Un vrai retour de DOROTHÉE en 2010, certains ont eu le temps d'y rêver. Hélas, l'année 1997 a bel et bien signé la fin d'une émission ô combien importante pour le jeune public des années 80 et 90, et la présentatrice-chanteuse qui menait le jeu médiatique pendant tout ce temps s'est retirée considérablement. Cela a également concerné la scène, et les MUSCLÉS eux-mêmes ont senti le temps passer, s'arrêter (René Morizur est décédé en 2009 ; depuis 2015, Framboisier l'a rejoint, de même que, hors groupe mais toujours dans la bande, Corbier en 2018 puis Ariane l'année suivante).

Il y a eu beaucoup d'hommages au Club Do à travers certaines émissions, livres. Cependant, mis à part chez Drucker le dimanche après-midi et à deux reprises entre 2005 et 2007, DOROTHÉE, revenue sur écran à peu près au même moment dans des programmes dignes d'intérêt, ne peut s'écarter d'un rythme 'éphémère' (jamais plus d'un an) et a du mal à s'imposer. Jean-François Porry a certes profité du succès chez monsieur Canapé Rouge pour sortir des remixes d'anciens tubes en singles au fil du temps, mais mis à part le premier ("Hou ! La menteuse", 2006), l'étincelle est restée à l'état de feu de paille.

2010 est une année charnière puisque c'est celle où DOROTHÉE reprend le micro de chanteuse. Outre un album véritable, elle se produit plusieurs fois à l'Olympia puis à Bercy au cours des mois qui suivent, de quoi susciter le triomphe et alimenter des plaisirs longuement attendus et retrouvés pour les fans de la veille, au cours de la nouvelle décennie. Quant à savoir pourquoi ce disque éponyme et ô combien isolé n'a pas eu de successeur, mystère... Quoique !

Porry mais aussi Gérard Salesses entourent naturellement la chanteuse, mais monsieur Slim Pezin (un de nos meilleurs guitaristes d'accompagnement nationaux) vient compléter le tout de quelques guitares réelles bienvenues, et Michel Jourdan signe seul une chanson, comme au bon vieux temps.

Les deux premiers morceaux ainsi que les deux derniers entretiennent à foison la nostalgie, l'exacerbent alors que ça y est, l'attente est comblée ! "Coup de tonnerre" est un gros synth-rock à l'ancienne qui souhaite modestement rappeler "Tremblement de terre", mais c'est surtout le morceau "Dorothée" qui nous saisit. Un piano à la "Everything I Do (I Do It for You)" de Bryan ADAMS, tout mignon, des cordes qui se dirigent plutôt vers le encore-plus-célébrissime "Canon en ré" de PACHELBEL, et la voix bien âgée de DOROTHÉE, sans doute corrigée. Qu'importe, puisque c'est elle ! Et elle s'adresse à un 'ancien', celui qui a connu les années A2 et ou Club, les dessins animés...

Tout est donc fait pour que le passé revive. Pour "Les chansons du passé", au parfum Europe de l'Est façon Gégé Salesses et comme on s'en souvient plus que de raison, la chanteuse évoque Nicolas et Marjolaine qui se sont rejoints sur les sommets enneigés de l'Himalaya, mais aussi le Docteur, monsieur l'Ordinateur, tout en faisant un détour par la Maison du Bonheur... Sympa mais sans plus, déjà meilleur que cette "Valise 2010" d'abord mi-argot mi-slam, ramenée ensuite à son ton classique grâce au refrain. Les choeurs lyriques de Martine et Francine gâchent d'autant plus l'écoute, hélas.

Les autres titres préfèrent le recyclage d'idées indirect ; l'équipe fait tout simplement du neuf avec du vieux. Et le nombre de slows-blues au goût de Porry a, lui aussi, tendance à fatiguer ("En ce temps-là", "On a toujours besoin"). Une fois encore et malgré le temps passé, les ballades country même très sucrées sonnent toujours plus inspirées, "Une chanson d'amour" en tête ainsi que "La petite Jeanne", côté princesses.

Sous des cieux antillais, la biguine "Mais pourtant, tu l'aimes" est une réussite, de même que "Tant mieux", nouvel hommage musical à la Motown et "Then He Kissed Me" des CRYSTALS. Au-delà des thématiques depuis toujours chères à DOROTHÉE s'adressant à un jeune public désormais nourri d'Internet, avec un sens donc moins inné du rêve et du romantisme (ou alors vite tempéré), les titres country-pop légers ("Je suis amoureuse", "Les filles aiment les garçons") auraient pu bénéficier d'un meilleur traitement, des sons moins factices.

Et finalement, on se dit que ce nouveau et peut-être dernier disque, 'en passant', ayant tenté de faire revivre certains choses quand beaucoup d'autres ont changé autour, ne peut tenir la comparaison face à des concerts où les fans peuvent changer les chansons d'avant, celles qu'ils ont toujours aimé. Pas étonnant, de fait, qu'il se sente bien seul !

Note réelle : 2,5