Waterloo Terminal constitue une rupture très nette dans la discographie de Tetsu INOUE, qui inaugure ici une seconde partie de carrière plus largement tournée vers l'expérimentation. Ce cinquième effort fait à l'origine partie d'une série intitulée Architettura, produite par l'éphémère label new-yorkais Caipirinha Productions, qui tentait alors d'explorer la synergie entre les mondes artificiels de l'architecture et la musique électronique. Waterloo Terminal constitue le second volume, dédié à l'impressionnante verrière de l'ancienne gare de Waterloo à Londres, œuvre de l'architecte Nicholas Grimshaw. L'artiste japonais a ainsi tout d'abord scanné les plans du bâtiment, avant d'utiliser un logiciel informatique capable de convertir les fichiers d'images en fichiers sons. Le procédé nous semble assez nébuleux mais n'est cependant pas totalement nouveau, puisque s'inscrivant au contraire dans la lignée des partitions graphiques développées par des compositeurs tels que Morton FELDMAN, Cornelius Cardew, Iannis XENAKIS ou encore György LIGETI, à une différence près : les sons utilisés ici ont directement été générés par ordinateur à partir des images, faisant ici office de partitions.

Tout cela donne naissance à un album d'ambient assez vertigineux, uniquement composé de glitchs et de micro-boucles s'enchaînant de manière aléatoire. Seuls les field recordings de "Room FX", peut-être réellement glanés à Londres, nous rappellent vaguement l'ambiance d'un hall de gare.
Le disque se compose de huit pistes de longueur à peu près égale, que rien ne différencie vraiment. En cela, l'écoute de Waterloo Terminal s'avère ardue et on se demande bien où diable Testu INOUE veut en venir. Cependant, après quelques minutes, le cerveau lâche prise et n'essaye plus de comprendre, se laissant porter par ces étranges structures abstraites, flottantes et inssaisissables. C'est très bizarre, mais après tout pourquoi pas.

Malgré tout, Waterloo Terminal ne plaira pas à tout le monde, en premier lieu ceux qui chercheraient à y retrouver les ambiances sereines des disques précédents. Tetsu INOUE expérimente désormais sur des terrains abruptes et il est fort probable que vous laissiez rapidement tomber l'écoute. Difficile aussi de donner une note à un tel album qui, sans nous laisser totalement indifférent, ne donne pas vraiment envie de se le repasser une seconde fois. Mais qui sait ? Le secret est peut-être d'aller tout simplement l'écouter sous la verrière de Waterloo Station et ses poutres métalliques bleues. Une expérience à tenter !

Note réelle : 2,5/5