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1977 Pacific Ocean Blue
 

- Membre : The Beach Boys

Dennis WILSON - Pacific Ocean Blue (1977)
Par K-ZEN le 2 Avril 2023          Consultée 1242 fois

Le regard est sombre. Extrêmement grave.

Quant au cheveu, il s’avère long, et la barbe bien fournie. Le bleu colorant le T-shirt n’est pas si optimiste, plus qu’un ciel pur, on y aperçoit plutôt le reflet nostalgique des flots ayant généreusement arrosé les années passées. Planches de surf, tongs, voitures sportives, filles, vitesse extrême. Un cocktail réduit à l’état de simple relique pour un temps semblant à présent si lointain qu’on en viendrait à se demander s’il a réellement existé, bien que la succursale BEACH BOYS n’ait jamais interrompu totalement son activité jusqu’en cette année 1977.

Le nom apparaît en caractères imposants, presque trop apparents. WILSON. C’est un patronyme familier, évidemment. Mais le prénom qui lui est accolé juste au-dessus, un peu moins, car le roi chez les WILSON est baptisé Brian, génie aux pieds d’argile ayant composé les plus belles partitions des BEACH BOYS. Ailleurs, à même le sable, les mots Pacific Ocean Blue, comme une hypothétique compagnie de transport maritime, ont été gravés. Mais déjà la mer monte, ses eaux froides menaçant de tout recouvrir. Quant à l’horizon, il n’est guère plus clément, le ciel se faisant hostile.

L’histoire de Dennis WILSON est d’abord celle d’un enfant qu’on a forcé à intégrer le groupe familial via la batterie car il s’agissait du dernier instrument disponible. Bien sûr, il était souvent remplacé par des pros en studio mais ça n’a jamais semblé véritablement le déranger. Seul véritable surfeur que comptait les BEACH BOYS dans ses rangs, il a pu profiter pleinement du statut de pop star que lui offrait cette exposition hors norme. Cependant, bientôt une mutation s’opérerait, il allait aussi devenir un artiste à part entière sous son propre patronyme.

Le musicien Daryl DRAGON raconte ainsi que, lors d’un test sonore, il entendit une mélodie pianistique désarmante. Quand il regarda en direction de la scène, il s’aperçut que c’était Dennis derrière le piano, DRAGON ne savait même pas qu’il savait en jouer. Secrètement, WILSON s’est affranchi de son rôle ingrat dans les BEACH BOYS, déverrouillant une porte personnelle dans le but de devenir quelqu’un. Ce sera d’ailleurs le premier membre du groupe qui sortira un album en solo, ce fait revêtant une certaine surprise, le grand public n’ayant pas spécialement remarqué ses compositions auparavant.

Alors comment est-elle cette fameuse musique dispensée par Dennis ? Naturelle, fluide, positive, simple sans que cela constitue une quelconque critique, au sens dénuée d’avant-garde complexe. Mélancolique et traversée d’optimisme et de soubresauts écologiques, elle balaye multitude de genres différents : « River Song » s’essaye au gospel harmonieux quasi symphonique, « What’s Wrong » propose un rock’n’roll de saloon agrémentés de cuivres, l’astucieux blues « Dreamer » évoque immanquablement les DOORS, « Farewell My Friend » offre une pop typiquement îlienne. Le chant de Dennis convoque Don HENLEY, leader des EAGLES, via une voix parfois légèrement éraillée, s’alliant parfois encore pour reconstruire les harmonies vocales constituant la signature des BEACH BOYS (fantasmagorique et merveilleux « Tug of Love », meilleur titre du disque même s’il s’agit en fait d’un bonus).

Mais ce qui prédomine, c’est cette émotion palpable, baignant par fragments ou flashes sur le recueil complet : « Moonshine », le tristounet « Thoughts of You » s’emballant soudain dans une brève fureur arrivant de nulle part, « Time » et son évidente nostalgie ; tout cela sonne comme un rappel à l’ordre des démons coursant toujours Dennis et impossibles à véritablement semer complètement : drogues, alcool, une ancienne amitié avec Charles MANSON, croix bien trop lourde à porter.

Dennis WILSON mourra en 1983 d’une noyade accidentelle, laissant en jachère un successeur potentiel à Pacific Ocean Blue. Bambu, initialement abandonné pour des problèmes d’argent, sortira finalement de manière posthume en 2017, à l’image de son frère spirituel Smile Sessions. Nous y reviendrons sans doute mais c’est une autre histoire.

Il nous reste cette vision d’une plage paradisiaque, mais déjà au crépuscule, où figurait un hôtel luxueux ayant disparu sous une mystérieuse substance électrique, justifiant la convocation d’un plombier pour se débarrasser de l’élément perturbateur, une raie manta géante changeant la quiétude générale en panique incontrôlable.

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   K-ZEN

 
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- Dennis Wilson (chant, batterie, claviers)
- Ed Carter (guitare, basse)
- Ed Tuleja (guitare, chœurs)
- Earle Mankey, John Hanlon (guitare)
- Jamie Jamerson, Chuck Domanico (basse)
- Hal Blaine, Bobby Figueroa, Ricky Fataar (batterie)
- Bill Lamb, Michael Andreas, Lance Buller (« vents et bois »)
- Karen Lamm-wilson, Trisha Roach, Billy H (chœurs)


1. River Song
2. What’s Wrong
3. Moonshine
4. Friday Night
5. Dreamer
6. Thoughts Of You
7. Time
8. You And I
9. Pacific Ocean Blues
10. Farewell My Friend
11. Rainbows
12. End Of The Show
13. Tug Of Love
14. Only With You
15. Holy Man (taylor Hawkins Version)



             



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