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1966 Desolation

CUBY + BLIZZARDS - Desolation (1966)
Par LE KINGBEE le 2 Octobre 2023          Consultée 398 fois

A l’instar de Kim Simmonds, guitariste et émanation de SAVOY BROWN, deux musiciens se cachent en fait derrière CUBY + BLIZZARDS : le chanteur harmoniciste Harry Muskee et le guitariste Eelco Gelling, fondateurs et véritables incarnations de ce groupe hollandais.

Harry "Cuby" Muskee s’intéresse très tôt au Jazz, au Skiffle et au Dixieland. Mais la découverte du Live At Newport de John Lee HOOKER l’oriente aussitôt vers le Blues. Il étudie la guitare dès quinze ans avant de bifurquer vers l’harmonica et le chant. Après s’être produit au sein de The Mixtures avec les frères Henk et Jaap Hilbrandie, sa rencontre à Grolloo (bourgade à 50 bornes au sud de Groningen) en 1964 avec Eelco Gelling incite les deux musiciens à monter un nouveau groupe. Ce sera Cuby (nom du chien d’Harry) & The Blizzards, parfois appelé Cuby + Blizzards ou Cuby And Blizzards.

Après un premier single gravé en 65 dans un ancrage proche du Beat, cher aux anglais, le groupe met en boite deux singles pour le label Philips. Le succès local de "Richard Cory", titre Folk du duo SIMON & GARFUNKEL, dans une interprétation proche de celle enregistrée cinq mois plus tôt par les THEM de Van MORRISON, leur permet de connaitre un premier succès local. Dans la foulée, Philips décide qu’il est temps de jeter le groupe dans le grand bain avec la sortie d’un premier album.

Placé sous la houlette de Tony Vos, un modeste producteur présent depuis les deux derniers singles, le groupe doit subir les carences de Frans Naber, un ingé-son dont les prises n’ont jamais cassé trois pattes à un canard et qui ne parviendra jamais à cristalliser l’intensité du chant et encore moins l’orchestration. Enfin ne mégottons pas sur ce disque malgré son titre peu engageant. A la même période, pendant que Q 65, autre ténor batave, et Cuby & The Blizzards marchaient dans les pas des meilleurs British Blues Band, chez nous Salvador s’emparait des ondes avec "Le Travail c’est la santé", tandis qu’Antoine nous contait ses Elucubrations. Les radios les plus aventureuses osaient nous diffuser le "Paint It Black" des STONES ou "Stranger In The Night" du crooner au chapeau. Le constat peut paraitre brutal, mais force est de constater que la musique française était à la ramasse au niveau mondial.

Parmi les huit plages de l’album, le groupe n’apporte que trois originaux issus des plumes de la paire Muskee/ Gelling, les véritables têtes pensantes du combo. En guise de mise en bouche, "Things I Remember" s’annonce comme un mélange de Beat Bluesy patiné de Garage. Le chant presque déclamatoire se fait le parfait contrepoint d’un jeu de guitare qui allie Blues et Garage Psyché. Un hors d’œuvre dont les arômes montent crescendo d’autant qu’il ne s’éternise pas. Changement de cap avec "Just For Fun", un Piano Blues dans lequel la guitare s’offre des brèches efficaces. Si les premières mesures évoquent une mélodie limitrophe du registre Madison, les influences Chicago et Barrelhouse Blues prennent vite le relais. "Desolation Blues" qui donne pour moitié son titre au disque s’inscrit comme une ballade acoustique en connexion avec le Mississippi. Si le texte évoque la trame bien connue de la femme infidèle, le timbre de Muskee, par ailleurs auteur d’un bref solo d’harmo, tranche avec celui des vieux bluesmen du Delta.

Cinq reprises viennent enrichir l’album. Harry Muskee, se fait un point d’honneur à reprendre "Hobo Blues", un grand classique de son idole John Lee Hooker gravé en 1949. Si l’original reprenait tous les ingrédients d’un Blues rural avec en toile de fond un jeu de guitare lancinant et implacable, la présente version considérablement rallongée (plus de 6 minutes) vient s’ancrer entre un British Blues proche de John MAYALL, d'Alexis Korner et d'un Blues Psyché. Un titre ou le chant gémissant de Muskee demeure l’atout principal. Si Dr. Ross, un véritable homme-orchestre, l’avait repris un an avant, Cuby et ses potes seront le premier groupe blanc à reprendre le titre. Second emprunt à Hooker avec "Let’s Make It", titre correspondant à la période Vee-Jay du guitariste. Les hollandais prennent une orientation totalement différente en accélérant la cadence; sous couvert d’une guitare énergique dont les riffs primaires sont plus proches du Rock n Roll que du Blues, le titre repose sur de solides fondations entre Chuck BERRY et les ANIMALS.
Les premières mesures nous permettent de reconnaitre "I’m In Love" *, un Slow Blues de T. Bone Walker. Si le guitariste texan a repris à plusieurs reprises sa création, l’interprétation des hollandais change quelque peu, la guitare et le chant ayant parfois tendance à s’enflammer, tandis que le piano d’Henk Hilbrandie tente de garder une forme groovy typique au Chicago Blues. Enfin on remonte dans le temps avec "Gin House Blues", une compo accréditée par erreur au tandem Henry Troy/Fletcher Henderson en lieu et place du pianiste de Jazz C.J. Johnson. Si Bessie Smith chantait le titre avec l’intitulé "Me And My Gin", il s’agit bien de la même mélodie. Titre le plus long de l’album (plus de 7 minutes), Muskke se montre larmoyant (trop peut-être) avant que rythmique et guitare ne prennent le relais pour une douce mélopée. Chassez le naturel celui-ci revient souvent au galop, le chanteur revient dans la partie finale pour une plage qui aurait méritait d’être raccourcie.

Si ce premier jet reste marqué par quelques petites imperfections liées à la production (le photographe a zappé Hans Kinds, le 6ème membre), la prise de son et un chant parfois trop dramatique, les influences Beat et Garage seront bientôt gommées au profit d’un Blues plein de feeling. Alors que le groupe rentrait en studio pour ses premières séances, il servira également de backing band à John MAYALL, venu en Hollande pour quelques concerts sans ses Blues Breakers. Après un premier disque mitigé, la route du groupe arpentera un chemin plus radieux, Cuby + Blizzards accompagneront Van MORRISON et enregistreront auprès du pianiste Eddie BOYD. Au milieu des seventies, Eelco Gelling rejoindra Golden Earring. Suite au départ de son ami, Harry Muskee dissout le groupe pour former le Harry Muskee Band, puis le Muskee Gang. En 1996, le chanteur reforme Cuby + Blizzards et enregistre plusieurs albums pour Munich Records. Le groupe est définitivement dissout en 2011 suite au décès d’Harry Muskee emporté par son cancer. Malgré son manque de succès à l’international, Cuby & The Blizzards figure comme l’une des figures de proue du Blues hollandais.

Note réelle 2,5.

*Titre homonyme à ceux de Freddie Hart, Bobby Womack et Junior Kimbrough.

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- Harry 'cuby' Muskee (chant, harmonica)
- Eelco Gelling (guitare)
- Hans Kinds (guitare)
- Willy Middel (basse)
- Hans Waterman (batterie)
- Henk Hilbrandie (piano)


1. Things I Remember
2. Hobo Blues
3. Just For Fun
4. I'm In Love
5. Gin House Blues
6. Desolation Blues
7. Five Long Years
8. Let's Make It



             



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