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The SWEET INSPIRATIONS - Sweet Sweet Soul (1970)
Par LE KINGBEE le 1er Février 2023          Consultée 423 fois

Si le mois d’octobre 1969 s’est terminé en beauté chez Atlantic avec l’enregistrement de In The Court of Crimson King, un album qui fait date, l’ambiance qui règne chez la firme Atlantic en ce froid mois de novembre s’avère tendue. Plusieurs raisons à cela : CROSBY, STILL, NASH & YOUNG viennent de passer trois jours en studio, enregistrant une trentaine de titres dont aucun ne sera édité. L’ambiance est d’autant plus morose que Stéphane Grappelli associé au vibraphoniste Gary Burton vient de mettre en boîte à Paris Paris Encounter, un album sur lequel la firme ne rebondit pas, le disque ne sera publié qu’en 1971. En réalité, le label de Jerry Wexler semble tergiverser entre l’émergence de nouveaux groupes de Rock (LED ZEP, KING CRIMSON) et une confrontation avec d’autres écuries à travers les cartons des METERS, le lancement en grande pompe de Diana ROSS voguant désormais en solo, tandis que les JACKSON FIVE emmenés par la voix juvénile de Michael commencent à se faire un nom en alignant les Numéro Un. Ajoutons-y le manque de succès du premier disque de Boz SCAGGS et la controverse liée à l’enregistrement de "Loan Me A Dime", un excellent Blues piqué à Fenton Robinson et dans une moindre mesure l’échec, faute de promotion, de BLACK PEARL. N’oublions pas qu’Atlantic capitalise toujours sur Aretha FRANKLIN, une mise parfois risquée qui peut s’avérer à double tranchant et qui cristallise l’environnement.

C’est dans ces conditions que les SWEETS INSPIRATIONS, un groupe auquel Jerry WEXLER n’a jamais cru, préférant les cantonner dans un rôle de choristes, font leur apparition au Sigma Sound Studios de Philadelphie (les anciens studios de label Cameo/Parkway). Cissy Houston et ses trois copines enregistrent le mardi 11 novembre onze titres dont dix sont retenus pour figurer au sein de Sweet Sweet Soul, leur cinquième et dernier disque pour Atlantic. En fait, seul "(Gotta Find) A Brand New Lover Parts 1 & 2" est éclipsé, le producteur Gene Dozier (également présent au piano) préférant diviser la chanson en deux parties distinctes. Si Dozier amène deux compos, le répertoire fait la part belle à deux équipes d’auteurs de Philadelphie : d’un côté, le trident Jerry Akines/Johnnie Bellmon/ Reginald Turner, trois anciens membres de The Formations et, de l’autre, Kenny Gamble et Leon Huff, deux instigateurs du Philly Sound.

Idem des parties arrangements et orchestration, Dozier fait appel à l’arrangeur Don Renaldo (ex-Delfonics, Barbara Mason) pour le domaine des cordes, alors que Sam Reed s’occupe de la section des cuivres. Si les compositions proviennent de nouvelles plumes, il en est de même de l’accompagnement : de nombreux membres du collectif MFSB (Mother, Father, Sister, Brother) viennent apporter leur concours. En fait, on retrouve la crème des musiciens de Philadelphie, la plupart des attitrés du label P.I.R. (Philadelphia International Recording). Parmi toutes ces futures gloires du Philly Sound, le batteur Earl Young (ex-Ambassadors, Wilson PICKETT, Dusty SPRINGFIELD), le bassiste Ronnie Baker (futur Trammps), les guitaristes Roland Chambers (ex-Intruders, Wilson PICKETT), Norman Harris (ex-Laura Nyro, Honey & The Bees), les organistes Lenny Pakula (ex-Billy PAUL, Stylistics) et Thom Bell (ex-Jerry Butler, The O’Jays) ou le percussionniste Vince Montana (ex-Dusty SPRINGFIELD, Intruders).

