Si elle obtient la renommée et le soutien de BEYONCE dès son premier album, Ella Yelich-O'Connor - plus connue sous son nom de scène LORDE - se laisse tout de même quatre années avant de revenir avec Melodrama, son deuxième album sorti en 2017 qu’elle produit principalement aux côtés de Jack ANTONOFF. La chanteuse néo-zélandaise n’est plus la petite ado mystérieuse qu’on a connu sur Pure Heroine, désormais c’est une jeune adulte de 21 ans qui évolue de manière significative tout en conservant cette originalité qui nous a tant plu à ses débuts.

Melodrama, c’est l’étape de la maturité artistique pour LORDE : les compositions sont toujours plus riches, l’exploration lyrique est toujours plus profonde, la chanteuse grandit et sa musique prend en maturité. Le morceau d’ouverture "Green Light" débute doucement au piano avant de poursuivre sur un beat électro-pop triomphant dont le rythme palpitant ajoute une dimension épique.

Le sentiment de liberté et d’euphorie est présent tout au long du projet, capturés parfaitement par des chansons au tempo subtil et entraînant comme sur l’intensité superbe de "Sober" et de ses cuivres, sur la synth-pop dynamique de "Supercut" ou encore sur le single "Perfect Places" qui conclut l’album sur des arrangements de percussions et de synthés festifs avec cette idée de trouver un refuge dans ce monde plein de tumultes qu’est le passage vers l’âge adulte (I hate the headlines and the weather/I’m nineteen and I’m on fire/But when we’re dancing, I’m alright/It’s just another graceless night).

C’est une chanson parfaite pour terminer le projet grâce à une production ultra-accrocheuse comme on l’a déjà vu dans le single "Homemade Dynamite", un véritable point fort de l’album marqué d’un refrain entêtant (Our friends, our drinks, we get inspired/Blowing shit up with homemade dynamite) et d’une atmosphère saisissante, dont le remix du titre avec KHALID, SZA et Post MALONE est une sacrée belle réussite où chacun parvient à garder leur identité tout en évoluant dans l’univers musical de LORDE.

"The Louvre" ralentit légèrement le tempo tout en maintenant l’intensité émotionnelle avec des paroles décrivant une relation passionnée, à la Taylor SWIFT (But lover, you’re the one to blame/All that you’re doing/Can you hear the violence?/Megaphone to my chest/Broadcast the boom, boom, boom).

On retrouve le côté plus vulnérable de LORDE sur les arrangements minimalistes de piano-voix comme sur le titre poignant "Writer In The Dark" et "Liability" (The truth is I am a toy that people enjoy/’Til all of the tricks don’t work anymore/And then they are bored of me). La fusion des deux chansons "Hard Feelings/Loveless" vient explorer des territoires sonores riches, d’un côté les nappes de synthés pleines de texture sur la première partie avant de se transformer en deuxième partie sur un beat plus pop. Sur "Liability (Reprise)" l’atmosphère subtile se fait ambient alors que "Sober (Melodrama)" renforce le côté théâtral grâce à des arrangements puissants (And the terror and the horror/God, I wonder why we bother/All the glamour and the trauma/And the fucking melodrama).

Melodrama est, selon moi, un exemple du talent brut de LORDE : elle a la capacité d’évoluer et de se réinventer tout en restant fidèle à sa vision artistique en offrant un album incontournable et raffiné pour les amateurs de pop alternative. Avec ses productions électro-pop habituelles et sa voix si expressive, elle parvient cependant encore et toujours à créer l’inattendu.