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VARIÉTÉ INTERNATIONALE  |  B.O FILM/SERIE

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- Style + Membre : John Barry , Michael Kamen & Orbital , David Arnold And Michael Price, Thomas Newman, Hans Zimmer

JAMES BOND - Spectre (thomas Newman) (2015)
Par MARCO STIVELL le 5 Octobre 2021          Consultée 1265 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Spectre (ou 007 Spectre) est typiquement le film qui a tout du chef-d'oeuvre sans en être un, gardant les meilleurs éléments pour les ressortir avec plus de modestie et pour un ensemble moins 'évident'. Skyfall en 2012 a créé la surprise et eu la jouissance d'être considéré par beaucoup comme le meilleur opus de James Bond au cinéma, alors qu'il en est le vingt-troisième effort, en sus d'être le plus rentable de tous. Spectre en 2015 fait un peu moins bien de ce côté aussi : 900 millions de recettes tout de même, tout en réalisant le meilleur démarrage historique pour un film au Royaume-Uni et en France ! Bref, le mythe n'est pas encore près de s'éteindre.

La touche de Sam Mendes aux commandes de ce deuxième film consécutif, avec Daniel Craig pour le premier rôle (mais aussi le fidèle Thomas NEWMAN à la composition musicale) est un bonheur presque entier, qui se savoure dès les premières minutes avec un formidable plan-séquence époustouflant de technique, à défaut d'être parfait, dans le Mexico populaire et en pleine Fête des Morts ! Mendes, en pleine fièvre créative et bien aidé par son chef opérateur Roger Deakins, travaille déjà sur son autre futur chef-d'oeuvre, 1917 (prévu pour 2019), sans parler de la photographie d'ensemble toujours aussi royale.

Après le retour du gunbarrel au début du film (merci !) puis quelques vues larges du décor, la caméra suit sans coupure Craig/Bond et l'actrice mexicaine Stephanie Sigman (future série Narcos) pendant leur long parcours depuis la place centrale noire de monde jusqu'à leur chambre d'hôtel, unique havre de tranquilité. Les morceaux de musique qui accompagnent toute cette séquence à Mexico jusqu'à la fin de la course-poursuite sont "Day of the Dead" et "Los Muertos Vivos Están". Ils empruntent à la tradition latine, tout en offrant à NEWMAN l'occasion de dire en peu de temps que l'orchestre et l'électro (même léger, évanescent pour le coup) cohabiteront forcément dans cette B.O, sans trop d'originalité. Il n'empêche que le résultat force le respect sans mal, avec les chants populaires hispaniques et les scansions de foule qui se mêlent à l'ensemble.

De toute manière, ce film est du grand art, à son tour, avec encore une fois la classe Skyfall distillée d'une autre façon, disons encore plus posée ! J'avais eu droit à des critiques concernant les longueurs provoquant l'ennui, le méchant anti-charismatique, et je les avais partagées moi-même lors du premier visionnage, à me demander comment aujourd'hui. Plus je revois ce film et plus je l'aime ! Il reprend un peu l'humeur aride de Quantum of Solace mais en bien mieux, et non, Christoph Waltz (acteur fétiche de Quentin Tarantino) n'est pas un mauvais choix, car parfaitement dans la lignée de ce que voulait le 'vieux James Bond' pour ses vilains aux moyens plutôt financiers que physiques, ses gueules particulières. Après tout, Waltz est Blofeld, Ernst Stavro Blofeld, chef de l'organisation SPECTRE et ennemi juré de Bond, aussi bien marqué au cinéma à l'époque qu'il ne l'était dans les derniers romans de Ian Fleming au début des années 60. Avec la cicatrice expliquée ici, par rapport à Donald Pleasance en 1967 qui l'avait déjà, et l'idée peu attendue qu'à la fin le méchant ne meurt pas violemment, il est 'seulement' arrêté par la police !

Fleming, à qui une fois encore hommage est rendu dignement, adolescent peu proche de sa lignée, un rien difficile et envoyé à Kitzbühel, en pleine Autriche du Tyrol, pour se forger le caractère dans une famille d'accueil temporairement, apprendre le ski, flirter voire copuler avec les jolies Autrichiennes et Allemandes (les filles les plus 'propres' de l'Europe selon lui, contrairement aux Anglaises !) (1). Une des périodes les plus heureuses de sa vie. Quant à Craig/Bond, il parle de son père adoptif dont Blofeld est le vrai fils, moniteur de ski assassiné (on est un peu entre le réel de Fleming et le récit originel de la nouvelle Octopussy, sachant que la pieuvre est devenu l'emblème du SPECTRE !). Et quand il veut retrouver la trace de Mr. White, méchant de l'ombre depuis Casino Royale (2006), il se rend dans les solitudes enneigées du Tyrol !

