Les coïncidences sont parfois étranges. DERNIERE VOLONTE apparaît sur la pointe des pieds à FORCES PARALLELES et Albin JULIUS quant à lui disparaît en toute discrétion en ce début de joli mois de mai. Albin qui? vous demandez-vous peut-être. Il s'agissait tout simplement de l'Autrichien au cerveau alambiqué, créateur entre autres de DER BLUTHARSCH et de THE MOON LAY HIDDEN BENEATH A CLOUD qui sont deux références de la scène martiale et une influence majeure du projet qui nous intéresse ici. Comme les choses sont également le plus souvent bien faites, c'était aussi le grand patron de Hau Ruck !, le label ayant signé tous les albums de Geoffroy D. Tout ce petit monde sulfureux qui s'est toujours trouvé à la marge des courants sombres en ce début de nouveau millénaire était alors en pleine effervescence artistique. Le Feu Sacré s'inscrit pleinement dans cette belle dynamique d'antan.

On tient donc entre nos mains le véritable premier album de DERNIERE VOLONTE puisqu' Obéir et Mourir sorti deux ans auparavant doit être considéré comme une compilation. C'est certes une œuvre de jeunesse avec ses petites imperfections mais elle dessine déjà avec assurance l'identité qui sera celle durant les premières années de ce combo essentiel de la scène dark folk. Le leader à la coupe réglementaire apparaît ainsi tel un JANUS avec un visage ouvertement martial et industriel et l'autre beaucoup plus abordable car gommant quelque peu la dureté des sonorités et le caractère étouffant propres au style. Le Feu Sacré alterne durant cette heure avec plus ou moins de fluidité ces deux types d'ambiances. Garde à vous ! Et rompez les rangs pour l'écoute !

Si Geoffroy D s'est rapidement démarqué de ses petits camarades de jeu, c'est que le garçon, il faut bien le reconnaître, est plutôt doué pour distiller des sonorités convaincantes. Un morceau comme "Les Tambours", même s'il paye sa dette AUX JOYAUX DE LA PRINCESSE, le projet d'Erik KONOFAL, montre l'étendue de sa capacité artistique. Cette marche militaire combine en effet qualité des mots en français et mélodie entraînante. Ce sont déjà les prémices des travaux à venir, un peu comme l'instrumental "Ma Vie S'éteint" qui conclut dans une douceur aérienne cette galette à travers des vagues de synthés atmosphériques. DERNIERE VOLONTE pose ici les premières pierres de sa Military Pop assurément atypique. On se retrouve donc face à des titres plutôt accessibles, pour le genre naturellement, à l'image d'"Ami" ou de "Der Zorn Gottes", une sorte de procession funèbre lugubre sur fond de tambours martiaux.

Autre bon point et non des moindres, c'est la dextérité avec laquelle DERNIERE VOLONTE manie souvent l'art du sampling. Ceci donne un indéniable souffle évocateur à cet ensemble même juvénile. Le symphonique "Wake Up" pourrait apparaître comme totalement boursouflé s'il était de VON THRONSTAHL, mais avec Geoffroy D la puissance en règle générale ne devient pas lourdeur. A l'écoute du glaçant "Ouverture", l'auditeur pousse ainsi littéralement les portes des ténèbres. Le projet adoucit néanmoins parfois ses textures sonores à l'image de l'atmosphérique "Der Kinder Nacht" qui irradie par sa beauté crépusculaire ou de "Nous Maintenons Notre Histoire", une boucle industrielle étourdissante allégée par des notes de clavier bienvenues. Le seul défaut pourra être la présence de quelques titres superflus, comme, par exemple, "Regarde Le Monde Tomber" qui provoque un léger ennui car trop classique dans son approche et entendu maintes fois ailleurs.

Le Feu Sacré est à l'évidence un album de référence. DERNIERE VOLONTE expose en effet avec brio un monde d'acier et de larmes du plus bel effet.

Note réelle : 4,5/5