La nouvelle est tombée ce 28 Septembre : Le Dr. Lonnie SMITH nous a quittés, emporté par une fibrose pulmonaire à l’âge de 79 ans. Que les médias en aient parlé montre la place spéciale qu’il occupait. Il était un jazzman apprécié aussi bien par les amateurs forcenés que par les novices curieux. La musique était un jeu pour lui qui portait un turban parce qu’il trouvait que ça lui allait bien et se faisait appeler Doctor surtout pour rigoler plus qu’autre chose. Mais, fidèle à lui-même, il nous a laissé quelques temps avant son départ un dernier cadeau, son dernier album.

C’est son neuvième album chez Blue Note et il fait suite à All In My Mind, sorti en 2018. C’est un live, avec deux chansons enregistrées en studio car le studio ne l’intéressait plus. Seule la scène lui permettait de s’exprimer le plus honnêtement possible. Maladie oblige, il ne pouvait plus se livrer à ce plaisir comme avant, c’est pourquoi la performance captée est issue des archives de All In My Mind. Elle a été enregistrée au Jazz Standards de New York en 2017. Il jouait en septet avec Jonathan KREISBERG à la guitare, Jonathan BLAKE à la batterie, John ELLIS au saxophone ténor, Jason MARSHALL au saxophone baryton, Sean JONES à la trompette, Robin EUBANKS au trombone et, bien sûr, lui-même aux claviers. Avec en guest star la chanteuse Alicia OLATUJA pour la partie live. Pour la partie studio, il a invité Iggy POP, l’iguane en personne ! Ils se retrouvent pour jouer deux reprises de morceaux pop, "Sunshine Superman" de DONOVAN en conclusion du disque, une bonne reprise pas très reconnaissable, et "Why Can’t We Live Together" de Timmy THOMAS pour commencer le disque, une reprise hautement recommandable qui donne la pêche. De quoi faire regretter qu’Iggy n’ait pas choisi le bon docteur sur son album Free de 2019 !

Le cœur de l’album est donc la partie live. Aucune déception à ce niveau-là, mais est-ce bien utile de le préciser ? C’est très fort car il n’y a aucun temps mort dans les compositions. Chaque fois que la cadence commence à baisser, l’un des musiciens prend le relais pour improviser et relancer la machine, dirigé par les interventions de clavier. C’est du très beau travail d’équipe comme on aime en entendre dans le jazz, une musique qui n’oublie pas que le plus important, c’est de s’amuser. Encore plus incroyable est la forme physique de Smith à ce moment qui joue comme il a toujours joué, alors qu’il avait quand même 75 ans à l’époque, un âge où les doigts sont forcément moins agiles, mais on ne s’en rend même pas compte. C’est comme si on écoutait un de ses albums des années 70. Pas facile d'en sortir un du lot puisqu’ils sont tous bons, mais donnons quand même un badge d’excellence à Bright Eyes et Pilgrimage.

La pochette était annonciatrice : Lonnie Smith est reparti dans le cosmos. Il nous fait de loin un signe de paix et nous enjoint à suivre son dernier Respirez. Allez, on inspire, on expire. Et on remet le disque sur la platine.