Certes, la fille de White, Madeleine Swann, jouée par Léa Seydoux, est tout ce qu'il y a de plus française, Mendes s'étant inspiré du côté de chez Marcel Proust. Mais c'est peut-être la meilleure James Bond girl depuis belle lurette et la meilleure frenchie entre toutes, même devant Eva Green pour ma part ! En même temps que le plaisir de revoir Ralph Fiennes en M, Ben Wishaw/Q, Naomie Harris/Moneypenny et d'avoir une touche très londonienne/british, avec d'ailleurs l'intrigue secondaire de la nouvelle surveillance informatique et un autre 'affreux' à combattre (C, joué par Andrew Scott alias Moriarty dans la série Sherlock).

Malgré ses concessions à la modernité, au monde qui doit toujours avancer dans la même direction en ne daignant pas se retourner - de quoi fournir une nouvelle épopée de survie pour les agents 00 -, Spectre canalise à merveille le re-lancement scénaristique depuis Casino Royale. C'est une nouvelle version des années 60 avec Sean Connery, totalement hors-guerre froide, liant de près tous les films et pas seulement en gardant Blofeld ainsi que son organisation machiavélique pour toile de fond, ses tueurs froids au physique particulier (le catcheur Bautista !) et ses bases secrètes qui finissent toujours en explosion colossale. Les apparitions de Judi Dench/ex-M, Eva Green/Vesper Lynd, Mathieu Almaric/Dominic Greene et Javier Bardem/Silva durant le générique de début ou la scène du piège final y participent également.

Thomas NEWMAN a lui aussi choisi de lier la bande sonore aux autres films qui l'ont précédé, et pas uniquement grâce au célébrissime "James Bond Theme" et ses déclinaisons multiples. Il reprend même des morceaux de David ARNOLD, son prédécesseur, comme "The Name's Bond...James Bond", le tout dernier de Casino Royale. Par souci artistique mais aussi peut-être par flemmardise, l'un des thèmes les plus marquants – mais pas forcément dans le bon sens - de l'action de Skyfall, celui avec les guitares rythmiques thrash durant la séquence écossaise, revient ici lors des dernières séquences à Londres, et longuement. 'Flemmardise' n'est pas un mot sympathique et je ne l'emploie pas régulièrement. Hélas il faut bien reconnaître qu'il mine un peu tout le dernier tiers de la B.O, depuis "Blindfold" jusqu'à "Westminster Bridge" inclus, soit les derniers moments d'action bondiennes avant plus de six années de hiatus.

Les mêmes travers que Skyfall peuvent être reprochés ici à NEWMAN, même s'il y a toujours des gens pour dire en commentaire sur YouTube que la moindre envolée orchestrale massive et anti-mélodique avec grosses percussions, tout ce qu'il y a de plus bateau depuis quelques années, est digne d'être élue 'meilleur thème de toute la saga James Bond'. Merci pour John BARRY ou même George MARTIN, pour les trouvailles des années 60, pour les prouesses de Vivre et Laisser Mourir, Rien Que Pour Vos Yeux, Tuer N'est Pas Jouer... "Careless", "Tempus Fugit" aussi bien que "Westminster Bridge" ne sont là que pour meubler : serait-ce d'ailleurs, au final, une qualité par rapport à toute la passion mise sur l'ensemble visuel et les dialogues, parfaitement rendue ? La réponse est non !

Une bonne musique même de fond peut toujours faire preuve de qualités. "A Reunion", par exemple, est très caractéristique d'une B.O, intelligente de base, qui fait écho à celle de Casino Royale en allant chercher les résonances autant que les mélodies, en puisant dans la musique spectrale (compte tenu du titre et du thème du film !). Étiré sur plus de cinq minutes certes et non couplé aux images lorsqu'on écoute le disque, mais quand même, elle vaut le coup. "Hinx", le thème du tueur joué par Bautista durant la séquence du train, est une marche vers la mort soignée. Les éléments orientaux de "Safe House", "Silver Wraith", "Secret Room" et mieux encore, "L'Américain" pour souligner l'arrivée au Maroc, ont de quoi séduire amplement. Ou alors, à l'opposé, les sons glacials et les tensions de la séquence en Autriche, à ne pas écouter dans le noir !

