Recherche avancée       Liste groupes



      
VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  B.O FILM/SERIE

L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Membre : Bande Originale De Film

Vladimir COSMA - Calomnies (mocky) (2014)
Par MARCO STIVELL le 12 Mai 2024          Consultée 245 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Si Jean-Pierre Mocky se contente de deux films par an, il est déjà un peu plus facile à suivre ! En tout cas, c'est un rythme auquel on s'habitue désormais et, ceci dit de manière très anachronique, pour le peu de temps qu'il reste.
Après les deux polars de 2013 d'une facture plus que convaincante, le réalisateur le plus atypique et affranchi du cinéma français propose Le Mystère des Jonquilles en 2014, dans le même ton mélangé un peu avec celui du Mentor (2012), puisque Mocky en détective aristocrate tombe sur une jeune femme (jouée par Laura Mélinand) accusée du meurtre de son patron qui la martyrisait et va tout faire pour la défendre, aux côtés d'Isabelle Nanty et face à un indéboulonnable et intriguant Richard Bohringer. Vladimir COSMA de son côté nous égaye d'un air d'opérette au féminin, parfois repris aux cordes seules ainsi que d'un ou deux moments forains, sans chercher plus loin. On remarque aussi que Mocky à l'époque aime bien tourner à Saumur (Maine-et-Loire, 49), là où il est bien accueilli dira-t-on, certes mais avec de beaux décors sous la main, ainsi que du côté Poissy/Saint-Germain-en-Laye, soit l'ouest 'très aisé' du pourtour parisien.

Déjà plaisant et rempli des clichés habituels (Jean Abeillé tenant le rôle d'un fou du roi-narrateur), Le Mystère des Jonquilles est suivi la même année par Calomnies, un des meilleurs films politiques de Mocky, à voir même si avec un peu moins d'enthousiasme que Vidange (1998). Le casting y est moins dingue que celui du Une Nuit à l'Assemblée Nationale (1988), mais il y a tout de même le vétéran Guy Marchand en ministre, le très sympathique Philippe Duquesne en cadre de la Cour des Comptes. Et puis le clou, c'est tout de même d'avoir, pour les protagonistes, réuni Marius Colucci (jeune député provincial fraîchement élu qui tient à mener une politique 'propre'), l'un des fils de Coluche donc au look rappelant fichtrement un certain président français alors en exercice, et Agnès Soral qui joue de ses atouts féminins de façon notable en secrétaire de Guy Marchand et du haut de ses presque 55 ans ; soit à peine trente de plus que lorsqu'elle avait débuté en fille perdue et rockeuse du Paris populaire dans le sombre et superbe Tchao Pantin de Claude Berri en 1983, aux côtés dudit Coluche père.

Le reste de l'intrigue, on s'y attend, est articulé autour de ce que veut faire Marius Colucci, au grand dam des corrompus Guy Marchand et Agnès Soral, ces derniers faisant appel à Mocky, type mystérieux qui travaille de près avec une alliance chinoise mafieuse, brise des réputations et fait tomber toutes les têtes 'sauf celle de l'abbé Pierre, car personne ne le lui a demandé' ! Dans les moments d'ailleurs dédiés, une maison où Mocky est entouré de sbires et jolies jeunes femmes en costume traditionnel, on remarque que là où tout est censé nous évoquer la Chine, en fait musicalement, on voit et entend un koto, instrument japonais magnifique et propice à la plus grande contemplation/méditation. Les clichés comme les accents sont forts, mais quitte à mélanger tout et tromper un public qui n'y verra que du feu, avec Mocky on n'est plus à ça près ! Néanmoins, on remercie Vladimir COSMA de veiller à ce que ces moments-là ne soient pas trop courts, juste faits pour être entendus en passant ; ils durent un peu, et c'est déjà beaucoup !

De la même façon, le générique de début n'est pas aussi vite expédié que dans certains films même de qualité comme Le Mentor (2012). De quoi permettre d'apprécier une grande valse mélancolique aux cordes, avec des violons très chantants dédoublés en rythme, même si le COSMA des années 2010 première moitié, presque entièrement dévoué à Mocky, s'est plutôt bien enfermé dans ce style. À noter, pour la scène de crime suivant le 'suicide' du ministre au début, le passage audio d'un vieux slow type fin d'été à la mer au tournant seventies/début eighties qui évoque les B.Os lointaines du maestro, lui qui a dominé le genre avec les mieux connus "Reality" pour La Boum et "Destinée" pour... Guy Marchand tiens, et Le Père Noël Est une Ordure, bien sûr ! Peut-être est-ce cela qui a aussi manqué à la carrière de Mocky, des tubes d'un calibre qui n'aurait pas pourtant éclipsé celui de ses films chargés ni leur impact, chose à laquelle seule "Backdoor Man" par Viktor LAZLO pour À Mort l'Arbitre (1984) avait pu prétendre.

Pour Calomnies, ce qui retient l'oreille encore, c'est qu'il n'y a pas que de la valse précieuse, déjà un peu plus 'roulante' lors du gala des politiciens : déjà elle s'enrichit de fanfare et rythmique, accordéon à l'appui, pour le final et le dernier générique pour la fête de 'village' (on est toujours en Anjou/Maine-et-Loire, du côté de Saumur/abbaye de Fontevraud). Outre les fanfares justement de rigueur chez Mocky quand Colucci est élu, on note les quelques musiques foraines au parc d'attraction où Guy Marchand se retrouve, notamment pour accompagner une séquence mémorable de train fantôme. Et comme souvent, le clergé en prend pour son grade lors d'une fête de charité, avec "Avance Puisque Jésus T'aime", sans guitare mais accompagné d'un piano en notes noires, le genre d'hymne folk très/trop entêtant qui remplit bien son rôle, chanté par une actrice.

Quelques petits rajouts comme la mandoline du restaurant italien ou la flûte traversière soliste de l'enterrement ministériel sont à retenir car ils s'insèrent bien dans le lot et font très Mocky à l'ancienne. Mais on ne saurait passer non plus, et guère davantage que pour Le Renard Jaune (2013), à côté des interludes romantiques au piano qui cette fois agrémentent les scènes réservées au couple malicieux et débridé qu'incarnent Agnès Soral et Guy Marchand. Petites richesses bienvenues et mieux marquées que d'ordinaire, qui renforcent l'intérêt de ce film, dernier vrai de Mocky dans le style, en tout cas à retenir mieux que la grosse bouffonnerie Votez Pour Moi (2017).

A lire aussi en VARIÉTÉ FRANÇAISE par MARCO STIVELL :


Eric DEMARSAN
La Candide Madame Duff (mocky) (1999)
Le parapluie de Cherbourg




Claude FRANÇOIS
Le Monde Extraordinaire De Claude Francois (1970)
Cloclo chante pour les enfants


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Vladimir Cosma (compositions, orchestrations)


Non disponible



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod