & Orbital , David Arnold And Michael Price, Thomas Newman, Hans Zimmer

JAMES BOND - Moonraker (john Barry) (1979)
Par MARCO STIVELL le 23 Juillet 2021          Consultée 690 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Ah Moonraker, s'il y a bien un "vieux" James Bond (pré-1995 donc) qu'on adore détester, c'est celui-là ! Le roman de base, troisième écrit par Ian Fleming, paraît en 1955 et, en français, connaît une première (jusqu'en 2001) traduction de titre hasardeuse : Entourloupe dans l'Azimut. Difficile de sonner plus éloigné de la poésie bondienne habituelle, ou même de l'action efficace type Opération Tonnerre. De plus, le titre original Moonraker, faisant référence à la fusée que Bond doit empêcher de décoller coûte que coûte, est récurrent dans le texte de l'histoire et lui aussi traduit mais mot à mot cette fois en "Vise-lune", aoutch ! La langue de Molière a ses qualités innombrables, mais ici, clairement moins que celle de Shakespeare.

Une aventure très anglaise d'ailleurs pour une fois, puisque hormis Londres et une partie de cartes truquée au club Blades (quitte à faire déjà écho à Casino Royale, deux ans plus tôt en 53), un grand pan de l'aventure se passe dans le Kent, sur les falaises de Douvres, où le méchant Hugo Drax a son QG pour le pilotage du Moonraker. Cette dernière est une fusée conçue pour détruire Londres, car Drax est un ancien officier nazi qui opère avec une équipe d'Allemands tous chauves et moustachus comme lui. De ce côté, la version du film de 1979, presque 25 ans après, n'est pas aussi colorée, mais elle l'est par bien d'autres aspects.

Malgré son côté champêtre, c'est l'une des aventures littéraires les moins convaincantes de la saga 007. Au cinéma, les envies d'évolution de celle-ci par EON Productions et le réalisateur Lewis Gilbert qui rempile pour la troisième fois, deuxième consécutive, marquent celle-ci avec une technique soignée certes, mais une emphase assez déroutante. Roger Moore est toujours au même niveau dans son rôle, positivement parlant et humoristiquement aussi, forcément. Lois Chiles en Holly Goodhead (qui aurait dû s'appeler Gala Brand comme dans le livre), actrice présente dans Hercule Poirot : Mort sur le Nil de John Guillermin un an plus tôt, est elle aussi à la hauteur.

Malgré son air placide et flegmatique presque d'un bout à l'autre, le franco-britannique Michael Lonsdale en Hugo Drax est peut-être le meilleur méchant du Bond années 70, Christopher Lee/Scaramanga mis à part. Cet acteur a décidément une filmographie des plus iconoclastes, entre les films/comédies français(es) dont pas mal sous la direction bien personnelle de feu Jean-Pierre Mocky, les rôles à connotation religieuses (Le Nom de la Rose, Des Hommes et des Dieux) ou d'autres plus folkloriques comme ici dans Moonraker. Au moins et en "french touch", ici il est beaucoup plus distingué que Jean-Pierre Castaldi qui apparaît quelques secondes au début en caméo de pilote voulant tuer Bond, mais se fait éjecter de son propre avion et voler son parachute !

La machination de Lonsdale/Drax conduit donc Moore/Bond en Californie dans un château ultra-francisé à l'ancienne, avec une scène véritablement forte lors de l'exécution (par des molosses) de la fille qui a trahi Drax (superbe Corinne Cléry !). Puis c'est Venise pour de beaux décors autrement historiques, puis le Brésil avec le retour de Richard Kiel en Requin et les scènes sur le mont du Pain de Sucre à Rio (carnaval compris), en Amazonie ensuite, et enfin dans l'espace, pour la première fois que Bond s'y rend. Que de climats variés !

On est dix ans après 2001 : l'Odyssée de l'Espace, et Drax apparaît comme un nouveau prophète voulant 'laver' l'humanité pour refonder la sienne, en toute mégalomanie. Cependant, on est aussi deux ans après Star Wars qui avait volé la vedette à l'Espion Qui M'Aimait en 77, et le fait de copier des mini-vaisseaux de chasse, des pistolets-lasers, il fallait vraiment l'oser ! La bagarre entre cosmonautes dans le vide est sympa, mais dès qu'ils reposent le pied dans la station qui ne ressemble heureusement pas à l'Etoile Noire, on s'attend à voir surgir Dark Vador et Obi-Wan Kenobi. Bon, au moins, Requin devient gentil et trouve une copine, avant de disparaître de la saga !

