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2011 Mama's Back

Ruby ANN - Mama's Back (2011)
Par LE KINGBEE le 21 Octobre 2023          Consultée 323 fois

Originaire de Coimbra, Ruby ANN délivre ici son quatrième opus édité cette fois-ci par Rhythm Bomb Records, maison de disque hambourgeoise spécialisée dans le Rockabilly. Après avoir œuvré pour Lux, Raucous et l’américain Wild Records, la chanteuse change encore de crémerie. Idem pour l’équipe qui l’accompagne : exit les Boppin’ Boozers portugais, remplacés par The Round Up Boys, l’un des backing bands attitrée du label.

Si la chanteuse a tourné dans les plus gros festivals du monde entier, son répertoire se cantonne exclusivement au Rockab et Hillbilly Rock, registres ne lui permettant pas de s’ouvrir les portes des radios et ainsi d’accéder à une audience plus large, les programmes radios spécialisés se comptant sur les doigts d’une main.

Si la Portugaise s’est offert en guise de patronyme le titre d’une chanson Country Pop de Lee Emerson enregistrée en 1962 par Marty Robbins, un titre mineur contrairement à la face A "Devil Woman" qui caracola en tête des hit-parades péquenauds pendant huit semaines, les influences déclarées de la chanteuse se portent sur Patsy CLINE, tristement disparue en mars 63 suite à un accident d’avion en compagnie de Cowboy COPAS et Hawksaw Hawkins).

Le nom des The Round Up Boys, formation déjà entendue auprès de Pep Torres et Cherry Casino, n’a rien à voir avec le célèbre manège, star des fêtes foraines d’antan, mais évoque le mouvement du lasso exécuté par les cowboys lors d’un rodéo. Une dénomination qui plonge l’auditeur au cœur du Rockab mais aussi du Hillbilly.

La gestation de cette galette a été longue comme un jour sans pain, Ruby Ann étant à l’époque en tournée constante sur toute la planète. Enregistré à Berlin au Lightning Recorders, l’album provient d’une première session captée en avril 2010 ; il a fallu quatre sessions supplémentaires en avril et juin 2011 pour que le bébé vienne au monde.

Multi-instrumentiste, arrangeur et producteur, Axel Praefcke apporte dans ses bagages quatre de ses créations : "Knocked Out, No Love" se révèle comme un entraînant Rock' n' Roll, le jeu de guitare reprenant certains plans d’Eddie COCHRAN. On reste sur une lignée similaire avec "No I Won’t Cry", un Rockab up tempo, Michael Kirscht s’offrant de bons passages de gratte hyper limpides. La cadence ralentit considérablement sur "Who’s Been Fooling Me?", une ballade entre Honky Tonk et Nashville Sound idéale pour faire reposer les accus. Dernière compo de l’Allemand, "Love Me One More Time" se révèle plus légère, oscillant entre Rock' n' Roll et un R&B à la Louis Prima, seul titre agrémenté d’un saxophone.

Mais l’échantillonnage des reprises souvent issues d’interprètes féminines vaut le détour. Ruby n’hésite pas à reprendre des titres obscurs : "Mad Mama", une pépite de Rock' n' Roll mise en boîte par Jane Bowman en 61 pour le label Sapien, méritait largement une seconde vie. Si le timbre de la Portugaise lorgne moins sur celui de Wanda JACKSON et se veut moins parodique, elle emporte toutefois tout sur son passage. Une chanson aux paroles percutantes sur la jalousie masculine. Autre obscurité pleine d’entrain avec "Your Mama's Here" de Colleen Frazier gravé en 58 pour le label hollywoodien Fable Records. Ruby Ann peut évoluer comme un poisson dans l’eau dans plusieurs registres, la preuve avec "Many Tears Ago" une ballade Pop popularisée par Connie Francis. Reprise la plus connue, classée à la 7ème place dans les charts en octobre 60, Ruby n’a aucun mal à donner un aspect moins mièvre que celui de la version originale. Nous adressons une mention à "Call His Name", un R&B fulgurant enregistré pour la première fois en 1954 par Christine KITTRELL, épaulée par Little RICHARD. Onze ans plus tard, la native de Music City remet le couvert avec une nouvelle version éditée par Federal et King Records. Ruby Ann nous offre ici une prestation époustouflante, puissante et pleine de verve, dont l’accompagnement n’a de cesse de mettre la chanteuse sur un piédestal. Ce morceau sert de pont entre le R&B et le Rock And Roll fifties.

