House Arrest est le cinquième album du controversé et talentueux Ariel PINK. Sorti en 2002, il semble s’inscrire parfaitement dans la continuité des albums précédents de l’artiste, à la différence que celui-ci est beaucoup plus épuré. Pas évident d’appréhender l’univers décalé et un peu fou d’Ariel PINK mais il se trouve qu’House Arrest est une bonne approche pour se plonger dans sa discographie. Véritable génie d’un indie rock à la fois psychédélique et Lo-Fi, Ariel PINK, à travers ses albums, rend à chaque fois hommage à l’expérimentation dans la musique rock, de la scène de Canterbury jusqu’aux artistes adeptes du Do It Yourself tels que The CLEANERS FROM VENUS ou R. Steevie MOORE.

Il n'est pas facile d’apprécier House Arrest dès la première écoute puisque les techniques de multipistes utilisées par l’artiste nous perdent complètement, mais force est de constater que cette cacophonie de sons indéchiffrables a étrangement beaucoup de charme. Le résultat est aussi mystique que dissonant mais s’avère être la signature de tout son génie artistique. L’album n’a eu que très peu d’écho lors de sa sortie et il demeure jusqu’à maintenant injustement méconnu. House Arrest est pourtant la preuve ultime qu’Ariel PINK a un talent inné pour superposer impeccablement une multitude d’ambiances et tout cela dans une cohérence déconcertante.

Composé de 14 pistes, Hardcore Pops Are Fun et Interesting Results donnent le ton, ces deux premières pistes assurent la continuité de son précédent album "The Doldrums", les morceaux sont toutefois plus enjoués et rappellent à certains moments le post-punk psychédélique du groupe TELEVISION PERSONNALITIES. Au fur et à mesure, Ariel PINK semble se détacher de l’univers sombre et désespéré de son précédent album The Doldrums mais reste fidèle à son 'multipistes à cassettes' puisqu’il excelle dans son art. "Gettin High in the Morning" nous plonge directement dans les abysses de sa folie artistique, Ariel PINK alterne entre mélodies psychédéliques et sons dissonants, finalement le morceau est un bel hommage à Frank ZAPPA et à CAPTAIN BEEFHEART. "House Arrest", le titre éponyme de l’album, est sans doute le plus bruyant et le plus anarchique de tous mais l’étrange entremêlement des pistes en fait un morceau complètement hypnotisant. L’artiste rend ensuite hommage au surf rock et au rock garage des années 60 avec son très bon "The People I’m Not" qui rappelle The BZ et The VELVET ILLUSIONS. "Netherlands", avant dernière piste de l’album, marque véritablement le point culminant de l’œuvre d’Ariel PINK, le morceau de 9 minutes parvient à lier magnifiquement la structure si complexe du rock progressif, le rock hallucinogène de JEFFERSON AIRPLANE et la synth-pop (Oui, tout ça dans un seul et même morceau !).

House Arrest témoigne définitivement du génie (incompris) d’Ariel PINK. Une fois de plus, il prouve qu’il a cette capacité à composer des morceaux à la fois déstructurés et planants qui parviennent tout de même à conserver une solide cohérence. Certains morceaux sont moins efficaces que d’autres (comme "Helen" ou "West Coast Calamities") mais l’ensemble de l’album est réussi et nous fait parcourir une multitude d’univers. House Arrest n’est pas forcément l’album le plus accessible de sa discographie mais il est, à mon sens, celui qui illustre le mieux sa signature artistique.