La partie Rome avec l'icône Monica Bellucci, veuve de l'agent que Bond a tué à Mexico au début, ne manque pas de distinction, à tous les niveaux. "Donna Lucia" (précédé par le "Nisi Dominus" d'Antonio VIVALDI) tout comme "Madeleine" sont les thèmes féminins bien nommés, derniers restes de romantisme 24 carats en cette époque Tinder, même si les délices (comprenne le jeu de mots qui pourra !) sont bel et bien ici en réalité. NEWMAN sait écrire des notes diaphanes, simples, et garder de beaux effets dans sa manchette : en témoignent la flûte alto en sol dévolue à 007 pour la tradition et le choeur vocal qui intervient sur "The Eternal City", "Backfire" également lors d'une scène de poursuite dans les rues romaines. Très réussis à leur tour, l'effet 'hélicoptère' de l'orchestre de "Snow Plane", le final "Out of Bullets" en finesse et le morceau créé pour le générique de conclusion !

Le lien est tout trouvé pour parler de la chanson principale, magnifique effort de Sam SMITH et Jimmy Napier appelé "Writing's on the Wall", écrite manifestement en très peu de temps, mais gardant l'esprit "Skyfall" en termes de ballade feutrée, en plus aventureuse. La voix en falsetto ou 'de tête' de SMITH impose sa marque et se distingue par rapport à Tom JONES et son "Thunderball" en 1965, car en dehors de cela, il y a beaucoup d'éléments communs entre les deux chansons James Bond. Le refrain lyrique, les synthés discrets mais splendides, les orchestrations de J.A.C. Redford participent à la grandeur du morceau et sont dignement repris par NEWMAN en instrumental durant la partie marocaine dans le désert. Captivant !

La chanson a obtenu son Oscar mais une fois encore, malgré une B.O contestable (moins que la précédente ceci dit) pourtant réalisée par un musicien de talent, c'est bien le film entier Spectre qui mérite récompense. À l'image d'une saga entière, et dont le prochain volet (le dernier ?) se fait attendre.

(1) Comme souvent dans ces chroniques, les détails de la vie de Fleming sont extraits du livre de Christian Destremau, Les vies secrètes du créateur de James Bond, 2020, éditions Perrin.

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De nuit, dans Londres, devant un immeuble désaffecté :
« Vous avez vu, Monsieur ?
-Quoi donc Q ? répondit M. Oui, c'est marqué 'Dr Hildebrand', et alors ?
-C'est en rapport avec la nouvelle de Ian Fleming qui s'appelle Le Spécimen Rare de Hildebrand.
-Merci pour votre érudition. Cela a-t-il quelque chose à voir avec le SPECTRE ? Ou ce connard de C qui veut nous mettre au chômage et pouvoir surveiller le monde des particuliers à travers les webcams et les traçages, soi-disant pour plus de sécurité ?
-Non, Monsieur...
-Bien. Alors entrons.
-Attendez, Monsieur !
-Qu'y a-t-il, miss Monepenny ?
-Je sens une présence derrière cette porte, une présence que je n'ai pas senti depuis...
-Serait-ce la Force qui vous fait dire cela ? rétorqua M. Voyons un peu !
À l'intérieur, Bond se tenait dans l'ombre de la salle.
« J'avais raison, se dit Moneypenny pour elle-même. Oh James ! Vais-je avoir l'occasion de me faire pardonner ce profil Tinder, ce soi-disant 'ami' dans mon lit l'autre soir tel que je vous l'ai présenté au téléphone, cette attitude bas-de-plafond, ce manque d'élégance et de romantisme typique de mon époque ? Sauvez-moi, je vous en prie ! »

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   MARCO STIVELL

 
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- Thomas Newman (compositions, orchestrations)
- J.a.c. Redford (orchestrations)
- Sam Smith (chant, composition)
- Jimmy Napier (composition, production)


1. Los Muertos Vivos Estan
2. Vauxhall Bridge
3. The Eternal City
4. Donna Lucia
5. A Place Without Mercy
6. Backfire
7. Crows Klinik
8. The Pale King
9. Madeleine
10. Kite In A Hurricane
11. Snow Plane
12. L'américain
13. Secret Room
14. Hinx
15. Writing's On The Wall (instrumental)
16. Silver Wraith
17. A Reunion
18. Day Of The Dead
19. Tempus Fugit
20. Safe House
21. Blindfold
22. Careless
23. Detonation
24. Westminster Bridge
25. Out Of Bullets
26. Spectre (end Title)



             



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