La chanteuse prouve qu’elle est également à l’aise sur des compositions masculines. C’est ainsi qu’elle délivre une excellente version de "I’ve Heard That Line Before", titre de Johnnie Strickland édité en 59 par Roulette. Si la guitare diffuse moins de réverb que dans la version originale, Ruby Ann parvient à maintenir la tension pour un titre plus ambigu. Elle n’hésite pas à répondre à Carl Gillion, auteur de "Do Right Daddy" enregistré pour le label de Nashville Spade Records avec "Do Right Mama". L’ombre d’Hank GARLAND plane sur le morceau. Un vrai Rockab façonné par une rythmique de métronome et une guitare qui emporte tout sur son passage. Elle revisite complètement "Baby I Don’t Care" d’Eddie Bush, enregistré en 60 pour Phillips Int., label de Sam Phillips. Le titre raccourci prend ici une bonne dose de vitamines et les chœurs guimauves, quasi grotesques, de la version d’origine disparaissent presque complètement. Encore plus obscur, elle reprend "Do You Love Me? " *, un titre du duo Babs & Floyd** enregistré en 56 pour la RCA. Là, Ruby fait preuve d’un humour à toute épreuve, répondant sans compter à Ike Stoye dans le rôle du faire-valoir. Dans une veine Hillbilly Rock, elle s’attaque dans une version plus sérieuse au "I’ll Never Get Rich", une obscurité de Darrell Stadtler & The Paddlewheels gravée en 1964. Ruby et ses sidemen évitent de donner à la chanson un décor trop parodique. Autre chanson issue des abysses, "I’m Gonna Have Myself A Ball" en provenance d’un single Decca gravé par le géorgien Lance Roberts. Les guitares de Stoye et Kirscht propulsent la chanteuse sur de bons rails, ceux d’un Rockab dépoussiéré. Seule interrogation, la rondelle du 45-tours Decca accrédite Boudleaux Bryant comme auteur en lieu et place de Lance Roberts. Avouons qu’il n’y a là pas de quoi s’offusquer, les deux protagonistes ont quitté le paradis depuis des années.

Le timbre puissant, plein de gouaille et délicieusement flexible permet à la chanteuse d’évoluer avec aisance dans des décors variés allant du Hillbilly au Rock' n' Roll, en passant par le Rockab et un R&B énergique. Les arrangements sans fioritures et la qualité d'une l’orchestration vintage font de Mama’s Back le disque le plus abouti de la rockeuse.


*Titre homonyme à ceux de Berry Gordy, Kiss, Nick Cave, Young Jessie.
**Derrière ce duo, se cachent Barbara Cross et Floyd F Wilson.

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- Ruby Ann (chant)
- Axel Praefcke (batterie 1-3-4-5-6-7-8-9-10-12-13-14 guitare 2-4-5)
- Michael Kirscht (guitare1-3-4-5-7-8-9-10-12-13-14, basse 2-11 percu)
- Carsten Harbeck (basse 1-3-4-5-6-7-8-9-10-12-13-14)
- Ike Stoye (chant 10, piano 1-6-7-9-13, guitare 2-3-4-8-11-12-)
- Eric Graffunder (batterie 2-11)
- Lucia Vicente (chœurs 1)


1. Call His Name
2. Knocked Out, No Love
3. Mad Mama
4. Your Mama's Here
5. I've Heard That Line Before
6. Do Right Mama
7. Baby I Don't Care
8. Who's Been Fooling Me?
9. No, I Won't Cry
10. Do You Love Me?
11. I'll Never Get Rich
12. Many Tears Ago
13. Love Me One More Time
14. I'm Gonna Have Myself A Ball



             



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