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CHANSON JAZZ  |  STUDIO

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ALBUMS STUDIO

1966 Bidonville
1967 Petit Taureau
1971 Soeur Ame
1973 Locomotive D'Or
1974 Recreation
1975 Femmes Et Famines
1977 Plume D'Ange

COMPILATIONS

1964 Cécile, Ma Fille

VHS/DVD/BLURAYS

1989 Made In Nougaro
 

- Style : Mouss Et Hakim, Serge Gainsbourg , Bernard Lavilliers , Art Mengo , Michel Legrand

Claude NOUGARO - Femmes Et Famines (1975)
Par RAMON PEREZ le 4 Mars 2024          Consultée 236 fois

Voici un titre énigmatique. Peut-être qu’une obscure biographie éclaire quelque part le sens de ce mystère mais, en l’état, il m’est bien difficile de le comprendre limpidement à la simple écoute du disque. Enfin à moitié, celle des famines. Pour ce qui est des femmes, il n’est pas nécessaire d’aller bien loin tant le thème irrigue en effet cet opus. Rien de surprenant lorsqu’on se penche un peu sur la vie de NOUGARO, homme qui a connu plusieurs muses. Cet album est celui de sa troisième, Marcia la Brésilienne qu’il vient de rencontrer et qui le fait pétiller. Mais c’est aussi encore un peu celui de la deuxième, Odette, quelques temps après leur séparation à l’issue de plusieurs années de mariage. Il lui consacre l’une de ses chansons les plus ouvertement personnelles, à l’évidence une des plus grandioses lettres de séparation jamais mises en musique.

Mais l’heure est au Brésil. Ce n’est pas neuf chez lui, plusieurs morceaux précédents étaient très directement influencés par les airs de là-bas. En ce milieu de décennie, c’est clairement ce qui l’intéresse le plus. Ses concerts font la part belle à ces musiques tandis qu’il se rapproche de BADEN POWELL, dont il avait déjà repris un air pour son "Bidonville". Il paraît d’ailleurs que Marcia était une ex de ce dernier, mais il semble qu’il n’en ait pas tenu rigueur à NOUGARO puisqu’il joue sur l’un des morceaux les plus marquants du disque, le bien nommé "Brésilien". Ce morceau solaire déchire en début de seconde face l’atmosphère par ailleurs assez homogène et peu lumineuse de l’album, par ce tempo bien plus rapide et ses traits de guitare frénétiques.

C’est comme une sorte d’éclaircie au milieu d’une journée grise et pluvieuse. Mais il ne faut pas prendre cette image d’un regard sudiste ; plutôt à l’irlandaise ou, paraît-il, à la bretonne. Je veux dire que la pluie a sa poésie pour peu que sa forme varie d’une heure à l’autre, alterne avec les accalmies, les brises et bourrasques (et donc parfois le Soleil) comme dans ces contrées où l’on dit "tu n’aimes pas le climat d’ici ? Attend cinq minutes !". Cet album est musicalement beaucoup plus orienté que ses comparses vers un son épuré largement dominé par le piano, ce qui ne l’empêche pas d’être magnifique. NOUGARO connaît bien maintenant son Maurice Vander et inversement. Cela fait longtemps que les deux jouent ensemble, aussi ce disque paraît être un aboutissement créatif de cette complicité. C’est pratiquement du piano-voix sur la plupart des pistes (sauf "Brésilien" donc, où il n’y a pas de clavier), même s’il est régulièrement agrémenté de couleurs supplémentaires (l’accordéon sur le premier morceau, un peu plus loin une guitare électrique, ailleurs de subtiles percussions).

Alors, profitons de l’occasion pour parler un peu plus de Maurice Vander. Ce nom de famille dira bien sûr quelque chose aux amateurs de MAGMA et il y a effectivement un lien puisque Maurice est le père de Christian. Pianiste dans les clubs parisiens des années 50, c’est-à-dire en pleine période jazz dans la capitale, il croise et accompagne un paquet de sacrées signatures de l’époque. L’histoire a retenu Django au milieu des probables centaines que cette décennie de rat de cave l’a fait côtoyer. Et puis, il rencontre NOUGARO un peu avant l’éclosion de ce dernier. Ils ont le même âge et vont faire un sacré chemin ensemble, construisant ensemble l’œuvre majeure qui nous occupe. Maurice est largement plus qu’un pianiste d’orchestre. Il compose de nombreux morceaux (pratiquement la moitié de Femmes et famines), en arrange d’autres et dirige quelquefois l’orchestre. C’est clairement un pilier sur lequel Claude a su s’appuyer pour évoluer, notamment après l’époque Michel LEGRAND. En tant que simple pianiste, c’est d’un sacré niveau, largement supérieur à ce que l’on connaît habituellement dans la Chanson et la variété. Il ne l’étale pas à chaque fois, loin de là. Mais, cet album le mettant en avant, il en profite pour se lâcher et livre plusieurs partitions mémorables, parfois même impressionnantes.

Revenons à Femmes et famines, album comme je le disais essentiellement construit en piano-voix. Ce qui mécaniquement laisse une plus grande place qu’ailleurs au piano, mais aussi à la voix. NOUGARO en profite superbement. Dans d’autres disques, la profusion orchestrale l’amène parfois à en faire beaucoup, voire trop. Le choix de l’accompagnement limité l’amène ici vers davantage de retenue ; il en est d’autant plus émouvant. Il ne faut pas attendre longtemps pour s’en rendre compte tant le premier morceau en est un superbe exemple. Vraiment, quelle magnifique ouverture que cette "Ile de ré", en ré mineur bien-sûr ! Très belle écriture, superbe construction, magnifique coloration. Par la suite, Claude varie les registres avec sa classe habituelle, sa voix qui n’appartient qu’à lui, habitée, puissante, bouleversante.
Femmes et famines est clairement un des sommets du NOUGARO chanteur, de la même manière qu’on l’a noté pour le VANDER pianiste.

Le NOUGARO écrivain n’est pas en reste non plus, avec une flopée de textes impeccablement ciselés. La première face est donc largement consacrée aux femmes, probablement à ses femmes. Les chansons racontent l’excitation de la rencontre, les grands moments vécus ensemble ensuite. La normalisation des rapports aussi, la rupture enfin. Elle se termine par la lecture de la lettre ouverte de Julos BEAUCARNE à la suite du meurtre de la compagne de ce dernier, sonnant comme une synthèse du propos de NOUGARO en conclusion de cette première face : "il faut s’aimer à tort et à travers". Saisissant.
L’autre partie de l’album est donc celle des famines. Il est pourtant question de soif dans le poème songeur qui l’ouvre, déclamé sur des sons étonnemment angoissants, rendant d’autant plus appréciable l’apparition du soleil brésilien dans la foulée. La fin du disque, assez paradoxale, semble plus aventureuse bien que ce soit là qu’on retrouve les adaptations de standards jazz, habituelles dans les albums du Toulousain. Il s’y trouve quelques passages qui me perdent un peu et m’empêchent de sortir la cinquième étoile pour cet ouvrage par ailleurs d’un sacré niveau.

Femmes et famines débute une nouvelle période dans la carrière de Claude NOUGARO qui court désormais pour Barclay. Mais, artistiquement, il s’inscrit franchement dans la continuité de ses autres albums des années soixante-dix dans lesquels le chanteur a décidément gravé un ouvrage majeur.

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   RAMON PEREZ

 
  N/A



- Claude Nougaro (chant)
- Maurice Vander (piano)
- Luigi Trussardi (contrebasse)
- Charles Bellonzi (batterie)


1. Île De Ré
2. Ma Femme
3. Mademoiselle Je N'en Crois Pas Mes Yeux
4. Odette
5. Lettre De Julos Beaucarne
6. Le Chant Du Désert
7. Brésilien
8. Gloria
9. Perle Brune
10. Yapad Papa



             



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