Le quatrième album de Tracy CHAPMAN est aussi son premier à ne pas afficher une photo d’elle en couverture, optant à la place pour ce gros plan sur une fleur, un visuel très générique peut-être supposé représenter le renouveau de la nature au fil des saisons ? Mais ce 'new beginning', c’est surtout le sien. Le message est clair, elle se sent renaître comme artiste maintenant qu’elle a trouvé sa voie.

Ce sera en tout cas l’album d’une belle surprise : celle du single "Give Me a Reason" qui, contre toute attente et là où les singles de ses albums précédents n’ont pas fait grand bruit, sera un succès. Ce qui est curieux car le morceau, quoique sympathique, n’a rien de particulier et n’est pas le meilleur du disque. Peut-être le public a-t-il répondu à son côté très americana (renforcé par les guitares électriques) alors que le genre est à la mode aux Etats-Unis à l’époque ? Ce succès lui a permis de toucher une audience un peu plus large et de connaître un léger rebond dans sa carrière à un moment où elle semblait destinée à sombrer dans l’oubli un petit peu plus à chaque album.
Musicalement, son style continue d’évoluer depuis Matters of the Heart. Subtilement certes, mais il y a une évolution entre les deux, avec pour la première fois chez elle l’utilisation de chœurs. De quoi compenser la non-évolution de ses textes qui continuent d’alterner entre problèmes sentimentaux et problèmes politiques, avec une certaine dichotomie entre l’optimiste "Heaven’s Here On Earth" et le pessimiste "The Rape of the World".
New Beginning partage comme (presque) tous les albums des années 90 un trop-plein de musique, onze titres qui durent tous plus de cinq minutes ! La première écoute est décourageante, d’autant plus que c’est un disque calme composé quasiment uniquement de ballades. Il semble que Tracy CHAPMAN ait trouvé sa paix intérieure, tant mieux pour elle mais dommage pour nous. Où est passée le désespoir brise-cœur de "Behind the Wall" ? Là où on pourrait s’attendre à le retrouver sur "Smoke and Ashes" et "The Rape of the World", nous trouvons plutôt un chant résigné qui semble dire c’est dur, mais c’est comme ça. Il faut bien plusieurs écoutes pour avoir une meilleure vision d’ensemble et dégager les passages intéressants. Le meilleur moment du disque est pour moi "Tin Man", un folk aux accents blues doté d’une mélodie à la guitare acoustique discrète mais qui porte l’ensemble. Il est suivi de près par "Tell It Like It Is", la seule chanson énervée de l’ensemble, merci aux guitares, électriques cette fois, de nous réveiller. Le final "I’m Ready" vaut aussi le détour.
Quant au reste, il oscille entre le banal et le moyennement intéressant. "New Beginning", "Cold Feet", "At This Point In My Life" et "The Rape of the World" font partie du premier, "Heaven’s Here On Earth", "Smoke and Ashes", "The Promise" et "Give Me One Reason" du second.
Finalement, le tout est bien tiède et déçoit venant de Tracy CHAPMAN. Avec un peu plus de peps et moins de longueur New Beginning aurait pu s’imposer comme la renaissance promise mais retombe comme un soufflé mal cuit.

Note réelle : 2,5/5