D’entrée de jeu, les anciennes influences issues du Gospel disparaissent avec "Shut-Up !!!" *, un titre entraînant et dansant qui s’inscrit entre Labelle et les Three Degrees. Mais il est souvent difficile de gommer ses premières impulsions. L’intro d’un orgue churchy sur "Give My Love To Somebody" et des cuivres suscitant une montée d’adrénaline évoque cette fois Aretha FRANKLIN. Changement de tournure avec "Two Can Play The Game" **, titre au refrain accrocheur qui s’inscrit plus nettement dans une lignée proche des productions Motown.
Arrivée en deux épisodes de "(Gotta Find) A Brand New Lover" à la première partie sucrée et à la seconde plus en nuance dont le nappage des cordes s’intensifie au fil des répétitions des couplets pleins de ferveur, à l’image de certains psaumes. Si Cissy Houston se chargeait du lead vocal, Estelle Brown s’approprie le micro sur "Ain’t Nothin’ In The World", un titre rythmé à cheval entre la Soul de Détroit et celle de Philadelphie. Si "Them Boys" avec sa guitare et les logorrhées de Cissy Houston laissait présager un Slow Blues, la cadence s’accélère rapidement au bout d’une quinzaine de secondes. La lente moiteur du début se transforme en une fusion au chant déclamatoire proche de Patti Labelle ou d’Esther Phillips, sans le maniérisme de cette dernière. L’orchestre ne reste pas les pieds dans le même sabot, "Flash In The Pan" prend par moment une coloration latine avec son jeu d’orgue et de vibraphone. A l’image de sa pochette, "At Last I’ve Found A Love" s’ancre résolument dans une Soul édulcorée dans la lignée des concurrents de la Motown. Les Sweet Inspirations qui marchaient à cette époque sur l’eau, jouant des rôles de choristes pour Lady Soul ou le KING, terminent l’opus avec une bonne pièce de Deep Soul, dont on regrette toutefois l’escalade mélodramatique de Cissy Houston. Mais à travers cette dernière piste, certaines intonations rappelleront aux plus jeunes le timbre d’une future star en la personne de Whitney Houston.

Contrairement aux albums précédents dont un titre au moins parvenait toujours à atteindre les hit-parades américains, aucun succès n'est à l'oeuvre dans ce cinquième opus, le dernier de cet ensemble pour Atlantic. Paradoxalement, une unité et une trame sonore pointent ici le bout de leur nez pour un résultat plus linéaire et surtout plus sincère. On se demande pourquoi Jerry Wexler n’a jamais véritablement cru dans les voix de cet ensemble vocal. Si Cissy Houston n'a pas tardé à prendre la poudre d’escampette, le groupe a enchaîné par la suite chez la Stax tout en collaborant avec Elvis jusqu’à sa mort.


*Titre homonyme à ceux des Stranglers, Black Eyed Peas.
**Titre homonyme à celui de Bobby Brown.

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- Cissy Houston (chant)
- Myrna Smith (chant)
- Sylvia Guions-shemwell (chant)
- Estelle Brown (chant)
- Roland Chambers (guitare)
- Norman Harris (guitare)
- Bobby Eli (guitare)
- Ronnie Baker (basse)
- Earl Young (batterie)
- Thom Bell (orgue)
- Leonard Pakula (piano)
- Eugene Dozier (piano 8-9)
- Vince Montana (vibraphone, percussions)
- George Cannon (congas, bongos)
- Garnell Johnson (congas, bongos)
- Don Renaldo (arrangement, cordes)
- Sam Reed (saxophone, arrangements cuivres)
- Tony Williams (saxophone)
- Rocco Bene (trompette)


1. Shut Up!!!
2. Give My Love To Somebody
3. Two Can Play The Game
4. (gotta Find) A Brand New Lover (part I)
5. (gotta Find) A Brand New Lover (part Ii)
6. Ain't Nothin' In The World
7. Them Boys
8. Flash In The Pan
9. At Last I've Found A Love
10. That's The Way My Baby Is



             



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