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1981 To Each....
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A CERTAIN RATIO - To Each... (1981)
Par K-ZEN le 27 Avril 2024          Consultée 447 fois

Et en 1982 donc ?… [Modulo un an]

Contre toute attente, To Each... accompagné de ses trois énigmatiques points de suspension ne constitue pas le réel premier album studio gravé par A CERTAIN RATIO. The Graveyard and the Ballroom le précède en effet de peu, sortie ou plutôt compilation schizophrène constituée à la fois de démos et d’un enregistrement live capté au Electric Ballroom de Londres en octobre 1979. Uniquement distribué en cassette, il ne fut pas réédité depuis.

Peu de temps auparavant, A CERTAIN RATIO avait inauguré en grandes pompes le label Factory via son premier single All Night Party. Les cinq mille exemplaires s’écouleraient rapidement, l’enthousiasme débordant d’un Tony Wilson endossant le rôle de manager trouvant sa pleine confirmation.

A CERTAIN RATIO est donc une histoire typiquement mancunienne. Au départ simple duo articulé autour du chanteur Simon Topping et du guitariste/claviériste Peter Terrell, le groupe double sa consistance assez rapidement avec les arrivées du bassiste Jez Kerr et du guitariste/trompettiste Martin Moscrop, deux membres appelés à acquérir le statut de noyau dur du collectif. Après un an sans batteur, Donald Johnson devient le préposé aux fûts à l’instant où John Peel leur propose de participer à ses fameuses sessions.

Ayant déjà commencé à jeter des ponts entre post-punk industriel et funk d’après Tony Wilson, ils ouvrent fin 1979 pour TALKING HEADS, une prestation qui aurait apparemment donné des idées à BYRNE et sa bande. Ils enregistrent ensuite le génial single Shack Up en juillet 1980 avant de passer en sextet – tiens, tiens… – avec l’arrivée de la chanteuse Martha TILSON, Topping ne prenant plus en charge les voix.

C’est ce personnel qui s’embarque pour le New Jersey, le producteur Martin Hannett les accompagnant, avec l’objectif de graver To Each…, le disque sortant finalement courant mai 1981 et dont la critique s’avère fraîche, AllMusic lui reprochant la récupération d’un témoin laissé vacant par Ian Curtis. Une mystérieuse Ann a conçu sa jaquette, une peinture via laquelle s’exprime un contraste certain : une trompette colorée échappée d’une fenêtre verdoyante surplombant de jeunes hommes nus qui se dirigent vers un destin incertain voire funeste, concrètement matérialisé par un ciel sombre et lourd. Pour chacun… Oui, peut-être. Mais quoi ? Un dû qui sera payé à chaque homme ?

L’arrière ne présente plus qu’un simple garçonnet habillé prenant la poudre d’escampette. Le mystère est renforcé par deux photographies disponibles à l’intérieur de l’objet. On peut y apercevoir un poste de commandement désert si ce n’est un phonogramme puis quatre officiers anxieux, regardant autour d’eux sans s’apercevoir que quelqu’un les observe depuis sa fenêtre. Les brassards semblent avoir été noircis, ne laissant toutefois que peu de place au doute quant à l’appartenance idéologique des gradés. Après tout, un autre groupe au nom évocateur était bien hébergé sur le même label.

Il faut une bonne minute pour fixer les idées, tout juste le temps nécessaire permettant de s’abandonner à ces visions hallucinées mêlant froid et effroi. Et puis la basse surgit, tel un renard sismique sur la banquise, suivie d’une voix en écho, articulant borborygmes difficilement déchiffrables. "Felch" manifeste son existence via une danse robotique presque déshumanisée et vidée de sa substance, remplacée par de la matière semi-vivante. Le statique "Forced Laugh" s'oppose aux plus rapides "Choir", "Loss" et "Oceans", autant de cartes postales d’un voyage en terre impitoyable, où des cuivres plaintifs rompent parfois le silence relatif, autant de cris venant du glacial et de l’obscurité, un "Back to the Start" plus percussif et world music peinant même à réchauffer quelque peu l’atmosphère.

Et l’auteur irlandais repensa que chaque homme devait être payé selon son dû tout en se versant un whisky. La bague, tout en entrant en contact avec le verre de la bouteille, produisit un éclat aveuglant sur la fenêtre. Dans le juke-box, "Winter Hill" égrainait ses douze minutes tribales entre drone et krautrock, brouillard hypnotique recouvrant le port à tel point qu’on ne pouvait plus distinguer clairement le bateau s’en éloignant peu à peu.

Sous le titre de l’ouvrage, en page de garde, une écriture inquiétante et précipitée avait gravé deux mots sans ponctuation.

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   K-ZEN

 
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- Jez Kerr (basse, chant)
- Peter Terrell (guitare)
- Simon Topping (trompette, percussions)
- Martin Moscrop (trompette, guitare)
- Donald Johnson (batterie)
- Martha Tilson (chant)


1. Felch
2. My Spirit
3. Forced Laugh
4. Choir
5. Back To The Start
6. The Fox
7. Loss
8. Oceans
9. Winter Hill



             



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