Avec moins de facilité, John BARRY de retour au bout de cinq ans a eu envie de se renouveler, ce qui n'est pas un moindre détail. Le gunbarrel ne change pas, mais déjà la ballade qui reprend le titre du film marque une différence légère avec les autres génériques chantés par Shirley BASSEY (ceux de Goldfinger et Les Diamants Sont Éternels). Une ballade très soft et fin 70's, rythmique folk et cordes en avant pour des paroles de Hal David une fois encore, et la voix de BASSEY plus douce qu'auparavant, même si elle garde une petite écorchure. On l'entend pour la dernière fois mais au bout de trois films, cela reste un record, et même dans un rayon limité à quinze années depuis Goldfinger en 63, c'est tout à l'image de la carrière de la chanteuse galloise, diva-étoile qui traverse les décennies sans faiblir. Elle continuera de chanter pour 007 en direct et avec parcimonie. Notez que parmi les autres choix d'interprète à l'origine pour ce film, il y avait Kate BUSH, oui oui...

Sur ce titre "Moonraker" très aérien et coloré par la guitare ainsi que le piano Fender Rhodes, la passion est forte, l'envolée mélodique au rendez-vous. Un générique peu connu mais bien plus appréciable de cette façon que dans sa version disco, celle qui survient en toute fin de film. Néanmoins, et même baignant dans cette musique bien d'époque, très vite associée au kitsch, la touche BARRY ne manque pas d'une certaine distinction, for ever.

Outre les cordes, notre chef d'orchestre tant aimé favorise les choeurs, ce qui apparaît comme une surprise réelle puisqu'il n'y en avait peut-être jamais eu jusque là, et c'est franchement réussi. Les thèmes les plus envoûtants sont bien entendu ceux du voyage interstellaire, à savoir d'abord "Flight Into Space". C'est une marche de plus de six minutes (seul morceau véritablement long du disque), avec deux premiers accords rappelant plutôt Henry PURCELL que Richard STRAUSS, un effet légèrement sucré par moments, vite tempéré par des idées plus sombres. La chorale s'ajoute au deuxième 'refrain' avec bonheur, et le tout devient plus calme au moment de l'arrivée à la station.

L'autre titre, "Space Lazer Battle", est formé d'un crescendo splendide, dramatique, avec des variations légères sur le "James Bond Theme". Très bien pensé, mais aussi magique avec ses synthés ondulants. Monsieur BARRY, on ne dira jamais assez combien vous étiez essentiel à la saga ! Même si c'est pour ne vous éloigner que peu de vos goûts de toujours, même si c'est pour fournir une B.O juste correcte en qualité et en durée, du fait aussi de la perte des bandes d'enregistrement qui amputent le travail global.

C'est qu'après cela, il ne reste que quatre morceaux ! Malgré la cohésion de l'orchestre au début de "Cable Car and Snake Fight", avec une belle présence des trompettes, les violons mènent toujours le jeu et avec force dissonances lors de cette double séquence musicale du téléphérique de Rio avec l'ami Requin aux trousses, puis du combat de Roger Moore/Bond contre le python dans la pyramide de Drax en Amazonie (même si on reconnaît aisément la vue extérieure du site de Tikal, beaucoup plus haut en plein Guatemala !).

Juste avant ce dernier moment éprouvant à l'esprit oriental, il y a une partie pleine de douceur irréelle façon jardin d'Eden avec Bond attiré/conduit dans la forêt brésilienne millénaire par les séduisantes filles protégées de Drax. L'occasion pour John BARRY de placer une rêverie ("Bond Lured to Pyramid") aux harpes et flûtes, entremêlées de choeurs féminins, vraiment gracieux et touchants. Dans le même genre, la plage romantique habituelle de la James Bond Girl, "Miss Goodhead Meets Bond" offre davantage de dissonances à son tour, comme pour bien montrer l'hésitation de Lois Chiles/Dr Goodhead à rester avec Drax ou marcher dans les pas de notre héros. On est autrement marqués par la mort de Cléry/Corinne Dufour ("Centrifuge and Corrine Put Down"), dont le clavecin électronique introduit la course pour la survie, avant que la harpe ne fasse compte à rebours, les cordes brodent de façon haletante.

