Il est difficile de délimiter avec précision la discographie de Roland ROMANELLI, entre les albums de variété chez Barclay dans les années 1970, le projet McLane Explosion chez Delphine, les albums de Library Music avec Jannick TOP et Guy BONNET, et les bandes originales et autres collaborations.
Après quatre disques de reprises ou d’Easy Listening, il est souvent admis que Connecting Flight est son premier véritable opus. Cet album est en fait dans la directe continuité de Deeper Zone (1980), quatrième album de SPACE, les deux composés par Roland ROMANELLI et Jannick TOP, et partageant la participation du guitariste Patrice Tison, d’ailleurs également présent sur l’album Paris France Transit (1982) de Didier MAROUANI. La pochette est évidemment un gros clin d’œil à KRAFTWERK.

Ce qui différencie Connecting Flight de Deeper Zone est avant tout la production. Sur l’album solo de Roland ROMANELLI, elle est pour ainsi dire gonflée à bloc, à grands coups de compression, de guitares saturées et de batterie électronique Simmons. Oui, c’est du pur millésimé 1980 ! L’heure n’est pas encore aux synthés digitaux, mais l’esprit y est, celui d’une musique percutante, exubérante. La batterie Simmons est particulièrement mise en valeur sur "The Chase", avec de brèves parties rythmiques passées à l’envers, un effet de style bien d’époque. Patrice Tison se la joue Robert FRIPP à fond sur "Departure", dans cette manière de faire résonner métalliquement les accords de guitare, comme sur le refrain de "Frame By Frame" (1981) de KING CRIMSON – la comparaison s’arrête là. Roland ROMANELLI n’abandonne pas tout à fait les atours Disco, en témoignent les beats nets des morceaux les plus rythmés. En revanche, je trouve les guitares de "The Chase" et de "Passion" beaucoup trop saturées. D’une manière générale, le son de cet album manque de dynamique et lorgne vers du brickwall avant l’heure.

J’apprécie particulièrement les accents funk de "Departure", la tournerie addictive de "The Chase", l’aura dramatique de "The Other Side Of Time" et la cadence effrénée de "Passion", avec quelques touches Cold Wave dans la guitare cristalline à la CURE. "Chain Reaction" dispense une belle mélodie en mode mineur, typique du penchant sentimental de Roland ROMANELLI, mais au demeurant bien rythmée. La seconde face de l’album est étonnement beaucoup plus proche du style de Didier MAROUANI. Roland ROMANELLI va même jusqu’à citer d’anciennes compositions de son ancien comparse : ainsi, le morceau-titre et "Passion" contiennent des revisites, respectivement, de "Fasten Seat Belt" et de "Tango In Space", extraits du premier album de SPACE.

Connecting Flight, album très marqué par son époque, mais plutôt convaincant, a des chances d’intéresser les amateurs de Deeper Zone (1980). Par la suite, Roland ROMANELLI et Jannick TOP vont à nouveau travailler ensemble, en co-signant quatre albums d’illustration musicale : trois chez CBS / April Orchestra ainsi que le projet Sysmo Records Volume 1 (1982) avec Guy BONNET. Toujours placés sous le signe de l’électronique, ces albums sont toutefois plus sobres que Connecting Flight.