Deux années après l’excellent album live On est là ! (live), un délais étonnamment long pour un groupe habitué ne pas perdre de temps, MOLODOÏ nous revient avec ce Tango Massaï qui vient confirmer sa grande forme. En effet, pour la deuxième fois les étoiles sont bien alignées pour le groupe : la qualité des compositions, la ferveur du groupe et la qualité du son permettent aux MOLODOÏ d’emporter facilement notre adhésion.

Il suffit d’écouter les deux tubes en puissance que sont "Du côté du Laos" et "Haute-Région" pour s’en convaincre. Leur Rock puissant, mais bien maitrisé, s’enrichit de sonorités et d’ambiances très heureuses. L’interprétation est sans faille, les textes originaux et bien troussés, et les mélodies imparables. Les MOLODOÏ nous proposent là un très habile équilibre, pourtant pas toujours évident à trouver, entre facilité d’accès et compositions exigeantes. A ce demander pourquoi de tels titres n’ont pas connu une diffusion plus large tant ils étaient taillés pour rencontrer le succès. "Ame errante", avec ses alternances de passages paisibles et entrainants, est du même acabit : difficile de résister au charme de ce titre très bien construit.

Sans atteindre ce même niveau d’excellence, le nerveux "Brigade d'amour" se montre également très bon. Comme c’est le cas sur tout l’album, le saxophone de Pascal s’y fait bien plus subtil et riche que par le passé.
"Seigneur Tigre", même s’il reprend certains gimmicks de "Vive l’Armée du Salut", est également un très bon titre, notamment du fait d’un beau solo de guitare de Spirou qui est symptomatique de l'évolution d'un groupe qui ne se contente plus de proposer des hymnes basques et primales. Ce passage démontre en effet que le groupe ne reste pas campé dans le Rock basiquement agressif de ses débuts et se permet de faire évoluer son propos.

"Elephant Reggae" donne l’occasion à MOLODOÏ de s’ouvrir vers d’autres horizons, avec l'introduction de cette ambiance purement Reggae. Bon, ce n’est pas vraiment sur ce terrain que le groupe est le plus à l’aise, mais cela apporte une agréable touche de fraîcheur. Le constat est le même avec "La complainte des ouvriers", un morceau mi acoustique, mi folklorique, qui nous prend à contre-pied en nous emmenant dans des paysages musicaux que l’on n’osait pas penser pouvoir rencontrer chez MOLODOÏ.

Alors soit, tout n’est pas fantastique sur cet album, à l’image de "Tank", un titre un peu brouillon et confus, qui ne parvient pas à nous emporter. Il manque également au thrashisant "Kalachnikov Style" un soupçon d’originalité pour que nous soyons totalement convaincus. Un peu comme pour "Elephant Reggae", cette volonté de diversification est louable et plutôt bien menée, mais le groupe ne parvient pas encore à se hisser au niveau des maîtres des styles qu'il utilise.

Mais indéniablement, en se montrant un peu plus fins et variés qu’à leurs débuts, et surtout en bénéficiant d’un son correct, les MOLODOÏ font la démonstration qu’ils sont un groupe efficace et charmeur. Et que les errements qui entachaient la qualité des albums de sa jeunesse n’étaient pas dus à un manque de talent.
Si [On est là ! (live) était le sommet artistique des MOLODOÏ sur scène, ce Tango Massaï est clairement leur pic artistique en studio.