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ELECTRO ORGANIQUE  |  B.O FILM/SERIE

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B.O FILMS/SERIES

2014 Under The Skin

Mica LEVI - Under The Skin (2014)
Par LE BARON le 18 Avril 2022          Consultée 721 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Under The Skin, de Jonathan Glazer, est un objet singulier. Si l’on y trouve des éléments typiques des films de science-fiction - des extra-terrestres arrivent sur terre, et devinez quoi ? Ils nous veulent du mal -, le film est très éloigné des habituelles batailles intersidérales ou des combats solitaires et en culotte contre des monstres mal lunés.
Et pourtant, il y en a, des monstres, ou plutôt une monstresse à l’apparence trompeuse, surtout pour les benêts que nous sommes, nous, les mâles. Il faut dire que l’extra-terrestre est jouée par Scarlett Johansson, qui attire les hommes avec une facilité confondante dans une camionnette* afin de les… de les quoi ? On n’est sûr de rien, si ce n’est que c’est très désagréable.
Le film ne s’embarrasse d’aucune explication. Cela renforce son étrangeté, mais aussi son intérêt. Car plutôt que de s’assurer que son histoire est crédible, le réalisateur privilégie les climats inquiétants, cultive un sentiment de malaise, et nous confronte même au drame absolu**.

Et puis il y a la musique, évidemment, qui participe très largement à l’ambiance générale, et dont la présence est d’autant plus importante que le film est peu bavard. Pour accompagner le parcours cabossé de son "héroïne", Jonathan Glazer a fait appel à Mica LEVI, qui reste à ce jour assez méconnue. Son parcours est pourtant riche. Sous le pseudonyme de MICACHU, elle a sorti plusieurs disques avec son groupe, The SHAPES***, qui pratique une espèce de pop expérimentale – si, si, ça existe -, utilisant des sons torturés pour produire des chansons assez enjouées, et à la structure classique.
Il faut dire que cette fille d’un professeur de musique et d’une violoncelliste est non seulement une compositrice aguerrie, au sens le plus classique du terme, mais qu’elle est aussi DJ, et ne craint ni les traitements électroniques, ni les mélanges de toutes sortes.

Pour Under The Skin, Mica LEVI a réalisé un remarquable travail sur les textures. La matière sonore, on l'a dit, est très électronique, mais elle ne se départit jamais d’un substrat organique. Toujours dense, elle forme un socle sur lequel la compositrice ajoute des couches de cordes qu’elle enchevêtre sous toutes leurs formes : pincées, frottées, frappées.
Ces courtes séquences, à peine esquissées, LEVI les malaxe sans merci, les filtre et les refiltre, les accélère ou les ralentit. Seraient-elles strictement électroniques, que cela serait incolore, mais les sons de base sont ici bien réels, et cela change tout, créant un malaise d'autant plus palpable que sa source semble vivante.
C’est évident pour les cellules jouées par les cordes, mais cela vaut également pour un simple battement tiré d’une percussion, et qui se voit torturé à l’envi, finissant, en plus de marquer le temps, par paraître franchement menaçant, tant il est lent, hypnotique, et annonciateur de sinistres évènements.

Ainsi, de la répétition – le disque se forme à partir d’une ambiance sonore quasi similaire de bout en bout, Mica LEVI tire une étonnante singularité. Les différents traitements qu’elle applique – ou inflige ? – à sa propre partition transforment la musique, tout en lui conservant le ferment qui la sous-tend : un aspect organique, abrasif et poisseux, à l’image du film qu’elle accompagne, et dans lequel elle se fond.

Il est évident qu'Under The Skin, film très réussi, doit énormément à sa musique. Et si la carrière musicale de Mica LEVI n’est pas toujours passionnante, cette bande originale l’est, et mérite largement votre oreille attentive, et sans doute angoissée.



*Eh oui ! C’est un film de science-fiction dans lequel on conduit des camionnettes plutôt que des croiseurs interstellaires.
**L’extraordinaire scène de la plage, filmée de loin, met le spectateur à sa place, celle du voyeur. On la déconseille aux parents, surtout de jeunes enfants.
***Rebaptisé depuis GOOD SAD HAPPY BAD.

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   LE BARON

 
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- Emma Smith (violon)
- Eugene Feygelson (violon)
- Max Baillie (violon)
- Rebecca Gardiner (violon)
- Anisa Arslanagic (alto)
- Mica Levi (alto)
- Vincent Sipprell (alto)
- Max Ruisi (violoncelle)
- Oliver Coates (violoncelle)
- Charlotte Kerbegian (contrebasse)
- Harriet Scott (contrebasse)
- Laura Murphy (contrebasse)
- Benjamin Griffiths (flute)
- Marc Pell (batterie)


1. Creation
2. Lipstick To Void
3. Andrew Void
4. Meat To Maths
5. Drift
6. Lonely Void
7. Bedroom
8. Love
9. Bothy
10. Death
11. Alien Loop



             



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