La moyenne baisse avec les élans exotiques de la présence de Moore/Bond à Rio de Janeiro (BARRY incorpore quelques auto-citations des thèmes échevelés d'Opération Tonnerre), y compris la batucada/samba en plein carnaval. Mais j'avoue de toute manière ne pas être un grand amateur de l'immense ancienne colonie portugaise de façon générale et culturellement, lui préférant toute la partie hispanique de l'Amérique du Sud et la Centrale (j'attends que la fureur de mon collègue Erwin explose !). Parmi les minutes coupées de la B.O sur disque, il y a également le court moment western faisant suite à celui du Pain de Sucre, où Moore/Bond se rend au monastère, clin d'oeil aux films d'un genre en plein déclin, sympathique mais loin d'être indispensable. C'est la que l'on se dit que Moonraker est chargé, beaucoup et c'est bien, mais c'est trop aussi !

--------------------------

Dans l'espace infini, en orbite de la planète Terre, au coeur d'une station géante :
« James Bond, soupira Hugo Drax en interrompant son discours, il faut donc que je vous retrouve toujours sur mon parcours.
-On vous a déjà dit que vous aviez un air de George Lucas ? ricana Bond.
-Je n'ai pas tout à fait la même coupe de cheveux, mais bon...
-Au moins, vous en avez des cheveux. Ian Fleming n'aimait pas trop les "bald men".
-J'ai aussi de la barbe, renchérit Drax, et une ambition dix fois plus grand à présent et pour le bien de tous. Je vais détruire cette effroyable humanité et en créer une parfaite, à mon image, grâce à ces magnifiques couples que vous voyez.
-Ah, vous êtes une sorte de nouveau dieu ou prophète quoi, promis à un bel avenir ! Dites, Grand Sachem plein de lumière (surtout dans le regard), gourou-lama des cimes de l'esprit, féal influenceur d'Instagram et auteur suprême de livres d'épanouissement personnel, vous n'avez pas vos trompettes de chasse cette fois-ci ? Celles qui ont flatté votre modestie dans le parc de votre château en nous refaisant le coup de 2001 par Kubrick dix ans après et les trois premières notes de Richard STRAUSS illustrant "Ainsi Parlait Zarathoustra".
-Vous persiflez monsieur Bond, mais vous êtes loin du compte, je...
-Et puisqu'on parle de musique, que l'humeur est très science-fiction ces temps-ci, vous croyez que je n'ai pas reconnu les cinq notes de votre code secret pour le laboratoire clandestin de Venise ? Celles que Steven Spielberg et John Williams ont fait jouer pour communiquer avec les extraterrestres dans Rencontres du Troisième Type il y a deux ans ? Même mon patron M ne savait plus où se mettre !
-Je reconnais que je, balbutia Drax, enfin les producteurs sont frustrés de n'avoir pas eu Spielberg c'est vrai mais...
-Et vous-même, vous n'auriez pas dû avoir cette tête de noeud. James Mason avait encore été pensé pour le rôle, comme pour le film avant celui-ci. »
Juste derrière Bond, Requin fit une grimace de gêne qui lui fit desserrer son étreinte sur l'espion, premier réflexe sensé au bout de deux films et premier pas vers la gentillesse.
« Monsieur Bond ! tonna Drax. Je veux bien reconnaître que j'en ai, enfin les producteurs, réalisateurs etc en ont trop fait. Si les pompages d'idées vous dérangent, sachez que vous serez vengé au moins en partie quand Steven Spielberg fera une sorte de sous-James Bond lors de la séquence d'introduction du Temple Maudit, deuxième volet de la saga Indiana Jones en 1984. Je veux bien moi-même faire dans mon nouvel avenir créer un fonds de soutien grâce aux royalties que j'ai touché avec tous les placements de produits à Rio sur les panneaux publicitaires qu'on peut voir. Mais vous ne gagnerez pas Monsieur Bond, je ne vous permettrai pas de m'insulter sans rien faire. Vous allez mourir, Monsieur Bond, vous allez... Aaaah ! »
Ni Bond ni Requin ne pouvant plus tenir, ce dernier actionna la fermeture du sas autour de Drax et l'expulsion de celui-ci hors de la station et vers une destination inconnue, à des années-lumière de là.

A lire aussi en VARIÉTÉ INTERNATIONALE par MARCO STIVELL :


Katie MELUA
Pictures (2007)
Un peu plus orienté pop-rock




Adriano CELENTANO
24.000 Baci (1961)
Celui qui remuait trop les epaules


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
  N/A



- John Barry (compositions, orchestrations)
- Hal David (paroles)
- Shirley Bassey (chant)


1. Main Title - Moonraker
2. Space Lazer Battle
3. Miss Goodhead Meets Bond
4. Cable Car And Snake Fight
5. Bond Lured To Pyramid
6. Flight Into Space
7. Bond Arrives In Rio And Boat Chase
8. Centrifuge And Corrine Put Down
9. Bond Smells A Rat
10. Moonraker – End Title



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod