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POST-PUNK CYBERNéTIQUE  |  STUDIO

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2022 Guitar Music

COURTING - Guitar Music (2022)
Par K-ZEN le 7 Mars 2023          Consultée 377 fois

Il semble avéré que le post-punk ait encore de beaux jours devant lui. [Et ce malgré ce dernier album signé INTERPOL pas forcément d’une grande tenue, une de mes dernières chroniques en date…]

Je n’aurais peut-être pas dit la même chose il y a quelques temps, mais force est de le constater ; à fortiori après la crise sanitaire qui a catalysé bon nombre de congénères intéressants notamment chez nos amis anglo-saxons. Ce mal-être commun, cette ambiance pesante qui a toutefois eu le mérite de nous rappeler à quel point certaines choses étaient vitales – sentiment qu’on avait complètement oublié – ont probablement joué un rôle dans la précipitation de cette solution, contribuant à amplifier et accélérer une lame de fond qui était déjà sous-jacente. Citons de mémoire et pêle-mêle FONTAINES D.C., black midi, SQUID déjà dans ces colonnes, The MURDER CAPITAL qui y viendra très bientôt. Et COURTING donc.

Un intitulé au sens mouvant, à valises, sans doute une réelle volonté de la part du collectif formé en 2018 à Liverpool et stabilisé depuis 2021 autour d’un quatuor composé de Sean MURPHY-O’NEILL au chant et à la guitare, Josh COPE à la guitare, Sean THOMAS derrière les fûts et Connor McCANN à la basse.

Courting donc. On y devine courtiser pas totalement à tort mais ce n’est pas suffisant. La cour est aussi un espace découvert dépendant d’une habitation ainsi que la résidence d’un souverain et de son entourage. Ou encore un tribunal. Diverses notions se mélangent ainsi, foyer, royauté, séduction, condamnation dans une mixture impossible à qualifier simplement.

Autre élément intéressant : le lettrage employé assez distinctif. Une police moyenâgeuse, digne de Robin des Bois, qui aurait toutefois découvert la ville moderne ainsi que ses arcanes et autres téléphones portables. On retrouve ce visuel jusque sur leur site officiel où il orne un cliché parfaitement en phase avec la jaquette proposée ainsi qu’au dos, faisant face à quatre symboles qui, plus qu’au quatrième LED ZEPPELIN, nous font penser aux plus contemporains et taquins SQUID.

Une pochette où on retrouve certains éléments textuels parcourant le disque. Les courts de tennis. Les buildings. Une cité encerclée par verdure et surtout montagnes. A l’intérieur, un autre paysage urbain, comme capturé sur le fait via un drone. Aucun ciel visible, donc aucun moyen de savoir si on se trouve au crépuscule ou à l’aube, au cœur de cette vision somme toute mathématique, quadrillage parfait.

Guitar Music, premier longue-durée enregistré par COURTING après un EP initial sorti en 2021, est-il donc un album à guitares comme nous le suggère habilement son titre ? L’ouverture ne plaide pas tellement en ce sens. Du moins temporairement. "Cosplay", via mellotron et oiseau dans un champ, ouvre les débats de manière rêveuse avant de laisser la place sans transition à un brutal beat industriel et rigide. La voix se fait étouffée. "Twin Cities", presque glitch et ainsi adéquat résumé global prescrit par un disque sans concessions, propose la vision d’une ville sous forme d’une matrice carrée, usine robotique en fusion brutalement construite en quelques minutes sur une nature préemptée. Une quasi-censure.

Cette charge contre la gentrification et le changement des métropoles, on la retrouve dans "Loaded", second single dansant et mené par la basse. MURPHY-O’NEILL y chante Je ne suis pas ton bébé. Je ne veux pas être une popstar maintenant. Peut-être y penserai-je plus tard. Tacle incisif contre la célébrité immédiate et donc peut-être bien une signature stylistique ? Plutôt un simple mensonge puisqu’il y pense malgré tout. Ou même un impossible équilibre à maintenir. Les synthés très rétro structurant "Famous" contribuent à en faire un tube net et précis, en plus de poursuivre le questionnement ambivalent sur la célébrité.

Le troisième single « Jumper » mixe éléments entrevus chez OASIS et BLINK-182, pour un morceau entre pop-punk et britpop faisant référence lyriquement à « Disco 2000 » composé par PULP. Autre facétie lyrique dans le nostalgique final « PDA » se terminant ainsi par trois points de suspension, le groupe ayant l’habitude de rendre ses paroles plus mystérieuses voire ambiguës en retirant certains mots, afin que les gens remplissent eux-mêmes les trous.

"Crass", déjà présent sur l’EP Grand National mais retravaillé (d’où le sous-titre), emprunte une ligne à Kanye WEST dans "Famous" et intègre un message sans aucun sens et plutôt menaçant reçu par le collectif : Suivez Jésus. Le sang des catholiques. BMOT. Ne pas répondre. Un riff démoniaque le traverse de part en part avant une mutation électronique finale pour ce qui est la meilleure chanson de la galette bien que la plus courte. Elle est suivie de peu par la longue-durée "Uncanny Valley Forever", lorgnant vers le post-rock voire le noise rock, épique suite autant influencée par les SMASHING PUMPKINS que par SONIC YOUTH, relatif OVNI dans ce paysage urbain et cybernétique.

Un premier album prometteur et original, bien qu’un peu court, où le post-punk rencontre le glitch électronique sur fond de questionnements sincères à propos d’architecture et de son rapport personnel à la peopolisation.

3.5/5

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- Sean Murphy-o’neill (chant, guitare)
- Josh Cope (guitare)
- Sean Thomas (batterie)
- Connor Mccann (basse)


1. Cosplay/twin Cities
2. Tennis
3. Loaded
4. Famous
5. Crass (redux)
6. Jumper
7. Uncanny Valley Forever
8. Pda



             



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