Orphelins de Tom PETTY, cet album est pour vous.

Imaginez, cela fait déjà cinq ans que l'homme à la Rickenbacker nous a quittés (pour mémoire, le 2 octobre 2017). Or, Mike CAMPBELL, son fidèle complice durant plus de quarante ans, a remis le couvert avec son nouveau groupe, les DIRTY KNOBS. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que le fantôme de Tom est bien présent sur cette galette. Déjà par la voix de Mike, nasillarde et assez proche de celle de l’ancien leader des HEARTBREAKERS mais aussi par le son de la production, Mike CAMPBELL utilisant lui aussi la Rickenbacker, qu’elle soit en 6 ou 12 cordes. Mais surtout, il ne faut pas oublier la complicité des deux hommes dans l'écriture et dans la production des titres forts de ce groupe légendaire entre les années 70 et 2006, date de sortie du dernier album de Tom PETTY.

Alors, certes, il ne s'agit pas du premier opus des DIRTY KNOBS. Le groupe avait déjà sévi en 2020, mais Mike CAMPBELL s’était effacé derrière le nom du groupe. Là, il assume pleinement son statut de leader. Et je dois dire que le résultat est très largement à la hauteur de ce qui se faisait du temps des HEARTBREAKERS.

Nous sommes donc en terrain connu, du rock vintage à la BYRDS qui fait du bien aux cages à miel. Rien que le titre introductif "Wicked Mind" nous donne le ton d'un rock percutant qui balance, et on en redemande. Parfaitement accrocheur, il incite l’auditeur à poursuivre et, honnêtement, ça vaut vraiment le coup.
"Brigitte Bardot" poursuit dans une veine bluesy teintée de rockabilly et de zydeco. "Cheap Talk" fait penser à du ELECTRIC LIGHT ORCHESTRA ou aux BEATLES dans son utilisation des cordes pour une ambiance angoissante. "Dirty Job" et le titre éponyme font dans le bon rock qui tache, très proche de ce que faisaient les HEARTBREAKERS, syncopé pour "External Combustion" tandis que "Dirty Job" se paie le luxe d’avoir Ian HUNTER (ex-MOTT THE HOOPLE) à la guitare. "State of Mind" pourrait être un hommage appuyé à Tom PETTY par le mimétisme vocal sur un rythme langoureux, avec Margo Price comme invitée dont la voix se marie parfaitement avec celle de CAMPBELL, le titre étant enrichi de cuivres à la PRESLEY.

Après cet instant de grâce, "Lightning Boogie" nous remet le pied à l’étrier d’un boogie-rock endiablé, mix très agréable reprenant les canons des STATUS QUO et TRAVELING WILBURYS, avant de se calmer (légèrement) avec "Rat City", rock que l’on pourrait qualifier de sudiste ou issu du bayou, très agréable à écouter. Là encore, très proche de ce que faisait son ancien groupe. Une pause avec "In This Lifetime" qui commence par des harmoniques merveilleusement amenées. Un très joli titre suivi par "It Is Written" faisant sans conteste penser aux TRAVELING WILBURYS et possédant en son sein un petit gimmick musical qui en fait sa particularité (je vous laisse découvrir ce gimmick). Ce titre est touchant, l'ancien HEARTBREAKER évoquant notamment la perte de son ami. Enfin, "Electric Gypsy", un rock lent, légèrement blues, clôt l’album de manière idéale, comme le générique de fin où le héros s’éloigne, tranquillement, de la pellicule en train de le filmer.

Co-auteur de nombreux succès avec Tom PETTY telles que "You Got Lucky", "Refugee", "Here Comes My Girl" et "Runnin' Down a Dream", Mike CAMPBELL poursuit cette route du rock à la HEARTBREAKERS, ayant même invité sur cet album Benmont Tench, le clavier de son ancien groupe, pour "Electric Gypsy". Blues, country, folk, rock, pop sont ainsi présents à travers ces 11 pistes enregistrées 'live' en studio, apparemment sans aucun artifice, suffisamment diversifiées sans pour autant perdre en unité au point qu'on ne sent pas passer les 45 minutes de cet opus, gage de qualité, s’il en est.
Honnêtement, il m’est difficile de mettre moins de 4/5 à ce disque sur lequel mes oreilles se posent assez régulièrement depuis sa sortie.