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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

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JAMES BOND - Jamais Plus Jamais (michel Legrand) (1983)
Par MARCO STIVELL le 18 Août 2021          Consultée 1568 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Ce film de James Bond-là ne vous dit peut-être rien : c'est normal, il ne fait pas partie de la série ! Tout comme Casino Royale version parodique en 1967, Never Say Never Again/Jamais Plus Jamais se développe en marge d'EON Productions, le réalisateur irlandais Kevin McClory s'étant même retrouvé en conflit direct avec eux mais aussi avec l'auteur Ian Fleming avant cela. Le roman Thunderball/Opération Tonnerre, que Fleming a publié en 1961, part d'une idée commune entre lui et McClory mais aussi deux autres scénaristes. Une bataille juridique sous le sceau du droit et de l'intérêt s'ensuit, McClory obtient gain de cause tout en étant toujours freiné et mis à l'écart pour une raison ou l'autre. Histoire difficile à comprendre, d'autant plus que McClory détient les droits sur les noms de Blofeld (le méchant principal de la saga James Bond) et du SPECTRE, mais ceux-ci seront toujours utilisés sans filtre et sans ombrage par EON Productions.

Réalisé sous cette dernière étiquette et presque aussi librement en 1965, le film Opération Tonnerre avec Sean Connery permet à McClory de percevoir un pourcentage des recettes, mais il lui est interdit de faire 'son' James Bond à lui avant au moins dix ans ! Sa carrière jusque là était surtout celle d'un scénariste et assistant de réalisation dans les années 50, ainsi qu'un premier film personnel appelé The Boy and the Bridge qui avait reçu un accueil positif. Après 1960 et jusqu'à sa mort en 2006, sa carrière semble se résumer à avoir tenté vainement de faire vivre James Bond, comme à la fin des années 90 quand il a un projet pour Casino Royale et qui demeure à son tour inabouti.

En 1983, lorsque sort Jamais Plus Jamais, fruit unique bien réel de toutes ces difficultés donc et non sans un certain don de persévérance, sans même connaître les tenants et les aboutissants de l'histoire en dehors des grandes lignes, on a simplement envie de soupirer en disant 'Tout ça pour ça !' Nouvelle adaptation d'Opération Tonnerre, le film s'éloigne bien sûr du prédécesseur de 1965 et propose un scénario original, tout en gardant quelques personnages et scènes communes (la réunion du SPECTRE à Paris, la cure à Shrublands...). La séquence 'jeux vidéos' n'est là que par besoin de conformisme, la fin dans le temple perse ressemble presque à du Indiana Jones. Et un constat amer s'impose : si on médit parfois de la saga James Bond à succès pour son esprit kitsch, on se rend compte à quel point c'est presque toujours du bon kitsch en réalité, après avoir vu ce film de 1983.

McClory est producteur ici simplement ; il confie la réalisation à Irvin Kershner qui vient tout juste (trois ans plus tôt) de réaliser celui qui est souvent considéré comme le meilleur volet de la saga Star Wars : l'Empire Contre-Attaque, excusez du peu ! Cela dit oui, cela reste peu pour lui aussi : sa carrière, déjà peu fournie en succès avant 1980 (il avait déjà tourné de l'espionnage pour S*P*Y*S en 1974 avec Donald Sutherland), va aussi s'étioler par la suite et mis à part (i]Robocop 2 en 1990, sans rien de notable. Pour le film qui nous intéresse, il ne reste que peu de bribes de la maestria éclatante de Star Wars épisode V, il faut bien le dire... Le niveau de tournage semble parfois amateur, et encore une fois, le traitement des aspects humoristiques laisse à désirer. Rien pour faire oublier Opération Tonnerre de 1965. Par rapport à Octopussy, le James Bond d'EON Prod sorti la même année, ça coûte plus cher (pas une question de moyens donc), et ça rapporte moins au final.

Jamais Plus Jamais vaut surtout pour son casting. Kim Basinger en James Bond girl, s'il vous plait ! Après être apparue dans des seconds rôles de séries américaines comme Starsky et Hutch ou Drôles de Dames, elle décroche ici à trente ans son premier rôle de star avec Domino Petachi, la soeur du pilote engagé pour détourner les missiles puis tué par le SPECTRE. Il y a aussi la Nicaraguayenne Barbara Carrera en Fatima Blush, mélange de tueuse et dominatrice sexuelle. Klaus Maria Brandauer, l'un des quelques acteurs autrichiens de renommée internationale, campe un méchant Largo appréciable, tandis que celui du jeune délégué stressé et maladroit qui tombe sur Bond régulièrement n'est autre que Roman Atkinson, futur Mr Bean, dans son premier film au cinéma !

Et last but not least, Sean Connery de retour pour une seule fois en l'espion qu'il a délaissé depuis 1971 (d'où le titre choisi de Jamais Plus Jamais), alors que son 'vrai' rôle est toujours tenu par Roger Moore. Sean Connery qui a désormais cinquante ans passés et plus guère de cheveux, à qui on a mis une perruque. Sean Connery qui trouvait son rôle trop lourd à porter en 67 ou en 71 mais qui prend des cours d'arts martiaux auprès de Steven Seagal (se blessant, au passage), qui tourne dans un film lourd et pataud, loin des prouesses de EON Productions et ses films à grand spectacle réussis même avec leurs éléments parfois bébêtes. Sean Connery qui termine ici sa première partie de carrière, où se côtoyaient l'espion séducteur autrefois puis des tas de rôles méconnus (certains oseront dire que Zardoz de John Boorman, 1974, vaut mieux que tous les James Bond réunis), avant de démarrer la seconde que je nomme 'carrière patriarche', barbe éternelle et cheveux gris rares, Nom de la Rose, Highlander, Indiana Jones 3 etc, lui ramenant vraiment un succès mérité.

