Hélas tout devrait aller pour le mieux dans notre groupe des petites cuillères d'amour, les titres se sont bien enchaînés au sommet des charts et le groupe est devenu bankable. C'est le moment ou le guitariste Sal Yanovsky, armé de sa bonne tête de fumeur de ganja se fait arrêter à San Francisco en possession d'une trop grosse quantité de Beuh - Juin 67 -. Cela fait désordre immédiatement, ne me demandez pas pourquoi vu que la plupart des groupes étaient défoncés jusqu'à l'os. Toujours est-il que les journaux se saisissent de la chose, et que, citoyen canadien, le jeune homme gère mal la chose, balance un peu des noms au FBI pour garder intact ses droits. C'est ainsi qu'il est limogé des LOVIN' SPOONFUL, un drame tant le mec était un instrumentiste doué. Il est remplacé par Jerry Yester. C'est ainsi que le groupe réinvestit les studios fin 67.

John Sebastian continue de donner le ton au niveau des singles, ce qui suffit à donner le change : Le premier est super cool, il s'agit de la mignonne "She's A Mistery To Me" avec son jolie refrain si symbolique de ces années, on oscille entre BEATLES et BEACH BOYS, Il y a pire référence, un très joli morceau ultra pop. Puis c'est la courte "Money" époque DONOVAN, dans leur style jug band aisément indentifiable. Les résultats sont moyens, 27eme puis 48eme du billboard. Seule la plus psychédélique "Six O'Clock" va atteindre le top 20, sympa mais sans plus à mon sens. J'aurai utilisé la folky "Younger Generation" pour flamber les tops quand à moi, le petit rythme exotique y est très réussi, le groupe s'en souviendra sur le tard trois ans plus tard lorsque tout sera déjà perdu.

Sebastian sauve les meubles sur la doucereuse "Boredom", toute illuminée de steel guitare et de son esprit country, à l'image des nombreuses incursions dans le style effectuée par le groupe. Le grand piano de "Forever", l'orchestration complexe, les cuivres très présents font pencher le titre vers une ambiance BO pour cet instrumental original. "Try A Little Bit" est ambitieuse, et cette fois, les choeurs nous plonge dans l'ambiance du Summer of love, en plein flower power. On note l'unique chanson ou le bassiste Steve Boone se retrouve au micro, sur le titre "Priscilla Millionaira", plutôt pop avec des cuivres rebondis. Hélas, toutes proportions gardées, c'est un peu comme quand Ringo tient le micro chez les scarabées, c'est souvent secondaire, d'autant que le garçon chante mal. A oublier donc. Le batteur Joe Butler se retrouve au micro sur la poppy "Old Folks", sa voix juste et douce fait son office même si on préfère de beaucoup l'originalité de celle de Sebastian. Il est aussi sur "Only Pretty What A Pity", qui nous rapproche plus des collègues MONKEES, avec des intermèdes peu judicieux puis sur la catastrophique "Close Your eyes".

Evidement cet album, qui ne contient aucun grand classique, ne peut prétendre au même statut que ses tris prédécesseurs, il n'est donc pas conseillé pour découvrir la musique du groupe. Je tiens toutefois à sauver la jolie "She's A Mistery To Me" qui méritait de la postérité mais a disparu de l'histoire de la musique populaire. La situation devient fragile pour les LOVIN' SPOONFUL qui assistent impuissants à la désagrégation de leur groupe avec le départ irrémédiable du leader John Sebastian, appelé à une carrière solo par les maisons de disque. Comme souvent, les agonies les plus lentes sont souvent les pires et on ne va pas s'arrêter là.