Il n’est pas toujours aisé de suivre Jean-Louis MURAT dans ses errances, dans ses voyages artistiques.
En effet, le bougre semble souvent faire fi de toute orientation logique pour se lancer dans des projets aussi incongrus que surprenants. La palme revenant peut-être jusqu’alors à Lilith (2003) et à Madame Deshoulieres (2001). Mais là, il est en passe de dépasser ses propres limites, ce qui est normalement plutôt bon signe pour un artiste, dont on considère habituellement qu’il se doit, entre autre, de provoquer, de faire réfléchir.

Mais à pousser le bouchon un peu trop loin, il risque fortement de nous perdre en route tant le résultat va cruellement manquer d’attrait pour la grande majorité des auditeurs. A trop vouloir essayer, bidouiller, tenter, le chanteur s’est en effet fourvoyé dans impasses artistiques au sein desquels il aura du mal à nous entrainer. Au niveau musical, on oscille entre de l’électro Pop doucereuse et de la musique de film. Le tout, avec beaucoup de dissonances, de bruitages. On est donc assez loin de la Pop Rock mélancolique dans laquelle il excelle.

Au niveau des textes… eh bien, c’est un euphémisme que de dire qu’un mode d’emploi n’aurait pas été de trop. Au-delà du sens des paroles, même leur musicalité est par moments aux abonnées absents. De ce fait, c’est parfois assez affligeant à l’image du ridicule et insipide "Le chat". C’est plus souvent décousu et brouillon, comme cela peut-être le cas avec "Les Pensées de Pascal" ou "O Sole Mio" qui semblent dépourvus de toute structure discernable. Et le reste du temps cela est presque toujours sans intérêt et ennuyeux.

Heureusement seuls quatre titres dépassent les trois minutes, ce qui fait que le supplice et l’ennui sont de courte durée. Car lorsqu’un morceau s’éternise l’inconfort fait de même. C’est ainsi le cas avec les quatre minutes décousues de "Travaux sur la N89". Il ne faut toutefois pas exagérer, car tout n’est pas rebutant et ennuyeux dans ce Travaux sur la N89. Et on peut prendre du plaisir à l’écoute de "Coltrane", un morceau dans lequel on retrouve les qualités de compositeur et d’interprète de MURAT. Parfois même, la grâce surgit aux détours d’un "La vie me va", en duo avec la chanteuse Morgane Imbeaud.

Mais c’est bien peu pour nous contenter. Mais est-ce vraiment ce que l’artiste cherche à faire ? N’est-il pas dans une démarche purement égoïste dans laquelle il peut tout se permettre car LUI, il ose ? C’est possible, mais quoi qu’il en soit, sa liberté d’artiste a bien du mal à s’accommoder à notre plaisir d’auditeur. Mais lorsque l’on a la démarche de proposer son œuvre aux autres on ne peut pas complètement s’affranchir de ceux-ci.