Le dernier grand nom à relever ici, dans cette alliance tout à fait iconoclaste, c'est celui de Michel LEGRAND, pour les besoins de la bande originale. John BARRY avait été approché, mais également plus inspiré de refuser pour aller travailler sur Octopussy, bien meilleur en qualité. Durant cette décennie 80 un peu moins foisonnante que la précédente pour lui, le compositeur français enchaîne les projets divers, en métropole comme outre-Manche et Atlantique. Cette même année 1983, il collabore avec Andrzej Wajda (Un Amour en Allemagne) mais aussi avec Barbra STREISAND pour son film musical Yentl.

On vous le donne en mille, cette BO de Jamais Plus Jamais est très jazz, tendance swing et smooth ! Notre grand chef d'orchestre ne saurait ainsi se renier, mais en premier lieu, il se plie plutôt bien à l'exercice de la chanson bondienne, avec l'éponyme "Never Say Never Again" qui ouvre et conclue le film. On pourrait croire à un exercice disco vu l'intro vitaminée, mais en fait c'est une ballade pop très soft aux couleurs jazz, typique de ce début 80's d'un point de vue sonore, basse aquatique en avant, refrain dans les notes aiguës, congas pour la touche latino etc.

Chanson plutôt jolie et rêveuse, aux paroles écrites par le couple Alan et Marilyn Bergman, et interprétée par Lani HALL, de quoi redécouvrir le timbre chaud de cette chanteuse américaine un peu oubliée de nos jours, qui s'est rendue célèbre pour ses collaborations avec l'artiste brésilien Sérgio MENDES. Chose amusante, elle est l'épouse du trompettiste Herb Alpert, membre principal de l'ensemble TIJUANA BRASS qui avait participé de façon très apparente à la BO de Casino Royale en 1967. Le monde de James Bond est parfois petit, y compris du côté musical, et si les deux 'outsiders' trouvent matière à rapprochement entre eux, alors !

Cela vaut aussi pour des questions de qualité, toutefois. La chanson du générique de début est quand même placée pour illustrer la toute première séquence qui est faite d'action. Ce qui est à la fois remarquable car on sent bien l'envie de rompre avec la saga EON par l'absence de générique personnalisé et bien sûr de gunbarrels, mais aussi maladroit car vu le résultat, cela n'est guère fait pour se distinguer des films de série B. Plus loin, "Une chanson d'amour" développe un peu la passion en chansons avec son sax alto smooth et ses cordes en cavalcade. La voix féminine suave fait irrémédiablement penser à Mireille MATHIEU, les excès en moins : il s'agit en fait de Sophie DELLA (qui a enregistré plus récemment sous le nom Sofia MARGO).

Si de ce côté LEGRAND fait belle preuve du talent qu'on lui connaît, sur le plan instrumental c'est autre chose. Non pas qu'il le fasse mal, c'est seulement que la BO proposée est très passe-partout et qu'il est difficile d'en retenir quoi que ce soit. La version instrumentale de "Never Say Never Again", portée par les hautbois, est tout juste agréable. "A Killer of SPECTOR/Fatima Blush" reprend les éléments musicaux cordes-sax de "Une chanson d'amour", tout en y adjoignant une envolée vigoureuse directement inspirée des mythiques "Augures printaniers" d'Igor STRAVINSKY, dans son célébrissime Sacre du Printemps (1913), et nettement moins bien.

Peu de moments de la BO retiennent l'oreille, entre "Death of Jack Petachi" et ses cuivres swing, la scène du tango (plus martial et lourd que sensuel) qui suit directement celle de la bataille virtuelle, ou encore les trompettes mariachi peu appropriées dans le décor méditerranéen de Palmira au moment où Kim Basinger (en petite tenue) et Sean Connery s'en échappent à dos de cheval. Pourquoi avoir mis des busards dans la prison si c'est pour ne pas s'en servir ? Au moins cette scène, avec les cavaliers orientaux a-t-elle un léger avant goût de l'étonnante dernière partie afghane de The Living Daylights/Tuer N'est Pas Jouer (1987), dans la saga officielle.

Le funk avec sax nerveux et basse proéminente de "Jealousy" ou encore le calypso-fusion de "Bahama Island" ne sont pas non plus de belles cordes à ajouter au bel arc de Michel LEGRAND, même si pour ce dernier titre, il a fait appel à une sommité de la musique aux Bahamas : le chanteur et claviériste Raphael MUNNINGS. À la rigueur, on peut relever les cordes romantiques, piano dans les graves et notes menaçantes de la scène sous-marine "Fight to Death With Tigersharks", une des rares à nous tenir à peu près en haleine dans ce film. À le revoir, il est quand même très passable, et musicalement, le fait que ce soit Michel LEGRAND en soi est la meilleure idée (tout comme le casting des acteurs en fait), ce qui n'est guère engageant, j'en conviens. Et pour le dernier de Sean Connery en Bond, il y a avait bien mieux à espérer !

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   MARCO STIVELL

 
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- Michel Legrand (compositions, orchestrations)
- Alan Bergman, Marilyn Bergman (paroles)
- Lani Hall, Sophie Della (chant)


1. Never Say Never Again
2. Prologue
3. A Killer Of S.p.e.c.t.o.r./fatima Blush
4. Plunder Of A Cruise Missile
5. Death Of Jack Petachi
6. Bahama Island
7. Fight To Death With Tigersharks
8. Never Say Never Again (instrumental)
9. Une Chanson D'amour
10. Tango To Death
11. Chaser
12. Jealousy
13. Escape From Palmira
14. Tears Of Allah
15. A Last Blow To Largo
16. Never Say Never Again (end Credits)



             



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