Maintenant que le pire est passé, contrairement à la sortie de Tan, fin 2020, il n'y a plus aucune raison pour que VINDOTALÉ, entre autres groupes talentueux, ne puisse point bénéficier de la reconnaissance qu'il mérite tout autant que les représentations live en nombre indéfini pour entretenir le succès. La parution de Hunerez ar Bal ce mois de février ne peut que nous conforter dans l'enthousiasme des premières heures.

Le son s'étoffe avec les changements divers, à commencer par l'effectif. VINDOTALÉ n'est plus un duo simplement ; le voilà désormais quartette avec la présence, au début temporaire pour quelques chansons du nouvel album et de façon 'permanente' au final, de Benoit Guillemot à la batterie et de Steph De Vito à la basse, ex-AR RE YAOUANK, tous deux s'étant croisés dans HIKS.

Il y a toujours des programmations, des boucles, mais dès les premières notes de "You", on sent une différence avec le premier album Tan, dans l'envie de sonner plus rock, plus mordant. Ce gros riff de Gwenolé et ce chant saccadé de Bleunwenn suffisent à nous asseoir en quelques secondes, et le reste du morceau est à l'avenant. L'effet blues-rock avec rythmique lourde, le ton héroïque et la vielle à roue qui se balade contribuent à en faire un véritable tube, au-delà du bon rock de sorciers.

La vielle à roue, parlons-en. Vu comme Willy Pichard, un des nouveaux talents de 'l'instrument du diable' en Armorique, est présent malgré son rang d'invité, il mériterait bien le grade de cinquième membre du groupe pour cet album. Sur "Fille du sable", titre solaire et incantatoire, il accomplit des merveilles. Idem de la ballade rêveuse "Mor" où la vielle sonne comme un violon et se met au diapason de la guitare électrique.

L'autre invité de marque, venu du FORJ SEXTET, est Clément Le Goff, chanteur mais aussi sonneur qui vient offrir un formidable solo de veuze à "Air Falalalo", preuve que VINDOTALÉ a autant de mérite du fait de s'immerger en Écosse qu'en Bretagne. Sans parler des ajouts de deux membres : avec cette basse en walk, cette touche blues du plus bel effet, le groupe est plus que jamais proche des CAPERCAILLIE, RUNRIG etc, la crème de la pop-rock écossaise traditionnelle.

Justement, Bleunwenn, toujours attentive aux textes (sa chanson favorite est "Ces Dieux-Là" sur l'album Quatre de Gabriel YACOUB, la dame possède un goût supérieur !), chante en gaélique aussi naturellement qu'en français ou en brezhoneg, et elle n'a jamais sonné aussi proche de Karen Matheson (CAPERCAILLIE) que sur l'exotique "Gaol Ise Gaol I". Gwenolé Lahalle, lui, évoque The Edge de U2 avec une classe certaine sur le bretonnant et héroïque "La fiancée de Satan".

Les quarante minutes globales sont encore parfaitement remplies avec "Shony", autre titre aux rythmes chaloupés et ensoleillés, avec de beaux synthés et boucles tendance 90's. La pop-funky de "Hunerez ar Bal" est faussement légère au début : le morceau se densifie ensuite. "Bale", très 'à l'américaine' dans son arrangement métallique et ample, est une marche doublée d'une complainte magique, sensuelle et réverbérée, taillée sur mesure pour Bleunwenn, de même que la délicate "Yeun Elez". Difficile de ne pas fondre pour cette respiration acoustique, voix et guitare seulement avec quelques claviers, paroles romantiques en français sussurré et fin en apesanteur.